Ecosse: Inverness et les Highlands

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Ecosse Inverness et les Highlands
   

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Sommaire

   
Introduction
Le départ attendu
Achnashelach
Le lac Fada
Carnmore
Shenavall
Au sommet d'un Monroe
Adrien d'Ecosse
Conclusion
Annexe: logistique

Introduction

Voilà six ans que nous avons passé une semaine sur l'ile de Rum. En revenant de cette semaine d'immersion j'avais acquis la certitude que nous reviendrions en Ecosse, fouler à nouveau cette terre sauvage et chargée d'histoire. Chacun a ses propres obligations, et trouver un temps commun pour fuir notre quotidien simultanément a mis ce projet et cette idée en attente. Pour autant, de temps à autre, nous abordions le sujet. Et puis cette année, le moment était venu de reformuler un projet commun. L'idée est abordée sérieusement dès l'été dernier. En janvier l'aventure se met en route. Vincent en tete de peleton, en locomotive de groupe, est déjà investi dans la lecture des magasines, des atlas, et des sites spécialisés pour identifier un panel de possibilités. La première contrainte était de formuler la forme à donner à cette aventure. Après réflexions et mises en commun de nos préférences, nous en venons avec évidence au souhait de se retrouver dans un milieu naturel sauvage, loin de la foule et de la facilité. Après avoir répertorié différents sites d'Europe, l'Ecosse s'impose naturellement comme la destination de prédilection tant les Highlands apparaissent comme un des lieux de notre continent les plus proches de nos attentes en terme de milieu, de conditions d'isolement, et de géomorphologie. Le gros du travail était ensuite à réaliser. La destination choisie, il restait encore à définir le lieu précis. C'est encore Vincent qui a passé des heures et des heures sur internet, sur les cartes, pour élaborer un itinéraire cousu main. Le parcours défini ne sera donc pas une randonnée tracée sur les cartes, mais un itinéraire individualisé qui laissera avant le départ quelques incertitudes sur les possibilités de réalisation. Tout est prêt a présent pour préparer la logistique et l'organisation du voyage. Nous atterrirons à Inverness, pour rejoindre en train le point de départ de notre randonnée, à Achnashelach. A partir de là, nous serons voués à de nombreuses inconnues. La première étant la faisabilité du tracé, sans quoi il faudra adapter notre course afin de respecter nos impératifs de délai. La seconde sera les conditions météorologiques: pluie, froid voir neige, sont des éléments auxquels il faudra se confronter. Il reste donc la dimension de l'inconnu. Pour le reste nous sommes prêts à relever le défi. Nous revoici plongés sur un terrain de jeu que nous avons parfois l'impression d'avoir abandonné, tout au moins mis entre parenthèse. En revenant aux sources de notre histoire du voyage, chaussures de randonnée aux pieds, sac sur le dos, et carte en main, nous préparons ce projet commun avec une émulation qui marque la date de départ comme un gros point rouge dans le calendrier; un gros point rouge que nous attendons avec impatience. Le matériel est testé et réuni, les kilos de lyophilisés attendent dans les cartons, le plan plastifié de la région est déplié sur la table, les billets d'avions et de trains sont dans la poche; le rendez vous est pris. Ce sera à Bordeaux, pour le décollage...

Le départ attendu

Jour1:
Stephane et moi avons dormi chez Nicolas. Nous partons donc tout les trois pour l'aéroport de Mérignac depuis Bordeaux. Vincent et Thierry nous rejoignent là bas. Après une longue période de préparatif et d'attente nous voici enfin réunis pour le départ. Un premier vol nous emmènent à Luthon où nous faisons une escale de 2h30. La température est plutôt douce, et le soleil bien présent, ce qui ne manque pas de nous étonner. A l'enregistrement nos sacs sont hors gabarit et doivent être acheminés via un contrôle particulier. Le couteau que j'ai à l'intérieur de mon sac attire l'attention des douaniers. Ils sont 4 à graviter autour. L'un d'eux passe un appel téléphonique. Au final on le laisse passer, mais en me recommandant de ne pas me promener avec en ville, sans quoi je risque la prison: Je suis en possession d'une arme blanche. Bien compris monsieur! Un second vol doit nous permettre de rejoindre le nord de l'Écosse. En direction des Highlands, nous volons à une altitude moins élevée, et aucune barrière nuageuse nous empêche de suivre l'évolution et l'étendue du relief. Quelques collines et sommets écrasés par la perspective laissent refléter la neige. Un long virage à droite et le sol de terre brune laisse soudain apparaître de larges canyons. Au lointain apparaît une chaine de montagne telle une immense vague qui se forme; une vague sortie d'un imaginaire nourri d'événements dramatiques récents survenus au Japon. Nous atterrissons sur le sol de l'aéroport d'Inverness. Sortis de l'avion nous constatons que la température est aussi clémente qu'à Londres, bien que plusieurs centaines de kilomètres nous en séparent. Nous avons préparé et abordé ce voyage en envisageant des conditions météorologiques défavorables, et nous sommes en arrivant confrontés à la douceur printanière. La neige était attendue la semaine passée, et aujourd'hui le soleil nous contraint à nous mettre en tee shirt. La difficulté qui en découle est que les sacs 
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sont chargés à bloc. Nous avons tout prévus avec l'hypothèse de porter sur nous les différentes épaisseurs de protection contre le froid, le vent et la pluie. Avec ces conditions, il n'est évidemment pas question de cela; tout le matériel ne rentre pas dans les sacs! Comme un anticyclone est prévu pour demain et les jours à venir, il va falloir adapter une solution.
En attendant nous gagnons l'hôtel, et prenons place dans le dortoir réservé, puis filons en ville. Des magasins de matériel outdoor encore ouverts nous permettent d'acheter les cartouches de gaz nécessaires pour la semaine. Nous sommes devant le matériel comme des enfants devant un étalage de bonbons. Le paradis des marcheurs s'offre à nous, avec des soldes et des offres promotionnelles comme il n'en existe pas chez nous sur ce genre de produits. Une petite balade en ville nous permet de découvrir un centre inanimé aux vitrines fermées (nous sommes samedi, en fin d'après midi). La lumière renvoie des couleurs chaudes. De nombreuses églises alimentent les discussions sur le role de l'état envers le patrimoine religieux. Nous grimpons en quelques enjambées devant les murs du château. La vue sur la ville est en partie occultée par des bâtiments modernes. A droite la mer, au nord des espaces vierges, boisés, qui demain seront notre terrain de marche. Inverness jusqu'à présent ne nous plonge pas dans une atmosphère de bout du monde, et ne nous offre pas la sensation
d'une porte d'entrée vers une nature sauvage. L'après midi se passe, et la température reste correcte. Nous cherchons longuement un pub traditionnel dans lequel boire une pinte et manger un bon plat chaud. Nous trouvons difficilement notre bonheur, nous installons autour d'une table, les discussions rythmées par les accords et les chants un musicien folk. La nuit tombe bien plus tard que ce que nous imaginions. Nous quittons le pub pour un autre, dans lequel Stephane et Thierry enfilent les whisky. Je me contente de pintes de bière. Nous discutons un moment avec deux française robustes face à l'alcool, avant de décider raisonnablement de rentrer nous coucher.
Cette première journée donne le ton du voyage avec de nombreux fous rire. Un peu d'excitation de se retrouver ici ensemble nous laisse aller à oublier parfois notre entourage, ce qui en d'autres circonstances ne nous aurait pas paru convenable. Qu'importe! Légèrement alcoolisés nous gagnons donc notre dortoir dont le dernier lit non occupé est recouvert par les affaires de randonnée. C'est du moins le cas jusqu'à ce qu'un anglophone arrive et s'installe en dessous de mon lit. Mon voisin ne tarde pas à s'endormir mais également à nous empêcher de dormir par des ronflements puissants. Nous sommes pris d'un nouveau fou rire. La nuit débute difficilement d'autant que Stephane, dans un sommeil profond, défie le nouvel arrivé ...
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Achnashelach

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Jour2:
Au final le lit est confortable mais la nuit est écourtée par la lumière et les nouveaux ronflements matinaux. La grande organisation peut débuter. La dernière douche avant une semaine est de bonne augure. Le dortoir est étroit; ce qui rend les préparatifs de sacs un peu laborieux. Nous répartissons le matériel commun de façon à optimiser le volume, répartir les masses, et surtout faire en sorte que tout puisse entrer. Nous allons prendre un bon breakfast puis pressons le pas pour faire des achats de nourriture pour déjeuner. Nous récupérons les sacs chargés à bloc, laissés à l'hôtel, puis allons à la gare. Tout est concentré dans un petit périmètre. Quai numéro 15, direction Achnashellach. A 11h tapante, le train démarre en direction du nord. L'aventure commence. Le paysage se vallonne. Moutons et chevaux paissent les prairies, les canards se baignent dans les cours d'eau. Le relief se resserre. Au bout d'une heure les collines pelées s'étirent et se rapprochent. Nous roulons au milieu de terres brunies. Les forets disparaissent, et les lochs qui se multiplient reflètent le relief boursouflé. Des rivières s'écoulent en sillons le long de tourbes spongieuses. Les premiers névés forment des taches blanches sur les versants. Voici Achnashellach: le train s'arrête à la gare. Pas de hall, pas de guichet, pas de toilette. Seulement un petit abri avec un banc, et un panneau 
signalant l'arrêt. Nous mangeons les barquettes de pates achetées au supermarché d'Inverness puis mettons les sacs sur le dos, avec l'envie de débuter la marche. Bonne nouvelle, le temps est exceptionnellement beau, ce qui confirme la météo d'hier. Mauvaise nouvelle, le temps est exceptionnellement beau, et tout le matériel contre les humeurs du climat sont tassés dans les sacs, et portés sur nos épaules. La randonnée est ouverte. On attaque par un chemin de pierre qui grimpe dans un milieu pelé. Le sentier longe une rivière qui s'étire sur un fond clair et photogénique. Le décors bucolique évoque des grands espaces Canadiens plantés de pins. On s'élève jusqu'à un col, à 400 mètres d'altitude, qui embrasse une vue lointaine sur les collines et les vallées qui nous attendent. Nous sommes déjà bien perdus et esseulés malgré la présence de deux ou trois randonneurs. Le soleil chauffe, les épaules aussi. Un petit pont de bois enjambe un torrent d'où coulent de belles cascades. Un arrêt s'impose sur ce site reposant et apaisant. Nous sommes venus chercher une nature  vierge; nous y voici déjà plongés. Une petite cabane au toit vert abrite du matériel de forestiers. L'eau qui s'écoule perpétuellement, le minéral, les arbres et le bois mort figé donnent une atmosphère de grands parcs californiens. Un ours ne pourrait-il pas surgir derrière ce vallon? Le chemin rejoint une piste de 4*4 qui longe une ligne de niveau . Nous avançons rapidement sur ce tronçon. Dans une large vallée où coule une nouvelle rivière, nous faisons une ultime pause, étudions les cartes afin de planifier une zone de bivouac. Encore une colline à gravir pour atteindre un plateau au dessus d'une foret. Nous nous séparons afin de trouver un sentier qui se perd entre les arbres. Nous suivons un semblant de trace qui se dessine et gardons le cap à l'orientation. Le temps est sec, et heureusement car la montée est humide. Un pas mal ajusté et chploufff....mon pied s'enfonce dans une boue noire jusqu'au mollet. Le plateau s'avère impraticable pour planter les tentes car bosselé, venteux et très humide. Il faut poursuivre, enjamber des clôtures qui délimitent une grande plantation forestière. Nous dévalons une zone déboisée, au milieu des souches et des touffes spongieuses. Vincent suit la piste et nous rejoint au pied de la plantation, le long d'un cours d'eau. La journée commence à être longue d'autant que le terrain est parfois difficile. Les jambes deviennent lourdes et les épaules douloureuses. Le sol est toujours impraticable, trop humide pour installer notre bivouac. C'est un peu plus loin, au bord de la rivière, sur une bande d'herbe verte que nous trouvons une zone praticable, après 6 heures de marche en terrain difficile. Il est 19 heures passé, et il fait encore bien jour. La température est inespérée. Des sommets nous entourent, la rivière nous berce.
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Du bois sec en grande quantité, le feu est déjà allumé, à peine les tentes montées. Une journée intense et condensée pour un bivouac tel qu'on l'imaginait, dans un cadre superbe. Les réchauds fonctionnent à plein gaz pour faire bouillir l'eau de la rivière et réhydrater nos sachets de nourriture lyophilisée. Lorsque la nuit tombera, nous ne tarderons pas à gagner nos matelas pour récupérer des efforts de la journée.
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Le lac Fada

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Jour3:
La nuit a été parfaite: Je n'ai ni eu froid, ni été réveillé inopinément. Une petite averse survenue en pleine nuit ne m'aura même pas sorti du sommeil. Je n'ai pas de souvenir d'une aussi bonne nuit en bivouac. Nous nous levons vers 8h. Je renonce à me laver dans la rivière malgré l'intention de m'asperger d'eau froide. Nous préparons les petits déjeuners et plions les tentes. Le ciel est un peu voilé mais la température est toujours douce. Les sommets s'embrument légèrement. Le terrain de départ est difficile à identifier. Il faut marcher dans des branchages et un sol mou avant de retrouver le sentier qui longe la rivière. Nous atteignons Kinlochewe, seul village de notre itinéraire. Une grosse pluie sévit alors que nous sommes abrités sous un abri de bus, ce qui nous incite à sortir les couches imperméables. Nous profitons de l'épicerie du village pour nous ravitailler pour le midi, comme nous l'avions prévu. Étant donné le temps d'aujourd'hui, nous décidons de modifier le tracé de la marche afin de suivre un itinéraire moins boueux, moins difficile et donc moins long en temps et moins énergivore. Afin de rejoindre l'entrée du gigantesque loch Maree, nous empruntons une piste qui part vers l'est au lieu d'un passage vers l'ouest. La large piste de terre et de pierres nous permet d'avancer à un rythme soutenu, sans dénivelé. Le paysage est riant, aux prairies vertes où paissent des moutons au pelage lisse. Je me retrouve un peu en Irlande, entouré par les sommets du parc national des MacGilly Cuddy's Reeks. Après la pause déjeuner nous poursuivons, passant des baraquements près desquels trois chevaux curieux viennent chercher des caresses. En liberté mais pas sauvages! A partir de là nous entrons dans le Great Wilderness, autrement dit un territoire référencé comme un des plus sauvage d'Écosse, et certainement d'Europe. Nous pénétrons dans une zone vierge d'habitation où il n'y aura plus d'alternative de sortie. Nous foulons un sentier propre et largement tracé, grimpant progressivement sur le flanc d'une vallée au fond de laquelle coule une rivière. Des passages plus pentus demandent 
des efforts supplémentaires. Aujourd'hui les cuisses sont plus lourdes, et le sac ne semble pas allégé des quelques centaines de grammes de nourriture consommée, bien au contraire. Le temps est clément mais il faut gérer les alternances entre les zones abritées du vent où nous transpirons rapidement, et les zones exposées où le vent glace les corps mouillés.
Nous grimpons à 300 mètres environ puis suivons des bosselages qui trompent et nous laissent croire sans cesse que nous sommes au col. De la végétation brune, de l'herbe jaunie, des cailloux et des rochers protubérants sur un sol gorgé d'eau constituent notre environnement. Des collines, des sommets plus escarpés, des sillons dessinés par les cours d'eau: tout autour n'est que paysage sublime, vaste, désolé. Il faut encore marcher un long moment avant d'atteindre deux lacs qui se succèdent sur une même ligne de niveau. Enfin apparaît alors l'immense lac Fada. C'est sur une plage de sable et de graviers que le sentier s'achève. Sur la rive opposée l'arrivée du sentier initialement prévu fait face. Désormais la marche se complique. Il faut longer le lac sans balisage ni tracé dans le sol spongieux où sphaigne et tourbe nous jouent des tours et nous obligent à des contours. La rive de plus en plus escarpée nous contraint à osciller sur des vallons qui se succèdent. Nous avançons de plus en plus lentement. Il était trop tot pour s'arrêter sur les zones de bivouac que nous avons repéré au début du lac mais à présent il nous apparaît de plus en plus difficile de trouver un endroit où s'arrêter qui remplisse les exigences requises, à savoir être abrité du vent, avoir un sol sec, un terrain à peu près plat, et une source d'eau douce proche. Réunir les quatre critères complique la donne. Il n'y a pas urgence mais nous n'avons pas non plus envie de parcourir des kilomètres et des kilomètres sur ce terrain accidenté. Nicolas aperçoit alors une plage de sable et cailloux. Nous sautons sur l'occasion de plus en plus inespérée. Il faut encore préparer l'emplacement. Stéphane et Nicolas nettoient un rectangle de bruyère puis y déposent un matelas de mousse afin d'y monter la tente. Thierry, Vincent et moi terrassons la plage afin d'aplanir deux emplacements pour y dresser nos deux tentes que nous fixons tant bien que mal avec les sardines dans le terrain meuble. Lorsque tout est installé, un café chaud est bien apprécié. Le soleil parvient par intermittences à percer le voile nuageux. Dans l'atmosphère un peu austère 
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du lac nous avons en fin de compte trouvé un beau bivouac, au bord du lac, face aux sommets, à moins de deux mètres du clapotis de l'eau. Les rochers immergés sont des promontoires idéaux pour la contemplation. Espérons seulement qu'une grosse averse ne vienne pas jouer les troubles fètes. Nicolas, assigné à la corvée d'eau, est allé remplir les gourdes. Thierry et Stéphane font fonctionner les réchauds à plein régime pour la préparation des plats.
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J'allume un feu de bruyères qui aura le double avantage de nous réchauffer un peu, et de brûler nos déchets. La nuit va bientôt tomber. A 21 heure, il fait 5°C. Nous rentrons dans les tentes.  Vers minuit Vincent et moi sommes réveillés par le bruit de l'eau qui a forci de manière inquiétante. Le vent forme des vaguelettes qui semblent à présent lécher les tentes. Je vérifie par deux fois l'avancé du niveau de l'eau, à la lumière de la frontale, puis Vincent, non convaincu, sort de la tente vérifier à son tour. Remue ménage au bivouac. Tout le monde est réveillé. Nous nous rendormons finalement. Le niveau de l'eau n'ira pas plus haut, et les conditions seront redevenus normales à notre réveil.
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Carnmore

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Jour4:
Stéphane et Nicolas ont légèrement pris l'eau dans la tente à cause des mousses imbibées comme des éponges. Le soleil est au rendez-vous ce qui permet de faire sécher toutes les affaires. Nous prenons le temps de profiter du début de journée autour du bivouac. Nous partons vers 10h30. Il faut longer le lac en poursuivant l'itinéraire escarpé de la vieille. On monte, descend, contourne les zones marécageuses. Nous faisons une petite pause sur une belle plage entourée d'une grande plaine herbeuse. L'eau est calme, pure, transparente, et les montagnes s'y reflètent. A partir de là nous retrouvons un petit sentier empierré assez bien visible. Nous continuons à longer les rives en prenant un peu de hauteur., et faisons une nouvelle pause à l'abri du vent sous un gros pan de rochers. Des crêtes, quatre cerfs nous observent comme des visiteurs indélicats qui ont pris possession de leur couche. Le dernier tronçon du lac offre des vues magnifiques pour enfin déboucher à l'extrémité des 8 kilomètres de rive. S'en suit une large vallée glaciaire dans laquelle s'engouffre un vent froid qui nous refroidit instantanément. Nous longeons la vallée, suivons le cours d'une rivière, et grimpons à un petit col. Nous installons le matériel pour le repas à l'abri du vent derrière un gros rocher. Nous sommes désormais bien organisés et la préparation est assez rapide. Nous reprenons la marche et la remontée progressive de cette vallée superbe. Arrivés au col la vue se dégage et s'ouvre sur l'autre versant. Le paysage qui se présente est extraordinaire. Nous pressons le pas pour nous hisser sur le sommet qui coiffe notre périmètre de marche. Un panorama subjuguant s'offre à nos yeux ébahis. Nous sommes sans voix devant le spectacle naturel qui nous est présenté, si inhabituel, si aérien et si grandiose. En contre bas on peut voir le refuge vers lequel nous allons. A perte de vue une multitude de lacs dont le magnifique Loch Finn. Nous sommes véritablement en extase et figeons ce moment par une séance de photos, à 500 mètres d'altitude. S'il est vrai que les dénivelés ne sont pas impressionnants, dans ce cadre unique et typique de l'Écosse du nord, les conditions et les sensations sont celles d'altitudes bien plus élevées, même en ayant la chance d'avoir un temps exceptionnel. Il nous reste à descendre vers la digue qui sépare le Loch Finn d'un autre lac plus modeste en dimension, 300 mètres plus bas. Plutôt que de suivre le sentier qui longe le versant, remonte légèrement avant de plonger, nous préférons la solution directe qui consiste à casser les lignes de niveau de front. La méthode est un peu radicale mais très efficace. Arrivés à la digue nous remontons un peu, laissant au 
passage un terrain de bivouac fabuleux mais loin d'une rivière, jusqu'à parvenir au refuge de Carnmore annoncé comme rustique. Un rapide coup d'oeil à l'intérieur confirme l'annonce: un sol de terre battue et encombré, un plafond détérioré, et un ensemble salle et vétuste. Il s'agit d'une ancienne maison de chasseurs probablement reconvertie. En cas de difficulté due aux conditions météorologiques, l'abri aurait été indiscutablement un formidable lieu de repli, mais ce soir nous installerons notre campement dehors. Nous trouvons une zone abritée du vent, avec une vue intéressante appréciable.
La température est favorable. Nous en profitons pour faire une toilette approfondie. Nous nous retrouvons à 4, nus comme des vers, installés sur des pierres plates en guise de cabinets de toilette improvisés, à nous asperger de l'eau de la rivière. L'eau est froide et vivifiante, mais pouvoir se laver ainsi en plein air, et revêtir ensuite des affaires propres, est un petit luxe que nous savourons avec énormément d'appétence. Les quelques randonneurs et randonneuses que nous croisons sont très sympathiques et s'arrêtent toujours volontiers pour faire la causette. 
A l'âpreté et la dureté de la région s'oppose la chaleur et la bienveillance de ses habitants. Nous sommes tous installés autour des tentes, assis sur le sol. Stéphane découvre une petite tique accrochée sur lui. On se rend rapidement compte que le coin en est infesté. Les minuscules insectes suceurs nous prennent d'assaut. A peine visibles, elles s'accrochent sur les jambes et remontent le long du corps. Thierry en est plein. Je laisse tomber l'inspection, et ferrai un bilan plus tard, avant de me coucher. Pendant que nous grimpons sur le petit sommet qui domine le bivouac pour observer le loch, et que le soleil commence à faire rougeoyer des reflets sur l'horizon, trois cerfs paissent en dessous du campement. Ils ne semblent pas bien inquiets par la maison de chasseurs blanche batie à coté! A 22 heures nous sommes dans la tente, prets à dormir après une séance détiquetage... 
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Shenavall

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Jour5:
Vincent a regonflé son matelas percé, bataillé avec sa gourde renversée qu'il n'arrive pas à refermer, et tout cela pendant la nuit. Nicolas a eu de petits soucis gastriques qui l'ont sorti précipitamment de la tente à 2 reprises. Ce matin il fait chaud, et les petits soucis de la nuit sont déjà oubliés. Le petit déjeuner en ce début de journée ensoleillée est un bon moment très apprécié. Les conditions sont optimales; le moral est à 150 pour cent! Seules de petites ampoules chatouillent le talon de Vincent. Assis à l'abri du vent, on sent déjà une forte chaleur, et espérons un peu d'air pour nous rafraîchir au cours de la marche. Le sentier que nous devons suivre est visible depuis le bivouac, et s'élève au dessus du loch Dubh. On commence par une sacré grimpé avec une forte pente qui nous arrache de grosses gouttes de transpiration. Je me sens bien, en forme, et les jambes sont pleines d'énergie pour attaquer cette montée en force. De nouveaux lacs apparaissent au col et de nouveaux sommets pointent. C'est l'endroit idéal pour une pause, et un petit bain de soleil, torse nu sur les rochers. Repartant avec élan, nous entonnons un frère Jacques en canon, dans une procession à 5. Sur la plage en face de nous, les 2 écossais de la veille trempent les pieds dans l'eau du lac. Ils doivent s'amuser de nous entendre chanter, d'autant que s'ensuit un détonnement qui vient de l'arrière: Nicolas vient de se tordre la cheville...aie aie aie! Après avoir longé un long moment un sentier de cailloux sec, une vallée gigantesque s'ouvre. Nous pénétrons dans le berceau de l'humanité. Hallucination? Non. Seulement une évocation évidente tant le décors nous évoque l'Afrique de l'est par sa végétation, ses couleurs et sa grandeur. Ouah...bleuffant! Une descente progressive amène à une nouvelle rivière. Omniprésence de l'eau. Nicolas traine la jambe. Sa cheville a gonflé. Une petite entorse viendra perturber le bon déroulement de la journée. C'est le moment de faire l'arrêt déjeuner, sous une forte chaleur. On reprend la descente le long de la rivière qui en rejoint une seconde plus importante. De nouveau nous longeons ses berges riantes, vertes, bordées d'arbres pour la plupart secs. De nouveau je suis plongé en Afrique, mais en Afrique australe à présent, au nord 
de la Namibie, près des chutes d'Epupa. Toujours des comparaisons...Les conditions climatiques sont exceptionnelles, ce qui entraîne un niveau d'eau des rivière relativement bas. De ce fait nous pouvons franchir le guet sans se mouiller et sans avoir besoin de nous déchausser; ce qui en situation plus normale n'aurait pu être le cas. Changement de cap vers l'est: En ligne de mire, le refuge de Shenavall. Avant de l'atteindre un second guet à passer sans encombre, en courant cependant pour ne pas laisser à l'eau le temps de traverser les guêtres et le tissus des chaussures. Entre les deux rivières, une immense vallée marécageuse est à traverser. Un territoire vaste, entouré de sommets à la réputation fameuse. Revoici l'Afrique et le Damaraland. Des cerfs courent un peu 
partout par groupe de quelques tetes. Un territoire de chasse préhistorique nous plongent dans un film d'époque. Des pièges se refermeraient sur celui qui ne prendrait pas garde à éviter les mares de sphaigne. Nous y enfonçons le bâton de marche de Vincent sur 1m40! Il est difficile d'évoluer sur ce terrain trempé. Qu'en serait-il si le temps n'était pas aussi sec, si le brouillard nous empêchait d'anticiper les obstacles? Mieux vaut ne pas l'imaginer. Pour être honnête, cette zone s'avérerait très dangereuse.
Le refuge est grand, divisé en plusieurs pièces au rez de chaussée. A l'étage un planché fait office de dortoir et sera notre chambre d'un soir, que nous partagerons avec nos deux compagnons écossais.
Des cerfs paissent devant l'entrée. La luminosité baisse, et le paysage revêt de nouvelles teintes. A droite, à 1,5 kilomètres, un lac. Au pied du refuge, un arbre vert, des murets de pierres érigés et des ruines en contre bas, la rivière fend le marécage. Que de paysages évoqués, traversés. Nous voulions une nature vierge, sauvage; nous sommes servis. Nous voici immergés dans nos lectures au contact de la nature, emplis de reconnaissance .
La soirée est ventée sur cette butte exposée et on s'habitue rapidement au confort, même relatif. Tout au moins on bascule dans la facilité dès lors qu'on a le choix, et ce soir le fait est que nous dormirons à l'intérieur plutôt que de déballer le matériel pour planter les tentes. 
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Au sommet d'un Monroe!

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Jour6:
La nuit à l'intérieur du refuge a été la moins bonne depuis le départ. La lumière du vélux dans les yeux et les ronflements intempestifs ont saccadé la nuit. Depuis l'étage le vent parait souffler plus fort qu'il ne souffle en réalité. Les Écossais sont déjà partis. Nous prenons davantage de temps. Petit déjeuner, lavage de dents, toilette en plein air, remplissage des gourdes constituent nos activités matinales. Pas de tentes à plier aujourd'hui. Vincent par devant. Nous le suivons à quelques minutes. Nous foulons le sentier sur une belle montée progressive jusqu'à une sorte de plateau ondulé qui continue de s'élever très légèrement. Stéphane et Nicolas poursuivent sur ce sentier. Nous les laissons partir devant et les quittons temporairement pour attaquer une rude ascension vers le sommet de Sail Liath. Nous laissons nos sacs sur une dalle et faisons une référence altimétrique afin de pouvoir les localiser au retour. La face grimpe abrupte dans des pierriers. Plus on avance et plus il faut mettre les mains pour franchir les éboulis. Un lièvre surgit devant nous, s'immobilisant à quelques mètres seulement. Nous faisons 470 mètres de dénivelé en un temps record pour atteindre un mamelon herbeux. Nous faisons une mini sieste, allongés contre des rochers, ingurgitant des fruits secs. On repart pour la partie finale qui mène au sommet et offre un panorama sur 360°. Un névé nous laisse de toucher la neige. Versant sud ouest, on visualise la vallée longée la vieille sans distinguer pour autant Shenavall, caché derrière la montagne. Versant nord est, on suit du regard la vallée vers laquelle on se dirigera ensuite. Un canyon et un lac au pied d'un à pic vertigineux donnent un caractère de haute altitude. C'est le week end de Paques et des randonneurs profitent de ce temps clément pour venir faire des sommets réputés des Highlands. La descente de presque 600 mètres est effectuée rapidement. Nous retrouvons les sacs sans trop de difficulté. Nous retrouvons également le sentier en coupant à flan de montagne. Nous le suivons encore une bonne distance avant de rejoindre une piste de 4*4 qui plonge dans une vallée étroite. C'est là que nous croisons un couple d'Écossais qui nous informe que Nicolas et Stéphane ont rejoint la route principale 
et cherché une aire de bivouac encore trois kilomètres plus loin. Nous avions convenu de stopper avant et du coup la nouvelle met Vincent dans un état d'énervement chronique. Info ou intox? Nous nous arrêtons déjeuner près d'un petit pont, exposés au vent qui s'engouffre dans le goulot de la vallée étriquée. C'est en repartant que nous croisons un petit groupe de 4 randonneurs en tenue plus estivale que la notre. "C'est l'hiver là haut?" nous demande l'une d'elle en plaisantant. C'est juste après que nous apercevons Stephane et Nicolas qui ont planté leur tente dans un bois en lisière de la piste...l'occasion d'épilogue longuement sur la petite blague...
Nous retrouvons ici une zone pastorale avec des moutons; nous avons quitté le "wilderness". Le campement installé, nous faisons une ballade en remontant la rivière le long des dalles inclinées comme des déversoirs glissant en tant de pluie. C'est un paysage bucolique de forets riantes qui redonne la vie aux paysages inertes des jours passés. Stephane met la pointe d'une semelle sur la fine couche de mousse glissante qui recouvre les dalles à fleur d'eau. Erreur fatale...sploutch! Chaussettes, chaussures et pantalon de rechange sont trempés. L'eau semble bien polluée, entre autre par les rejets des moutons. De la mousse s'accumule dans les zones stagnantes. Micro pur et ébullition sont des traitements de chocs dont on saura faire usage. En revanche le bois mort est en profusion et nous en faisons une belle collecte pour allumer un feu qui nous tiendra éveillé longtemps dans la soirée. Nous bavardons longuement autour de la flamme entretenue, profitant de cette dernière soirée de bivouac. 
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Ecosse Inverness et les Highlands

Adrien d'Ecosse

Jour7:
Deux petites averses ont bercé la nuit. Lorsque nous sortons les tetes de la toile, on observe un ciel couvert. De gros nuages menacent et les sommets sont embrumés. Des randonneurs remontent le sentier au dessus de notre emplacement, peu dérangés par le temps. Dans l'urgence de plier les tentes avant que la pluie ne vienne tout tremper, nous sommes beaucoup plus efficaces dans le rangement et les préparatifs des sacs. Il règne un air de fin de randonnée. Nous avons retrouvé le paysage du début, les randonneurs et les accès faciles, et bientôt la route qu'on longe sur plusieurs centaines de mètres. Un chemin s'enfonce dans les bois pour rejoindre une petite vallée. Il faut grimper sur l'autre versant pour retrouver un sentier. Alors que nous pensions en avoir décousu avec les espaces vierges, nous rentrons de nouveau dans une zone dépeuplée au relief tourmenté, vallonné, poursuivant vers un col qui semble ne jamais se profiler. Nicolas traine la jambe car sa cheville est douloureuse, et suit un peu en retrait, sans se plaindre. Enfin la fin des collines, et une vallée de pâturage qui pointe. Nous amorçons une belle descente. Nous longeons une barrière grillagée qui borde des pâturages sur un passage encombré par les branches d'arbres, en lisière de foret. Le propriétaire du champ et des moutons qui y paissent vient vers nous avec son véhicule et nous dit d'enjamber l'enclos, traverser son champs puis sa propriété pour parvenir à la route que nous devons rejoindre. Après une courte pause sur un banc, de l'autre coté de la rivière qui guide la route, nous nous séparons en trois groupes afin de faire de l'auto stop. Pas facile de faire arrêter une voiture sur ces petites routes! Au bout de 30 minutes, Nicolas et moi, partis en derniers, nous faisons prendre par un couple Irlando-Ecossais. Nous arrivons à hauteur de Thierry qui monte également à bord. Vincent et Stéphane auront moins de chance. Désolé les gars mais on est au complet...See you soon. On se fera déposer à Inverness, au pied de l'hotel. Royal! A 15 heures nous sommes à l'hôtel. Nos compagnons de voyage arriverons 2 heures plus tard. Nous les retrouvons à l'hotel vers 18h30. C'est le moment où Adrien, le Lot et Garonnais d'Edimburh, nous rejoint. Les retrouvailles au nord de l'Écosse après une semaine de marche sont sympathiques. Et maintenant que la soirée commence. On restera longtemps à boire des whiskys et écouter une vraie gueule du coin, la soixante et le visage rougis par l'alcool, jouer sur la vieille guitare sèche du bar et chanter des morceaux anglais. Les écossaises auront même droit à la version Nicolas de Pearl Jam...sacré moment dans un sacré pub...
Jour8:
Après avoir retrouvé le pub fréquenté le jour de notre arrivée, nous n'avons pu entrer nulle part ailleurs car nos tenues étaient en léger désaccord avec les exigences requises! Nous avons dormi trop peu, et à 5h30 nous attendons le taxi qui tarde à arriver. Escale et petit déjeuner anglais à Luthon, puis retour à Bordeaux. Le train me ramène à Bergerac. Luisa arrivera après moi avec Anna et Fédérica, ses deux amies Italiennes. Je les attend dans le jardin, un verre de Talisker à la main...cheers.... 
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Ecosse Inverness et les Highlands

Conclusion

Déjà de retour après des semaines de préparation, et une semaine d'autonomie dans un de nos terrains de jeu favori. De cette escapade plusieurs éléments majeurs me confortent dans la réalité que je tente d'approcher au quotidien. Il peut sembler en décalage, en adéquation, en contradiction parfois, le fait de vouloir se rapprocher de ses origines vivantes, d'un monde de silence et d'âpreté. Il peut sembler désociabilisant, hors du temps et marginal de vouloir fuir l'agitation des rues, le conditionnement de l'horloge, le confort moderne. Il m'est pourtant d'une implacable assurance que le retour aux sources, celle d'une nature authentique, porte le dévolu sur tout ces faux semblants. A aucun moment les pensées qui tournent en boucle dans mon cerveau agité ne seront venues perturber notre plongeon dans le coeur des Highland. Jamais le manque des outils qui forgent notre vie bien huilée ne se sera fait pressant. Il faut dire que nous avons été particulièrement chanceux de pouvoir nous immerger dans cette nature conforme à nos espérances, sans avoir à subir les sarcasmes du temps. Nous avions envisagé le pire, et nous avons eu le meilleur. Nous attendions le froid, la pluie, le vent, et nous n'avons eu que les courants d'air glacés pour nous rappeler que nous n'étions pas dans une région tout à fait comme les autres, une grosse averse tandis que nous étions abrités, pour nous inciter à rester vigilants, et de gros nuages noirs pour nous prévenir de l'humilité à garder. Le reste ne fut que ciel teinté de bleu et soleil parfois éblouissant. Nul doute qu'en d'autres conditions le voyage aurait pris une dimension toute autre. J'aurais aussi aimé, à ce propos, me confronter à ce climat si changeant qu'il est souvent imprévisible, et rend ce bout de terre si rude. Il aurait été certes moins agréable pour la vue, pour la souplesse du bivouac et le confort de la marche, mais le ciel voilé, la pluie soudaine et trans perçante, les nuages épais qui englobent l'horizon ne sont ils pas dans l'imaginaire d'une Écosse réaliste une perception bien encrée ?
Chaque jour la vaste nature nous aura émerveillés par ses trésors insoupçonnables. Nous avons été surpris de constater autant de grandeur dans ces paysages si loin de notre vieille Europe traditionnelle. Nous nous sommes inclinés devant des espaces grandioses. Nous avons fait communion avec une nature généreuse, intransigeante et nous sommes surpris a des instants de jubilation quand nos yeux ont découvert l'impensable. Les petits riens, les instants brefs, deviennent un cadeau qu'il nous appartient d'ouvrir délicieusement. Faire un café tiède, un brin de toilette, trouver un lieu pour dormir, manger, sont autant de rituels qui emplissent les journées de solennité et ramènent notre existence à l'essentiel.
Sur un territoire étranger, les animaux nous aurons eux aussi laisser les approcher sans fuir devant la crainte.
Nous avons réalisé un projet qui nous a focalisés, tournés vers le même but sans qu'aucune remise en question nous fasse douter- je prend le risque d'engager la parole de mes compagnons-sur le sens de cette traversée et sur la chance de la partager.
A peine nous devons nous séparer, que des projets fusent. Traverser d'autres contrées à pied, à vélo, en canoë.  Rencontrer d'autres lieux à la lenteur d'un moyen de déplacement non motorisé. Devenir une part d'eux mêmes, et ressentir l'envie et le besoin d'en être totalement imprégnés. Je l'attend déjà, je l'espère déjà...Je ne suis pas le seul ? Je ne crois pas...j'en suis certain...à bientôt les potos...et remerciements tout particulier à Vincent pour son organisation minutieuse et sans faille !!!!!!
Ecosse Inverness et les Highlands
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Annexe: logistique

logistique.doc






Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust