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Carte Malaisie péninsule

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Carte Bornéo

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Sommaire

Introduction
Partie1: Kualu Lumpur, une capitale contrastée
        Le voyage avant le voyage
        Point de chute Alpha Villa
        KL entre modernité et tradition
Partie2: Bornéo ou la foret primaire
        Retrouvaille avec Vincent
        Les orangs outans de Semenggoh
        Le parc de Bako
        La rafflésie du Sarawak
        Survol de la foret primaire
        Les grottes de Mulu
        Les chauves souris de Deer Cave
        La maison d'Apoi
        Salt Spring
        Au rythme de Bario
        Transit à Miri
Partie3: Des iles de la péninsule à Penang
        Johor Bahru, une porte d'entée saturée
        Arrivée décevante à Tioman
        La plage aux macaques
        Les amis de Nemo
        En remontant la cote est
        Scénario improbable sur l'ile Perhentian
        LongBeach
        Le tour de l'ile
        Vue imprenable!
        Nuit agitée vers Penang
        Georgetown, le paradis gourmet
Conclusion

Introduction

C'est le plein d'anthousiame que nous sommes prêts pour aller découvrir une nouvelle destination du continent asiatique. Nous avons abandonné le projet d'aller en Indonésie l'année passée, et donc l'idée renaissante presse nos envies d'exotisme. A trop regarder nos émissions favorites on en devient fortement inspirés. Et si nous allions à l'encontre des hommes fleurs sur l'ile de Sibérut ? Les rendez vous coutumiers en terre inconnue nous projettent vers ce peuple aux traditions fortes et au mode de vie traditionnel ancré dans une réalité quotidienne dictée par la nature. C'est donc vers Sumatra qui présente parallèlement bien d'autres merveilles naturelles à explorer, que se porte notre regard tout aiguillé. Et puis un doute surgit ou plutôt un appel. Luisa va fêter son quarantième anniversaire, et passer quelques jours à la mer devient un impératif. Bien sur Sumatra présente quelques plages, quelques iles, mais pas à la réputation de ses soeurs indonésiennes. Alors pour concilier les rencontres humaines et l'appropriation d'une mer digne des plus belles cartes postales, Sulawesi devient d'un seul coup plus indiquée. Seulement nous avons déjà notre billet jusqu'à Jakarta, et rallier cette ile apparaît très contraignant d'un point de vue organisation. Et puis il y a une zone peu recommandée pour des raison de sécurité. Alors Sumatra ?Sulawési ? Nous tranchons...ce sera la Malaisie ! Ce pays mal connu, délaissé souvent par les voyageurs, offre un compromis à nos attentes : des peuples identitaires, des iles à la réputation idyllique, et la foret primaire pour une nature vierge et bercée d'histoire.
Nous partirons pour un vol tout aussi long et compliqué afin de rejoindre la capitale Kuala Lumpur. Nous tenterons de la comprendre en nous immergeant dans la vie de Hoogart, un jeune médecin urgentiste. De là nous nous envolerons pour Bornéo, l'ile de tous les fantasmes d'aventures. C'est à Kuching que nous retrouverons Vincent pour un voyage dans le voyage. Ensemble nous découvrirons les célèbres orangs outans de la région, la plus grande fleur du monde, et bien d'autres emblèmes encore. Nous partirons à la découverte de plusieurs parc nationaux dont le très réputé parc de Mulu, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Nous y visiterons la plus grande grotte du monde, et assisterons à un défilé incroyable de chauve souris. Dans un mini avion nous survolerons la foret primaire pour atteindre un village de montagne, isolé à la frontière de l'Indonésie, à quatorze heure de pistes de la première ville. Avec Luisa nous reprendrons ensuite un vol intérieur pour la péninsule. Nous irons découvrir deux iles décrites comme des paradis tropicaux: Tioman et Perhentian n'auront en ce sens pas fini de nous surprendre. Enfin un long itinéraire nous conduira dans le nord ouest du pays dans la ville de Georgetown. Nous rencontrerons une ville aux multiples visages, et une gastronomie à la réputation savoureuse.   
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Partie 1: Kuala Lumpur une capitale contrastée

Un voyage avant le voyage

Jours1/2/3/4:
  Fin d'après midi. C'est le début d'un long itinéraire qui doit nous emmener dans la capitale Malaise. Première étape : Londres. Rendus en ville, nous avons rendez vous avec Vikram et Elvira. Ils nous reçoivent dans leur petit appartement deux pièces d'une sorte de pension pour étudiants avec salle de bain, toilette et cuisine en commun. Lui est médecin urgentiste indien ; elle, Polonaise, se prépare à devenir hôtesse de l'air sur la compagnie Ryanair… peut être nous croiserons nous sur un vol européen ! Ils nous hébergent généreusement, et nous installent confortablement sur un matelas placé pour l'occasion dans la pièce d'entrée.
  Le lendemain matin nous gagnons l'aéroport de Gatwick pour débuter notre seconde étape du voyage. Nous volons avec Emirates. Les tablettes digitales individuelles font du vol une quasi formalité. Le choix de films, musiques et jeux est phénoménal. Nombreuses chaines télévisées, reportages ainsi qu'informations diverses sont sélectionnables à volonté. Téléphone interne pour communiquer avec Luisa situé….à côté de moi ! Bon daccord dans ces circonstances, cela s'avère peu utile…Caméras embarquées visionnables en temps réel ! Avec trois heures de décalage horaire nous foulons l'aéroport de Dubai sans même avoir eu le temps pour une petite sieste. Reste plus qu'à arpenter les halls de l'aéroport à la recherche d'un coin pour dormir où tout au moins nous reposer. Nous avons la nuit à passer ! L'agitation qui règne est impressionnante. On se croirait dans un centre commercial aux heures de pointe. Même aller aux toilettes nécessite de s'armer de patience. Cela tombe bien nous n'avons rien d'urgent à faire ! Un homme d'entretien nettoie à chaque passage lunette et sol, et retire la chasse comme si une fois ne suffisait pas. Le sujet des femmes voilées est d'actualité en France ; ici il est juste de circonstance. Culture ou soumission, Le débat ne se pose pas en terme dans ce pays. Etant donné le monde et le bruit ambiant, il ne s'avère pas facile de débusquer un petit coin douillet. Luisa s'installe sur un fauteuil avec repose pieds. Quant à moi je m'installe dans l'angle de la pièce, derrière la rangée de fauteuils, contre le mur vitré. J'y place mon petit sac en guise d'oreiller et m'allonge sur le carrelage blanc, un coupe vent comme couverture. Nous parvenons à dormir quelques heures. A quelques pas de là, le centre ville, symbole d'un empire ou rien ne recule face à l'argent. La tour la plus haute du monde s'érige à plus de huit cent mètre de haut. Des îles artificielles privées fleurissent sur la côte. Il n'y a pas d'eau sous le climat aride mais des terrains de golf luxueux. Le monde du pouvoir, de l'argent ; une parenthèse dans le voyage, l'exubérance et la démesure. Que notre monde est devenu
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fou ! Quelques heures encore à errer dans les boutiques avant d'embarquer de nouveau pour l'étape suivante de notre parcours à rallonge.
  Nous avons déjà trois heures de décalage horaire et le vol qui nous emmène à Jakarta nous fait franchir trois nouveaux fuseaux horaires. Avec la nuit passée- pas loin d'être blanche- et le fait que nous n'avons pas dormi dans l'avion, trop occupés par notre écran et les activités à bord, nous compensons en partie ce décalage. Arrivés à l'aéroport international de Jakarta, nous nous acquittons d'un visa d'un mois qui ne nous servira que pour une nuit de transfert en Indonésie. Il existait jusqu'à il y a très peu de temps un visa d'une semaine, mais les autorités l'ont récemment supprimé ! Welcome tourists ! Nous prenons un taxi…première tentative d'arnaque et première négociation pour nous faire emmener à notre hôtel réservé à un prix correct. Bienvenu dans l'Asie du sud est…bienvenu en Indonésie : La chaleur étouffante qui règne à minuit nous fait un bel accueil. La nuit est bonne, très bonne même, le petit déjeuner copieux et fort appréciable. A midi un taxi nous récupère pour nous faire faire le chemin inverse de la veille jusqu'à l'aéroport. Et là encore, malgré le prix affiché par le compteur du véhicule, il faut encore négocier ferme pour ne pas y laisser quelques milliers de dollars indonésiens.
  Nouvelle surprise au moment de l'enregistrement au guichet de la compagnie : nous devons payer une taxe équivalent à une quinzaine d'euros afin de quitter de territoire indonésien ; ce qui ne manque pas de me mettre en colère !  Après plusieurs files d'attente, nous embarquons finalement pour la quatrième et dernière étape qui nous conduira enfin en Malaisie en trois heures de vol et une heure de décalage supplémentaire. Au final 3 jours de voyage, 4 avions, 6 heures de décalage, et une belle collection de pièces de monnaie : euros, livre sterling, dirham, dollars américain, dollars indonésien, et ringit!
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Point de chute Alpha Villa

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  Un bus nous conduira à la gare centrale de Kuala Lumpur, simplement dénommée KL, en une heure. Le temps de nous orienter, nous repérer, manger un morceau, et nous grimpons à bord d'une ligne de métro en direction du nord de la ville. 12 arrêts plus loin nous suivons les indications indiquée sur un petit plan, longeant une route à circulation jusqu'à un ensemble d'immeubles nommé Alpha Villa. C'est au onzième étage, porte 7 que nous attend Hoogart. Lorsque nous pénétrons dans son appartement nous sommes plutôt surpris de constater que nous ne sommes pas les seuls à être attendus ! Un couple franco anglais est là depuis deux jours ; un couple russe qui n'est pas encore rentré est également hebergé…et un couple allemand est attendu…Au total nous sommes huit à partager l'appartement. Une sorte de règlement intérieur est affiché à l'entrée. Ambiance auberge de jeunesse. Une déception vis-à-vis de nos attentes. Si nous recherchions un dortoir plein d'européens, nous aurions choisi un hôtel plus centré. Je concevais un moment d'échange et d'intrusion dans la culture locale et je me retrouve à écouter des histoires russes et des pérégrinations anglaises. Il faut se partager à six les couvertures et nattes qui feront la maigre épaisseur de protection entre le carrelage de la pièce principale et nos côtes. Si le ventilateur du plafond qui brasse l'air en continu à l'avantage de rendre l'atmosphère plus supportable, il à le gros inconvénient de souffler sans repos sur nos têtes. Autant dire que la nuit fut plus douloureuse que reposante. En contre partie la vue sur le centre ville est somptueuse. Perchés au onzième étage nous avons une vision d'ensemble sur KL, ses buldings et les tours Pétronas éclairées. Retenons cet aspect positif!

Jour5:
    La nuit est tourmentée mais finalement la deuxième partie est propice au repos. Ce matin, tandis que nous tardons à nous lever, fatigués par le manque de sommeil accumulé, nous partons vers le centre ville. Nous entamons la découverte de la ville par la visite du quartier indien. Au milieu des échoppes, happés par la musique boolywodienne, nous nous perdons dans les étals des marchés parfumés de viande, poissons et légumes. Nous sommes à l'affût de l'ombre. Dans un petit restaurant nous commandons deux assiettes de riz et légumes assez épicés ; de quoi retrouver quelques forces mais pas assez pour lutter contre la fatigue. Nous laissons le quartier indien pour entrer dans la réserve Bukit Nanas Forest. En plein cœur de la ville, la jungle à gardé quelques repères, illustrant ce que devait être KL à une époque révolue. Après avoir grimpé les marches emménagées qui mène au sommet d'une colline, nous ferons une sieste prolongée sur des rondins de bois disposés autour de table, et faisant office de banc. Les lieux inconfortables sont devenus nos raisons de repos. Nous ferons une nouvelle pause au pied de la tour Menera, deuxième point culminant après les tours Pétronas, sans esthétisme particulier mais dans un environnement vert. Nous siroterons un verre en regardant les enfants dévaler la colline, harnachés à un câble métallique, puis nous amuserons des nombreux singes qui voltigent dans les arbres. Lorsque la chaleur se fait moins pressante, moins lourde, nous reprenons la marche, levant bientôt nos têtes devant les buildings récents qui font de la capitale moderne une cité qui s'étire dans les airs.
  Nous cherchons le quartier de _Kampung Baru mais les signalisations de la ville sont quelque peu aléatoires. Le plan que nous possédons est assez spartiate et nous avons du mal à
nous y retrouver, d'autant que les rues ne sont pas toujours simplement accessibles, barrées par de grands axes routières. Un taxi nous sauvera la mise mais le cout exorbitant de la course me laisse un gout amer. Je déteste me faire arnaquer de cette manière! Il fait nuit et le quartier le plus traditionnel ne se laisse pas aisément voir. Nous trouvons le marché qui s'y tient le samedi soir ; l'occasion d'une ballade nocturne au milieu des stands de fruits tropicaux et autre nourriture qui feront le plaisir de nos estomacs. Lorsque nous rentrons à l'appartement, 2 nouveaux colocataires sont arrivés : un américain et une russe. Nous échangeons quelque nourriture et poursuivons les conversations lorsque tout le monde sera rentré. Je n'ai pas réellement envie de participer à ces échanges et laisse les discussions se faire, avachi sur les couvertures. Passif mais pas impatient. Je voudrais m'allonger, fatigué certes, mais sans envie de dormir pour autant. Un peu avant 2 heures, en provoquant un peu la décision générale, chacun installe son couchage. Tout comme Luisa, je met du temps à trouver le sommeil, mais la nuit sera malgré quelques douleurs de hanches, plutôt reposante.
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Entre modernité et tradition

Jour6 :
    Petit à petit la communauté s'éveille. Calés dans l'angle du fond de la pièce, protégés de l'air du ventilateur,  nous émergeons tranquillement. En fin de matinée nous sortons et prenons la ligne de métro jusqu'au KLCC, un des grands centres commerciaux, situé au pied des tours Pétronas : six niveaux de boutiques de mode, du bas de gamme au luxe, de bars et restaurants, un cinéma, un centre de sciences, une salle d'exposition d'art moderne, une salle de concert. C'est une petite ville où l'on peut y passer la journée, entre shopping, activité ludique et réconfort gastronomique. Il est trop tard pour obtenir un des tickets qui nous permettrait de grimper sur le pont qui enjambe les deux tours, à 170 mètres de haut, et bénéficier d'une vue aérienne de Kuala Lumpur. Nous nous contentons de visiter le hall d'entrée et de faire le tour du gigantesque monument édifié par le géant pétrolier du même nom, et au sommet duquel doivent siéger les hauts responsables de la compagnie.
  Nous déjeunons dans le parc boisé, le long duquel on se promène sur des chemins emménagés. On bénéficie de là d'une vue remarquable sur quelques uns des plus hauts grattes ciel de la ville. Tandis que nous avons regagné le centre et visitons la galerie d'art moderne, à mon sens peu enthousiasmante, la pluie s'abat férocement sur les toitures du KLCC.
  Enfin nous pouvons quitter notre refuge pour partir à l'affût du quartier de China town. L'atmosphère s'est rafraîchie et c'est le moment idéal pour une ballade. Les rues animées nous entraînent le long du marché qui s'étire en rangées étroites d'étals. Quelques bâtiments remarquables sont à observer. Après cette petite immersion au pays du soleil levant et un restaurant  dans le quartier, nous rentrons à l'appartement. La vue depuis la baie vitrée est réellement magnifique, et les éclairages confèrent au centre de la ville une vision panoramique particulièrement superbe. A minuit tapante, les tours Pétronas s'éteignent dans le silence nocturne de la capitale. 

Jour7:
  Ce matin nous quittons KL. A 8h45 nous sommes prêts. Il faut croire que les corps s'habituent à l'inconfort.  J'ai appris à adopter les positions les plus adaptées et
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je dors de mieux en mieux, les douleurs du début ayant disparues.  Luisa a écourté sa nuit et elle est déjà debout lorsque je me lève. Je dois avouer que dormant habillé, ma tenue réduite à une chemise que je porte depuis trois jours, le temps de préparation s'en trouve réduit. Nous quittons donc l'appartement, ses occupants endormis, sans avoir pu remercie Hoogar parti travaillé trés tot et que nous n'avons pas meme apercu la veille. Cette expérience s'avère étonnante et dénué de sens à mon avis pour celui qui héberge. Quel intéret y trouve t il ? La question restera en suspend...
  Nous gagnons la station de métro, puis la gare centrale. A peine le temps d'avaler un café et nous grimpons dans le bus qui nous conduira à l'aéroport. Après une première impression très mitigée de la ville- accueil en deça de nos attentes chez notre hote, fatigue accumulée durant le voyage rendant une perspective peu objective, chaleur moite dans une organisation du plan de ville peu lisible- KL s'est révélé à son rythme, dans son dynamisme sans chaos, son architecture moderne juxtaposant les quartiers plus traditionnels, ses hauts gratte ciel et ses quartiers populaires. Une ville plutot paisible, certe pas toujours aisée à découvrir à pied, une cité verte avec de nombreux parcs et abondemment boisée. La capitale donne du pays une première image paisible, accueillante, sans débordement de chaleur humaine, l'image d'une ville en pleine mutation, d'un pays en plein développement. 
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Photos de Kuala Lumpur

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Partie2: Bornéo où la foret primaire

Retrouvaille avec Vincent

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  Temporèrement nous laissons la péninsule et volons vers Kuching, au sud de Bornéo. Aucun bus ne dessert le centre ville depuis l'aéroport. Nous prenons l'asphalte à la recherche d'un bus censé circuler un peu plus loin. Une voiture s'arrête devant nous. Nous montons. Le conducteur britannique nous emmènera au centre, nous déposant tout près d'une petite pension. Nous visitons 2 ou 3 hôtels puis posons finalement nos sacs à dos dans une petite chambre avec climatisation. Modeste, sans prétention, mais charmante. Les murs sont en bois aggloméré, une petite table et une chaise meublent l'entrée de la chambre. Une salle de bain privée équipée d'une douche et d'une toilette en feront un lieu confortable.
  Par le biais de mails et de SMS nous prenons contact et définissons un lieu de rendez-vous : au coffee bean and ...leaf nous rencontrons Vincent, installé dans un fauteuil noir, devant une petite table du salon de thé, en train de charger quelques photos sur son netbook. Retrouvailles de trois aquitains dans un petit coin, au fin fond de l'Asie, sur un morceau de terre aux connotations empruntées de récits aventureux. Un long moment nous échangeons les expériences de nos voyages respectifs, puis allons marcher le long des quais aménagés du fleuve Sarawak, illuminés par les terrasses de bars et restaurants qui jonchent la promenade. Kuching apparaît comme une petite ville calme à l'atmosphère paisible, non dénuée de charme, mais bien proprette à l'image d'un tourisme grandissant. La ville a pour mascotte le chat ; ce qui en est la traduction littérale en Malais. Sont-ils pour autant protégés des nombreuses marmites chinoises qui prolifèrent ? On le supposera en tout cas...A l'heure de manger nous recherchons l'inspiration des papilles en humant les odeurs qui émanent des restaurants de rue. Un petit régal simple, délicieux, pour trois fois rien, sur une petite table en plastique bancale, un petit air léger provenant du fleuve...
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Les orangs-outans de Semenggoh

Jour8 :
    Réveil à 7 heures ! Première nuit dans un véritable lit depuis que nous avons quitté l'Europe. Vincent et le taxi nous attendent déjà...nous avons cinq minutes de retard. Le centre de Kuching semble relativement réduit mais la ville s'étend en réalité en longueur. Nous nous en rendons compte tandis que nous mettons un long moment pour en quitter les limites. En une petite demi heure nous sommes devant l'entrée du centre de réhabilitation de Semenggoh. 1,3 kilomètres de sentier à travers un bout de foret nous emmene, nous l'espérons, à l'encontre de quelques uns des orang outan de Bornéo. Nous devons prendre conscience qu'en pénétrant dans ce centre, nous accédons à l'un des 4 uniques lieu de réintroduction où l'on peut apercevoir l " homme de la jungle ". A l'heure de les nourrir quelques uns approchent une plateforme où le personnel du centre tend bananes, pastèques et biberon pour les plus jeunes. Ils sont tout proches. Méfiant mais sans réelle crainte, ils approchent les mains qui distribuent le premier repas de la journée. C'est étonnant de les voir se déplacer de branche en branche, se balancer pendus à une liane, ou encore sauter dans les feuillages avec une agilité élastique. Grimper à un arbre, un régime de bananes dans une main, un fruit dans le pied opposé ne semble pas nécessiter d'effort particulier. Les bébés jouent avec leur mère. Un vieux male est assis un peu plus loin, passif, songeur, tel un ancien qui contemple sa progéniture avec mélancolie. L'expression de ces grands primates est émouvante, si proche dans son regard et son faciès de celui de l'homme. Je ne réalise pas forcément à ce moment là que s'agitent autour de nous les représentants d'une espèce aujourd'hui en danger. La foret dans laquelle ils vivent leur permet d'être en semi liberté, mais l'espace est trop restreint pour leur permettre un jour d'être réintroduits. Nous observons encore, scrutons les grands singes, épions leurs déplacements, reculant lorsqu'une femelle s'approche de nous, un petit sur le dos. Des panneaux explicatifs illustrent le sort réservé à quelques voyeurs trop curieux et trop imprudents qui se sont fait agresser par une dentition bien plantée.
  Nous comptions sur un minibus ou une voiture pour nous ramener en ville, mais lorsque nous sortons du parc, le parking est déjà vide. Il ne nous reste plus qu'à attendre qu'un taxi, un bus ou tout autre véhicule veille bien s'arrêter au passage. Nous faisons du stop, mais en vain. Nous patientons sous un abri, sur le bord de la route. Un long moment après, une voiture passe devant nous, puis fait demi tour un peu plus loin. Deux agents de contrôle de l'état des routes qui rentre vers Kuching nous prennent à bord de leur véhicule de travail. Ils en profitent justement pour nous questionner et demander notre avis sur l'état de routes.
  Après un bon déjeuner dans un petit restaurant traditionnel, quelques infos recueillies sur les parcs environnants, nous allons flâner le long des échoppes, écumons les boutiques artisanales. Un déluge s'abat en milieu d'après-midi.  Des gouttes énormes ! Les arcades qui abritent les boutiques nous en protègent fort heureusement. En quelques minutes les bords de rue sont emplis d'eau. Nous constatons que les chinois sont omni présents dans la ville...comme ailleurs, ce que nous confirmera la suite. Nous trouvons avec beaucoup de peine un café typique dans lequel nous passerons une partie de l'après midi, à nous réchauffer avec un café ou un thé, à écrire quelques cartes postales, prendre quelques notes ou encore esquisser un dessin. 

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Le parc de Bako

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Jour9:
    Nous avalons un petit déjeuner rapidement. Il est 7h30 et nous cherchons de quoi acheter à manger pour midi ; nous trouverons un traiteur chinois à emporter qui s'avérera préparer des plats excellents. A 7h40 nous retrouvons Vincent devant un temple Chinois, puis cherchons notre chemin pour rejoindre la gare routière. Un bus public arrive à heure ponctuelle. 15 kilomètres nous séparent de l'entrée du parc de Bako mais il nous faut 1 heure pour y parvenir. Le bus suit un itinéraire indirect le long duquel montent et descendent les passagers locaux. A l'entrée du parc nous devons encore prendre un bateau qui nous conduit à l'intérieur du parc en suivant l'estuaire qui mène à la mer de Chine. Des maisons, de pêcheurs dans leur barque qui oeuvrent à la main, animent les berges. La jungle se profile sur les collines escarpées. Les eaux sombres débouchent sur plusieurs plages que l'on dépasse. Bornéo dévoile une atmosphère plus singulière. Dès notre départ sur les sentiers jalonnés, des nasiques apparaissent perchés dans les arbres. Drôle d'espèce dont la nature a doté d'un nez extrêmement développé chez les males et qui suscite l'intérêt des femelles. Dans les entrelacements de racines, sur un sol humide, terreux, nous suivons un premier sentier, ensevelis dans la jungle luxuriante, dense et pressante. Des bruits, des cris, mais aucun animal ne vient surprendre notre quête. Débouchant sur une plage, nous apercevons un gros lézard, un serpent rampant à quelques pas. Nous faisons demi tour puis empruntons un second itinéraire grimpant notablement sur un terrain bien défini mais pour autant trés sauvage et naturel. De grosses plantes carnivores poursuivent leur long festin, et tant pis pour les insectes appâtés par l'eau qui resteront englués à la surface de la plante, signant leur dernier breuvage. Plus haut la végétation change,la jungle disparaît, le bush prend place. Moins haut, moins dense, la végétation s'éclaircit, la pierre ocre marque le sillage, le sable blanc mouillé s'enfonce sous nos pied. Le sentier mène sur une plateforme d'observation. En contre bas une plage aux eaux cuivrées git aux pied de collines jugulaires. Nous déjeunons. Vincent puis Luisa descendent prendre un bain, trop chaud pour être rafraîchissant. Un temps au moins, il rincera les corps dégoulinant de sueur. La sensation de chaleur n'est pas insupportable mais l'humidité nous fait transpirer de tout nos pores. Je profite de cette cession de trempage pour m'isoler au fond de la plage, là où descend un petit cours d'eau qui se jette à la mer. Seul dans ce début de foret vierge, je ressens la présence tout à la fois intrigante et inquiétante de la nature omniprésente. Les bruits sont encore amplifiés et l'imagination fertilise. Pendant ce temps, un macaque s'est emparé d'une

poche de nourriture, peut être seulement de restes, que des visiteurs peu précautionneux ont laissé sur le sable.
  De retour à l'entrée du parc, nous observons de nombreux nasiques suspendus dans les arbres, ou bien courir sur la plage que la marais basse a transformé en cours de récréation animalière. Silencieux nous profiterons du spectacle jusqu'à ce que notre présence trop incommodante ne les éloigne. Quelques autres macaques, deux cochons barbus rodent autour des baraquements...
  Nous attendons le bateau qu'il faudra rejoindre à guet. Le ciel s'obscurcit d'une façon peu rassurante. L'orage approche, la lumière est splendide. Le bateau fait vrombir son moteur puissant, nous remontons le cours aux allures romanesques. L'horizon frissonne. Juste le temps de descendre et de nous réfugier à l'abri que l'orage s'abat avec une force impressionnante. Timing parfait. Voici le bus. 1 heure de route pour Kuching. Une petite pause à l'hôtel s'impose avant de retrouver Vincent pour dîner.     
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La rafflésie du Sarawak

Jour10:
  Nous prenons ce matin un long petit déjeuner, en même temps qu'un des hommes qui s'occupent de l'hôtel préparent les crêpes du matin en cuisine. Juste cuites, encore brûlantes, nous les mangeons sucrées ou recouverte de confiture. Fruits, café et thé accompagnent notre premier repas de la journée. La même personne nous confirme l'information qu'on nous avait déjà communiquée la veille, à savoir qu'une rafflésie est aujourd'hui en fleur dans un des parcs de la région. Nous prenons donc la décision de se rendre à l'encontre de cette rafflésie. Nous retrouvons Vincent à l'heure dite,  achetons des plats de nouilles à emporter, puis filons vers la gare de bus. De là nous nous rendons à une seconde gare située en périphérie de la ville. Nous n'avons qu'une idée approximative de l'horaire de départ, mais arrivons impeccablement puisque le bus pour notre correspondance s'apprête à partir à 11h. Pas le temps de réfléchir davantage, nous grimpons à bord et attendons le départ. Tout s'articule bien. Loin d'être complet le bus roule vers Lundu. Nous atteignons cette authentique petite vielle en à peine 1h30. Un étal de viande crue retient mon attention sous le marché couvert. Les habitants se déplacent à vélo, parapluie ouvert à la main. Le fleuve sauvage arrose les bords et confère un cachet inédit depuis que nous avons rejoins Bornéo et le Sarawak. Pour la première fois j'ai la sensation de pénétrer un univers livresque. Il faut encore emprunter un taxi pour atteindre l'entrée du parc Gunung Gadingà 3 kilomètres. Les abords de forêt sont superbes, sauvages. Personne pour troubler le calme ambiant. Nous avançons dans une forêt dense, humide et fraîche, emboîtant les pas de notre guide. Une première rafflésie d'une trentaine de centimètres de diamètre à éclos il y a six jours sur les racines d'un arbre, accessible à hauteur d'homme, à condition de grimper sur un support rocailleux. La rafflésie est la plus grande fleur du monde, et véritable emblème de la région. La fleur est une plante grasse de couleur rouge, au coeur picoté. Nous attendions une odeur de viande en décomposition mais il n'en sera rien. Il s'agit en réalité d'un parasite pollinisé par une mouche qui subit un cycle d'une dizaine de mois. La voir est plutôt insolite d'autant qu'elle ne reste visible que trois jours, après quoi elle commence à flétrir avant de se réduire en un caillot noir. Nous sommes chanceux d'autant que nous verrons une seconde rafflésie en suivant le sentier qui s'élève dans la foret montagneuse. Une fleur de 75 centimètres de diamètre se dissimule entre des rochers, repliée dans une cavité. Nous poursuivons la ballade en continuant sur le sentier, jalonné de quelques panneaux explicatifs sur la fleur. La jungle est ici vraiment impressionnante avec ses lianes démesurées, ses racines
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grimpantes qui enveloppent totalement des blocs de pierre entier. Nous nous posons près d'une cascade, sur le bord d'un petit bassin d'eau formé au milieu de gros rochers, dans l'environnement luxuriant de la jungle. La pause baignade est incontournable, dans une eau rafraîchissante qui nettoie nos corps trempés, au milieu d'un décors digne de mon imaginaire sorti tout droit d'un film d'aventure. C'est ici que nous déjeunons avant de reprendre le sentier pour rejoindre l'entrée du parc où notre taxi nous attend.
  Sur la route du retour, le bus est arrêté pour un contrôle de police, et une vérification des passeports...que Vincent n'a pas ! Il s'en sortira avec une leçon de bonne conduite.
  Depuis un long moment d'énormes nuages noirs obscurcissent l'horizon. A heure maintenant coutumière, un gros orage de pluie s'abat et de violents éclairs déchirent le ciel. Quand nous aurons dîné, nous rentrerons préparer les sacs puis irons nous coucher pour cette dernière nuit à Kuching.    
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Photos de Kuching et les parcs de la région

http://picasaweb.google.com/Destinationphotos/KuchingEtLesParcEnvironnants?authkey=Gv1sRgCKjv2vek2oejkAE#
     

Survol de la foret primaire

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Jour11:
  Ce matin nous quittons la porte d'entrée du Sarawak. Nous avons rencontré Bornéo en découvrant la ville la plus importante de l'état du sud, recevant ainsi une image plutôt moderne de l'ile, avec une forte communauté chinoise, de même que nous l'avions constaté à KL. A 9h le taxi qu'à pris Vincent, depuis l'adresse hors du centre où il logeait, nous récupère pour nous conduire à l'aéroport. Nous embarquons avec un peu de retard à bord de l'avion 60 places de la compagnie Malaysian Airline. Le décollage se fait dans un vacarme terrible. Assis à côté du hublot à hauteur de l'hélice, nous subissons le bruit assourdissant des moteurs. Nous survolons la forêt qui s'étend à perte de vue, barrée seulement par le relief. Des trouées apparaissent ici où là dans l'immensité verte. Nous constatons, en descendant, des zones plus éclaircies, traduisant des parcelles plus jeunes de plantations de palmiers à huile qui ont pris la place d'une forêt millénaire. Le fleuve et les cours d'eau tracent des sillons plus ou moins larges, tels des serpents de mers géants qui se déplacent en faisant onduler leur corps mou et sinueux. Nous pénétrons une zone de turbulences, en franchissant une épaisse barrière de nuages. Luisa a quelques appréhensions, et je n'apprécie guère les attractions qui soulèvent l'estomac. La séance sera brève...
  Apparaît un site sauvage, isolé de tout. Une seule petite piste accueille notre avion qui se pose brusquement sur le tarmac. La soute vidée, les sacs sont empilés sur une petite remorque tractée à la main par un employé. Dès que nous sortons de la salle d'embarquement, nous grimpons dans un touc touc. On nous conduit à l'hôtel, situé à deux kilomètres environ, que nous avons réservé il y a deux jours, tandis que tous les hébergements du parc étaient complets. Nous nous sommes donc rabattus sur le Royal Resort de Mulu, un site vaste comportant plus de deux cents chambres, bien intégré dans la nature et dans la jungle. On nous accueille avec une serviette rafraîchissante, et un verre de jus d'orange. Une fois enregistrés, et les clés récupérées, nous slalomons le long des passerelles de planches en bois qui longent les différents blocs de logements, pour rejoindre notre chambre. Spacieuse, cloisons et sol en bois, nous disposons également d'un petit balcon sur lequel nos affaires mouillées auront bien du mal à sécher. L'hôtel est immense, une piscine agrémente l'entrée, à proximité de la salle de restauration, un bar et une boutique d'alimentation et souvenirs sont à disposition des clients. Des activités sont proposées parmi lesquelles gymnastique ou fitness praticables dans une petite salle
équipée.
  Pour l'heure c'est le moment d'un grand lessivage qui s'impose car nos affaires sont imbibées de sueur et les réserves vestimentaires s'amenuisent. Après quoi nous grimpons au sommet d'une colline qui surplombe le lodge en se frayant un passage le long d'un petit sentier qui monte au milieu de la végétation. A l'affût, nous observons quelques insectes. Le long du sentier, et plus tard en suivant la passerelle qui relie notre chambre au restaurant, nous débusquons le mimétisme animal en identifiant brindilles et feuilles qui s'avèrent être différentes variétés de phasmes. Chanceux nous perçons la nature en mode camouflage. Deux araignées larges d'une dizaine de centimètres tissent leur toile, exhibant leur corps noir et poilu. De beaux papillons volettent élégamment. Au sommet de la colline, le point de vue est magnifique. En contre bas l'hôtel s'insère parfaitement dans la forêt, laissant à peine pointer quelques toitures aux teintes naturelles. La forêt s'étend au loin, des secteurs verts s'étagent, s'associant à des montagnes qui surplombent le parc. Photos, aquarelle ou simple contemplation, emplissent une longue pause sur ce promontoire fascinant, régulé plus bas par la rivière qui poursuit son cheminement.
  Un bon buffet nous attend pour le dîner…légumes, viandes, poissons à volonté. Des danses ethniques locales sont proposées comme animation de soirée : un moment folklorique pour distraire les touristes qui ne doivent pas perdre une miette de leur séjour. J'ai l'impression d'assister à une soirée organisée par les GO d'un club med. Ca ne me dérange pas plus que cela, mais je ne suis pas preneur et ne tiens pas à participer activement à ces amusements. Télévision, karaoké, baignade, tout est fait pour la distraction. On pourrait être n'importe où, ce qui me pose davantage de difficultés car je suis justement venu ici pour être quelque part. Quelques éléments ramènent à la réalité du lieu : le bruit des insectes nocturnes, audible dès lors qu'on s'extrait des vocalises fausses des " karaokistes ", l'éclairage qui illumine un pan de rochers recouvert par la végétation, sur l'autre rive de la rivière. Nous sommes au cœur de la forêt de Bornéo, aseptisée par des artifices qu'il faut accepter, loin de l'image hostile qu'on lui associe dans des récits d'un autre temps. 
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Le parc de Mulu

Jour12:
    Vincent dort encore lorsque Luisa et moi avons déjà rejoint la salle de restauration pour le petit déjeuner. Là encore le choix est important ; de quoi contenter aussi bien Chinois qu'Indiens, Américain, Anglais ou autre occidentaux. Je me remplis l'estomac avec gourmandise et conséquence. Lorsque nous sommes prêts, nous nous faisons conduire à l'entrée du parc. Dans une atmosphère sensationnelle, nous remontons la rivière à bord d'une pirogue à moteur. On peut imaginer être perdus dans un coin reculé de la jungle, cheminant le long de l'eau à la recherche de l'inattendu. La succession de pirogues rangées les unes à coté des autres à l'embarcadère, nous rappelle rapidement que nous sommes sur un site très populaire et très touristique. La zone est creusée de gigantesques cavités qui trouent le sous sol comme un gruyère sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. La nature a modelé ici, des millions d'années durant, des sites gigantesques que l'Unesco a inscrit au patrimoine mondial. Les grottes constituent ainsi l'attrait et la particularité principale du parc national de Gunung Mulu. La première que nous découvrons est la " cave of the wind". Un itinéraire de planches conduit une procession de touristes jusqu'à une salle immense. Stalactites et stalagmites sculptent la salle d'un art millionnaire. On apprécie plus particulièrement le gigantisme. A 400 mètres, la deuxième grotte se nomme " clearwater cave ". Elle descend à une rivière qui continue de charrier les sédiments qui façonnent le vaste édifice sous terrain. De récentes explorations ont encore fait de nouvelles découvertes et ouvert de nouveaux réseaux de connexions dans la roche. Là où la lumière disparaît, la rivière s'engouffre et poursuit sa course. Vers où ? Clearwater cave est connue pour être la grotte la plus longue d'Asie du Sud Est, aussi l'itinéraire de l'eau présente encore des incertitudes et des méconnaissances.
  Nous reprenons le bateau pour l'entrée du parc. Un bon plat de nouilles et de riz rechargera les accumulateurs pour aborder l'après midi. Nous prenons un petit sentier bétonné à travers la foret. A pas lent, nous longeons l'itinéraire, cherchant l'insolite sur les abords du chemin. Nous observons ainsi nombreuses variétés d'insectes. Des fourmis géantes d'au moins trois centimètres de long forcent notre étonnement. Diverses sortes de mille pattes, libellules et sauterelles de couleurs variées impliquent autant d'arrêts. Coléoptères, insectes volants non identifiés mais suffisamment volumineux pour que son bourdonnement soulève une petite anxiété, 
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marquent des découvertes intrigantes. Après un long temps à fouiner, fureter, nous pressons un peu le pas, grimpant le tronçon de sentier qui perfore la colline et accède à un nouveau réseau de grottes. Certes, plus modeste, mais vide de la foule, il faut se faufiler entre les interstices étroits, suivant les lianes géantes qui longent la cavité comme un fil d'Ariane nous indiquerait la sortie.
  De retour à l'hôtel, la piscine offre un bon moyen de combler la fin d'après midi, en nous rafraîchissant dans l'eau dont nous avons l'exclusivité. Où sont les touristes ? Le buffet, abondant sans être gustativement extraordinaire, sera animé du même spectacle que la veille. Ce soir nous prendrons gare à venir dîner plus tard, afin d'éviter d'assister à la même représentation...     
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Les chauves- souris de Deer cave

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Jour13:
  Levés à huit  heures pour avoir le temps d'apprécier le petit déjeuner, nous prenons un peu plus tard le trajet de l'entrée du parc. Nous aurions souhaité parcourir les 470 mètres de passerelle installée dans la canopée, malheureusement il ne reste plus de places disponibles. Nous grimpons alors à la tour d'observation à 30 mètres du sol, et située à vingt minutes de marche des bureaux du parc. Trop tard ou trop tot ? Toujours est-il qu'hormis quelques rares insectes, notre patience ne nous donnera pas beaucoup de réjouissance. Des cris d'oiseaux viennent percer le feuillage des cimes, mais il ne nous sera permis d'observer aucune espèce particulière. Une fois redescendus, nous suivons le sentier de lattes en bois pendant un long moment, toujours à l'affût de quelques signes de vie. Nous restons spectateurs attentifs devant un gros lézard aux couleurs sombres et muni d'épines dorsales. Nous pressons le pas afin d'avoir le temps de rentrer nous restaurer un peu, avant une nouvelle après midi de découverte.
  A 14 heures, nous sommes devant le guichet d'entrée et retrouvons le guide avec lequel nous avons rendez-vous. Le programme doit nous emmener à l'encontre de deux nouvelles grottes. Nous éprouvons une grosse flemme en apprenant que nous devons reprendre le même chemin que ce matin. En effet nous pensions nous y rendre en bateau. Allez courage ! Quarante cinq minutes de marche avec un groupe constitué d'une quinzaine de personnes nous conduit à l'entrée de Lang cave. La grotte n'est pas très haute par endroit mais nous progressons dans une cathédrale de formation calcaire, de stalactites de formes étranges. La visite donne lieu à un spectacle totalement différent de celui d'hier, et dont j'en apprécie davantage l'esthétisme.   
  Nous nous dirigeons ensuite vers Deer cave. L'entrée est une grosse ouverture sur un mur de falaise rocheuse, au pied de laquelle s'accroche une végétation verte étincelante. Nous pénétrons dans la cavité qui se révèle immédiatement comme gigantesque. Nous somme à l'intérieur d'une montagne creuse, spectateurs minuscules qui se promènent dans un carie rocheuse démesurée. Sur le plafond de la grotte des amas noirs traduisent des amoncellements de chauves souris par milliers. Sur le sol une épaisse couche de guano brun forme une croute qui répand dans l'enceinte une odeur caractéristique. Deux millions de chauves souris 
distinguées en plusieurs espèces vivent ici, dans la plus grande grotte visitable au monde. En ressortant nous allons nous installer à quelques centaines de mètres en contre bas, face à la falaise. Il nous faudra patienter une heure quarante cinq minutes pour que les occupants aveugles ne commencent à quitter leur repère. Chaque soir, avant le crépuscule les chauves souris quittent la grotte pour aller se nourrir d'insectes dans la foret. On assiste à un défilé spectaculaire. Un premier convoi en spirale s'étire dans le ciel, se déplaçant tel un reptile volant pour se diriger de leur radar vers le garde manger naturel. A intervalle régulier, puis de plus en plus fréquemment, de longs serpents fissurent le ciel de Mulu. Etonnant spectacle que cette procession continue qui laisse son antre diurne ! La nuit tombe. Il faut parcourir les trois kilomètres qui nous séparent de l'entrée du parc. La vie nocturne s'éveille : les cris d'oiseaux, de batraciens et d'insectes produisent un concert bruyant. La lumière des frontales éclaire nos pied dans une ambiance inquiétante...
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Photos de Mulu

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La maison d'Apoi

Jour14:
    Derniers petit déjeuner au Royal Resort de Mulu. Dans la chambre nos affaires ont fini par sécher, ventilées par l'air conditionné qui ronronne la nuit. L'humidité ambiante nous rend moite en permanence mais une bonne douche permet de retrouver un instant au moins une peau sèche. Les soirées sont agréables, surtout que les corps s'habituent à l'atmosphère chargée d'humidité. Le départ est un peu anticipé car nous réalisons que le vol est plus tot que nous le pensions. Nous bouclons les sacs à la hate. Un véhicule nous conduit à l'aéroport, où nous attendrons une grosse heure avant le décollage. A la demande d'un stewart,le pilote accepte de faire un petit détour pour survoler les Pinacles, des formations calcaires de pics acérés...que nous n'apercevrons pas ! Nous volons à faible altitude et la vue sur la foret qui s'étend à perte de vue est remarquable. Il est difficile d'imaginer dans ces conditions que la déforestation dramatique qui sévit sur Bornéo est en train de conduire à la disparition programmée de tout un écosystème unique. Quelques zones déboisées apparaissent plus loin...
  Une fois débarqués à Miri, nous attendons le bus qui nous conduira au centre ville. La ville ne présente pas d'intérêt particulier. Nous choisissons un petit hôtel familial, et occupons un dortoir que nous serons nous trois seuls à partager. Escale forcée d'une journée pour reprendre un vol dès demain matin. L'après midi est consacrée au repos. Vincent part visiter le musée du pétrole perché tout en haut d'une colline. Ses efforts sous un soleil étouffant le verront récompensé par une porte close en ce jour de fermeture hebdomadaire ! Quant à Luisa et moi, nous préférons nous reposer, restant à l'hôtel, à la fraîcheur de la climatisation. Lorsque la température extérieure aura descendue, nous sortirons découvrir les quartiers animés de Miri. Un temple chinois est le lieu de rituels excessifs à mon gout. On y brûle des dizaines de batons d'encens, des sachets entiers de papiers achetés à cet effet dans les boutiques attenantes. De grands foyers flambent, alimentés par les offrandes en continu. Symbole dérangeant dans un pays victime d'un abattage massif d'arbres. Faisons le calcul si on étend la scène dont nous sommes témoin à la plus grande population mondiale...

Jour15:
    Le taxi privé réservé par la gérante de l'hôtel arrive un peu avant l'heure fixée. Il s'agit en réalité d'une amie à elle, et l'occasion par cette activité d'arrondir ses fin de mois. Sept kilomètres nous séparent de l'aéroport. Nous devenons coutumier de ce moyen de transport, mais aujourd'hui les formalités sont un peu différentes. L'enregistrement nécessite une pesée individuelle des bagages ainsi que des passagers, avec une limite autorisée par personne de dix kilogrammes. L'avion atterrit : un petit bimoteurs d'une vingtaine de sièges repartis en quatre rangées de fauteuils séparées par un couloir étroit. Nous prenons place. Le pilote s'installe dans le cockpit. La porte qui communique entre la cabine et nous reste ouverte. Nous visualisons le tableau de bord et les commandes innombrables, et assisterons en visuel aux manoeuvres de vol. Je crains les mouvements aériens et les hauts le coeur à bord d'un si petit appareil. Nous décollons et survolons la foret par un itinéraire similaire à celui emprunté en rentrant de Mulu. Nous reconnaissons les montagnes du parc. Les
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nuages se sont formés. Contournée adroitement par le pilote, nous franchissons la barrière sans trop de turbulences. A partir de là, la foret vierge s'étend, se dessine aussi loin que notre vue nous y autorise. Nous volons à faible altitude, et le poumon vert qui s'étire sous nos pieds fascine notre imaginaire. Barrio apparaît dans une cuvette. La petite piste d'atterrissage se déroule devant l'avion. A Miri, Luisa avait parlé avec la soeur d'un habitant du village qui reçoit des hotes. Lorsque nous arrivons il est déjà informé de notre venue, et nous attend dans le hall de débarquement. Nous décidons de le suivre, quitte à changer de lieu si l'endroit ne nous convient pas. On nous conduit jusqu'à sa maison à bord d'un 4*4 indispensable. La route n'est qu'un chemin de terre totalement défoncé. Sur place nous rencontrons un couple de français avec lesquels nous avions partagé le bateau au parc de Bako. La partie habitable de la maison est située à l'étage. Plusieurs chambres s'étalent le long d'un grand couloir où se succèdent les portes d'accès. L'autre coté du couloir donne sur une terrasse couverte emménagée et meublée de façon agréable. Sur l'entrée le bloc se prolonge avec toilette et douches le long d'un passage ouvert vers l'extérieur mais couvert, puis donne au fond sur une grande cuisine. Le lieu offre un ambiance calme, reposante dans l'atmosphère paisible du village blotti entre les collines vertes. Nous sommes dans la région des Kélabits Highlands, à proximité de la frontière avec le Kalimatan. Les rizières trempées ne sont pas en production mais ici et là des femmes travaillent les parcelles, à genou dans l'eau boueuse. Même si nous allons visiter une seconde habitation un peu plus haut dans le village, cet premier contact nous séduit, et nous décidons d'y poser nos bagages.
  Nous allons nous promener autour du village, découvrir l'ame paisible qui règne dans ce petit bout de terroir isolé du reste de l'ile. Pour la première fois depuis notre arrivée nous nous retrouvons immergés dans un lieu où la vie demeure authentique, dans un monde urbain préservé de l'invasion du monde moderne. Deux bimoteurs quotidiens relient Barrio à la cote ouest de Bornéo. Atteindre par la voie terrestre le village reste de l'ordre du possible mais il faut quatorze heures de véhicule 4*4 sur une piste chaotique difficile et épuisante à travers la jungle.
  L'école du village est étonnamment bien organisée et contraste avec la simplicité de l'environnement. Elle s'étire dans un long bâtiment qui regroupe les différentes salles de cours, le réfectoire. Une allée impeccablement entretenue et agrémentée de parterre fleuris permet de longer le bâtiment. De l'autre coté se tiennent les blocs de l'internat. Aujourd'hui est une journée dédiée au sport. Des courses se déroulent sur la piste qui entoure un terrain de jeu. Les non participants agitent des drapeaux aux couleurs des différentes équipes, encouragent ceux qui courent pieds nus sur le sol boueux et gorgé d'eau. Nous assistons à une course de filles. Deux ou trois d'entre elles s'immobilisent puis s'évanouissent, à bout de forces. Cinq ou six camarades se précipitent avec un brancard pour les relever et les étendre plus loin sur un endroit sec. Etonnant spectacle!
  Nous suivons le couple de Français dans une maison longue ; habitat caractéristique qui vise aujourd'hui à disparaître ou à être reconvertie en habitations touristiques. Vingt deux familles vivent dans celle-ci. Les cuisines sont mitoyennes, sans cloison pour les séparer, deux foyers au milieu de chacune d'entre elles. La vie en communauté par définition. Le bâtiment s'étire sur une centaine de mètres, peut être davantage. Chaque cuisine donne sur un espace privatif où se trouvent les chambres. Enfin une longue pièce commune faisant la longueur de la maison permet de recevoir tout le monde pour les cérémonies importantes comme un mariage.
  Ce soir nous mangeons sur la table de la cuisine avec le couple de français, notre hote Apoi dont nous faisons plus ample connaissance, et sa maman qui nous prépare un dîner fameux à base de légumes locaux. Après le repas, Apoi allumera un barbecue dans la cheminée pour faire cuire de la viande de sanglier que nous dégusterons un peu plus tard dans la soirée. Plus de doute, nous avons fait le bon choix en restant ici... 
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Salt spring

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Jour16:
    La nuit a été plutôt saccadée. Luisa n'a pas digéré le repas de hier soir et a été malade, contrainte de se lever à la lumière de la torche. Quelques blattes se promènent le long des plaintes ou dans les toilettes, ce qui n'arrange pas son affaire...horreur et phobie de ces insectes volant à la carapace brune. Luisa se souviendra de son anniversaire et du cadeau que Bornéo lui a offert, dans cet endroit aussi unique que la quarantaine qu'elle fete aujourd'hui. 40 ans ça se célèbre ! Quant à moi, j'ai tourné, viré sur un lit trop dur, trop mou. L'état général ce matin est à la fatigue !
    Avant leur départ de la maison et de Barrio, nous avons le temps de voir les Français, et déjeunons ensemble. Nous prenons ensuite la décision d'aller marcher sur les sentiers autour du village. Nous reprenons le chemin de la veille, traversant l'école et continuant jusqu'à la maison longue. De là nous empruntons un sentier qui part endroit devient rapidement collant et glissant dans une terre argileuse et des flaques remplies d'eau par les violentes averses régulières. Si en début de matinée la brume dissimule le paysage et absorbe le rayonnement solaire, nous recherchons assidûment l'ombre dès lors que le soleil à percé Nous laissons un premier campement Penan installé au bord d'un cours d'eau, au pied d'une colline. Nous grimpons à travers la foret jusqu'à atteindre un second campement qui semble inhabité. C'est du moins la première impression que nous avons tant le camp parait laissé à l'abandon. Nous nous rendons compte que ce n'est pas le cas. Du linge sèche sur des cordes tendues devant les maisons : de petites huttes en bois sur pilotis avec comme toiture une simple bache en plastique. Aucun confort, aucune commodité pour ce que nous qualifions de bidonville local. Quel contraste entre l'école dont le niveau de réussite s'avère être un des meilleurs du pays, et le niveau de vie des enfants qui vivent ici.
  Nous mangeons encore un délicieux assortiment de légumes locaux, accompagné de riz et de viandes sauvage. A 14 heures un pick up nous récupère devant le portail d'entrée. Nous traversons la ville et roulons sur plusieurs kilomètres de route défoncée. Le véhicule nous laisse devant un pont de bois qui enjambe une rivière. Nous sommes accompagnés de Rénato, un Suisse que nous avons rencontré il y a quelques jours et qui a déjà reporté son départ de Barrio plusieurs fois, envoûté par cette région. Nous suivons le sentier sur environ quatre kilomètres dans une foret secondaire. La végétation n'est pas très dense, peu impressionnante, et l'atmosphère est assez proche d'une foret Française. Nous arrivons à Salt Spring, un endroit isolé, où a été creusé un puit d'où jaillit de l'eau salée. Des habitants peuvent louer le site pour quelques jours. Deux personnes y travaillent en ce moment. Ils prélèvent l'eau du puit qu'ils déversent dans de grands réservoirs en métal. Un bûcher chauffe ces réservoirs afin de porter l'eau à ébullition. En un jour et demi ils récupéreront par évaporation quelques kilogrammes de sel qu'ils vendront ensuite. Je comprend mieux la rareté de cette denrée, et le prix assez élevé du sel de Barrio. L'occasion nous est donnée de réaliser un petit film que Vincent et moi réinvestirons devant nos élèves. Apoi nous a rejoint. Si la foret parait paisible, elle peut tout de même révéler quelques surprises inhabituelle : Apoi a croisé un cobra sur le sentier!
  Nous faisons ensemble le retour jusqu'au petit pont. De là Apoi reprend son deux roues, quant à nous, nous devons suivre la route à pied. Au bout de plusieurs kilomètres, nous
laissons la route qui poursuit vers le village, et bifurquons à gauche, ce qui nous emmènera jusqu'à la ferme d'Apoi. Il possède des chèvres, et y récolte différentes variétés de légumes. Nous n'y passerons que peu de temps, sans même nous attarder pour l'aider à cueillir des plantes ; la distance à parcourir à pied est encore longue. Nous accumulons les kilomètres sur la piste de terre. Le soleil a baissé et la température est plus appréciable désormais mais la route semble ne jamais en finir le long de ce paysage monotone.
  Enfin nous rejoignons le centre du village où nous ferons une pause pour prendre une boisson tiède, puis, les jambes lourdes,  rentrerons à la maison, satisfaits de pouvoir enfin nous asseoir sur les fauteuils de la terrasse. Même froide, la douche sera fort appréciable...
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Au rythme de Barrio

Jour17:
    Il a plu une grosse partie de la nuit, et pour la deuxième fois consécutive je n'ai pas très bien dormi. Lorsque nous nous levons prendre le petit déjeuner sur la terrasse, les nuages enveloppent les collines. Nous voulions aller à Pa Unka avec Rénato en louant une voiture puis un bateau, et faire le retour à pied à travers la jungle. Avec l'eau qu'il est tombé cette nuit le sentier sera boueux et gorgé d'eau. Marcher dans ces conditions devient pénible et le temps de marche accru. Nous décidons avec une certaine tension de ne pas nous rendre au village. Cela s'avérera être une sage décision. Nous restons donc la matinée à la maison. Je me repose, joue de la guitare. Vincent en fait de même. Luisa dessine et peint. Quelques gouttes éparses frappent encore sur le toit mais le soleil commence à percer l'épais voile nuageux. On entend les chants et la musique qui viennent de l'école. J'aime à vaquer dans cette atmosphère apaisante, bercé par les bruits ambiants. A l'heure du repas, nous passons un long moment à table, à bavarder sur la terrasse avec Apoi. Il nous parle de lui, de sa vie. Il avait quitté les Kelabits Highlands pendant plusieurs année, mais a fait le choix de rentrer chez lui, profiter de sa mère. Il semble heureux à vivre cette vie simple au contact de la nature. En choisissant d'héberger les étrangers de passage à Barrio, il garde un contact physique avec le monde l'extérieur.
  Tandis que nous nous reposons, allongés sur les lits, la pluie reprend. Quand j'émerge de mon sommeil je constate que la brume a de nouveau encerclé le village et que les collines ont disparues. Apoi est en bas, sur le terre plein qui sépare deux rizières, en dessous de la terrasse. Sous une pluie battante, il est en train de pêcher !
  En fin d'après-midi nous sortons nous dégourdir les jambes. Il nous faut affronter les flaques, la boue et la terre collante pour aller au village. On glisse, les chaussures sont avalées par la boue. Nous croisons des motos qui circulent à vitesse raisonnable sur la piste glissante. Dans les cafés les gens jouent au billard, et la musique tonne. Nous marchons encapuchonnés dans les imperméables pour nous protéger de la fine pluie qui reprend. Ce sera notre seule heure de sortie et de promenade de la journée. Déjà la nuit tombe. Les groupes électrogènes se réveillent et allument au compte goutte des foyers espacés.
  Le dernier repas est prêt. Nous passons à table dans la cuisine. Apoi fait la prière du soir. Comme chaque fois, le repas est délicieux. Viande, légumes, riz : autant de mets et de préparations que nous n'aurons vraisemblablement plus l'occasion de savourer. Il continue de pleuvoir. Nous parlons des Kélabits, des moeurs, de la famille.
 
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Jour18:
  La pluie n'a quasiment pas cessé de la nuit mais a présent, bien qu'une fine couche nuageuse coiffe encore les collines, le soleil apparaît derrière la ouate. Rénato est parti hier avec le projet de randonner plusieurs jours vers des villages au nord, mais l'état des sentiers l'ont convaincu de renoncer. Il sera de retour ce matin. Apoi est en train de faire des photos depuis la terrasse. Il fige le paysage a différents moment de l'année. Nous prenons ensemble le petit déjeuner. Luisa est intarissable ce matin. Elle parle, questionne. Je me sens un peu las, fatigué par des nuits interrompues, ramolli par le temps tristounet, et suis plutôt passif. Mon silence suffit pour emmagasiner la mémoire des lieux, et la mémoire des gens surtout. Depuis que nous sommes à Barrio, nous croisons et conversons avec des gens souriant, chaleureux. La région des Kélabits possèdent un secret de vie paisible, communiqué par une hospitalité dont la réputation s'est confirmé. Notre hote ne fait pas exception à cette règle. Apoi s'occupe de ses moutons qui lui fournissent le lait et la viande, cultive son potager pour se nourrir, et loue des chambres pour partager cette vie et améliorer son quotidien. Il parait heureux, et transmet sa joie de vivre. Nous pérennisons notre passage par quelques pauses photographiques.
  Le taxi est déjà là et nous attend. La barrière de la langue ne nous a pas permis de beaucoup communiquer avec se maman, mais les échanges laissent d'elle une femme touchante, attendrissante, et dévouée. Nous nous saluons chaleureusement par des accolades sincères. Nous descendons l'escalier, mettons nos chaussures et passons le portail que la mère viendra refermer en attendant un dernier salut depuis la voiture qui roule déjà.
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Photos de Barrio

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Transit à Miri

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  Le beau temps est revenu, et le soleil cogne. Avec la météo d'hier, nous n'étions pas sur de pouvoir quitter Barrio. Les conditions se sont nettement améliorées, ce qui n'empêche pas l'avion d'avoir plus d'une heure et quart de retard. Nous quittons finalement Barrio tandis que les images accumulées pendant les trois derniers jours défilent. Nous survolons Mulu. Nous remontons le film du voyage à l'envers. Voici Miri en ligne de mire. La porte du cockpit est toujours ouverte ; aussi nous observons attentivement les gestes du pilote qui fait de grands mouvements de bras. Le copilote amorce ce qui ressemble à son premier atterrissage, tant le geste est imprécis, et les mouvements de l'avion saccadés. Petite appréhension lorsque l'avion oscille de droite à gauche, pointe du nez puis remet les gaz. Nous nous posons en fin de compte sans souci.
  En ville nous retrouvons le couple de Français. Ils partent ce soir pour Kuching. Nous faisons quelques boutiques avant de laisser Vincent. Dans une heure il part pour KL pour une  ultime soirée avant son retour en France. Notre voyage en commun s'achève ici. Pour Luisa et moi, un second parcours débute. Nous finissons la soirée tranquillement dans un petit restaurant que nous connaissons.     

Jour19:
  Nous avons une journée de transition à passer à Miri. Nous décidons de nous rendre au parc national de Lambir Hills. Y aller est déjà une aventure ! Sur les indications de la gérante de l'hôtel, nous rejoignons un arrêt de bus situé sur les périphériques de la ville. Nous attendons infructueusement le bus 33A qui ne viendra jamais. Changement de tactique. Nous arrêtons le premier bus qui passe puis un second, qui nous emmènera jusqu'à une station service qu'il faudra atteindre en se faufilant entre les véhicules qui roulent à vive allure. Un personnel de la station nous indique la petite route à suivre pour rejoindre la station de bus à pied. Nous achetons deux tickets pour le premier bus qui fera un arrêt proche du parc national. A 11h15 nous sommes devant l'entrée. Un beau et gros papillon est posé sur les
piliers d'un bâtiment en construction. Un serpent bloque l'accès à la passerelle qui mène aux sentiers du parc. Je ne sais pas si le reptile est dangereux ou non, mais dans le doute j'hésite fortement à m'engager et franchir l'obstacle. Après un long moment d'hésitation et d'appréhension nous finissons par dépasser le vigile rampant qui pour nous montrer son approbation se tient la tete redressée. Par très rassurant pour être honnête, d'autant que le serpent s'avérera être vénéneux. Nous pouvons enfin aborder les sentiers de la foret secondaire, peu dense, dans laquelle nous marchons à l'ombre du soleil brûlant. Peu d'insectes, pas d'oiseaux ni d'animaux, mais des versants pentus qui alternent sans discontinuité entre montés et descentes. Nous dévalons une pente jusqu'à une chute d'eau où trois personnes se baignent. Le décors n'a rien de formidable, et des moustiques nous persuadent de remontrer sans perdre de temps. Nous préférons donc fournir encore quelques efforts pour revenir à un abri quelques centaines de mètres plus haut. Luisa est épuisée par la chaleur et les dénivelés consécutifs. Des petits pains avec de la saucisse nous redonnent des forces.
  En sortant de la foret, démunis de toit pour nous protéger du soleil, nous subissons agressions brûlantes de ce dernier. Nous attendons sur le bord de la route le passage d'un bus en direction de Miri. Le premier qui passe ne s'arrête pas. Je tente un moment d'arrêter en vain un véhicule. L'auto stop n'est pas l'activité favorite sur Bornéo, et nous le vérifions à nos dépens. Finalement un couple de jeunes chinois s'arrêtent avec une grosse berline climatisée. A peine 10 minutes que nous sommes dans la voiture qu'ils demandent nos adresses email ! Ils nous déposent à coté de l'hôtel où nous avons laissé les sacs. Lorsque nous entrons, nous retrouvons avec étonnement Rénato, assis sur un des fauteuils en osier du salon. Il est arrivé de Barrio après avoir annulé son trek de 4 jours en raison de la pluie et des chemins impraticables. Il a changé son billet de vol retour pour la nième fois et ainsi rejoins Miri avec anticipation sur son dernier programme. J'apprécie la compagnie de Rénato qui me ramène à mes premiers amours de voyageur solitaire. J'aime sa philosophie de la route, ici et maintenant et peut être ailleurs demain si l'opportunité se présente. Nous discutons avec la très serviable gérante des lieux. Sur ses conseils nous allons acheter des médicaments chinois dans une pharmacie voisine. 
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Partie3:Des iles de la péninsule à Penang

Johor Bahru, porte d'entrée saturée

  18 heures tapante. Le taxiste frappe à la porte de l'hôtel puis redescend nous attendre. Nous vérifions de ne rien oublier, saluons Rénato, à priori certains de ne plus croiser sa route d'ici la fin de notre voyage. Nous filons à l'aéroport. Nous commençons à bien connaître celui-ci. C'est par les airs que nous quittons Bornéo, avec un petit pincement au coeur de laisser un bout de terre unique et qui, même si nous revenons dans le futur, aura subi jour après jour les ravages de la déforestation. L'image que nous en conservons est encore celle d'une foret authentique. L'avion dans lequel nous embarquons nous parait immense en comparaison de ceux utilisés dernièrement. Nous survolons Singapour avant de nous poser à Johor Barhu. Il fait nuit. Informations prises, nous nous dirigeons vers le centre ville à la recherche d'hôtels que nous avons un peu de mal à trouver. La ville est étonnement animée. De l'agitation dans les rues, des lumières, des boutiques ouvertes. Nous traversons un quartier indien. L'hôtel que nous recherchions est complet. Mauvais augure. Idem pour le second...le troisième, le quatrième. Je ne sais pas quelles festivités particulières attirent tant les visiteurs pour ce samedi soir mais la situation devient problématique. Nous finissons par en trouver un qui possède deux chambres à deux lits doubles disponibles. Nous en louerons une pour le tarif d'une double. Nous nous en tirons bien...

Jour20:
    Nous sommes juste à coté de Singapour, séparés de l'ile par le pont qui la relie à la péninsule. La question s'est donc posée de savoir si nous allions y faire un tour. L'occasion est tentante. Nous rentrons de Bornéo et l'idée de nous plonger dans l'atmosphère technologique de la ville nous laisse perplexe. D'autre part beaucoup de monde vient à Singapour le week end depuis Johor Barhu, et le trafic pour passer le pont, et franchir la douane nous résigne. Nous abandonnons l'idée pour nous consacrer à notre première perspective. Nous trouvons un bus public qui nous conduit à la gare périphérique de la ville. Je retrouve l'atmosphère chaotique caractéristique de l'Asie. Des bus par dizaines, des comptoirs de compagnie à n'en plus finir, des rabatteurs. L'activité est dense. Seul problème pour nous : tous les bus pour Mersing, que nous devons rejoindre, sont complets jusqu'à ce soir, voire demain matin. Nous nous apprêtons à partager un taxi avec un autre voyageur mais on nous signale qu'aucun n'est actuellement disponible pour sortir de la ville. Je crains plutôt une manoeuvre car le prix que nous exigeons ne doit pas être 
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suffisamment élevé pour le taxi et le pourcentage prélevé par l'intermédiaire que nous avons sollicité. Nous partons alors en quête seuls. C'est alors qu'on nous indique un bus à destination de la ville de Kota Tinggi. On grimpe à bord. Le bus quitte la station. Il faut 1h15 pour sortir de Johor Barhu très encombré par une circulation dense. Je ressentais dans cette ville une atmosphère que j'aimais bien. Rien de particulier à y faire mais une agitation qui traduit la vie réelle. Tout un programme...
  A Kota Tinggi il nous faut changer de bus. Le temps d'attente nous laisse le temps d'acheter et goutter à des beignets de poisson ainsi que des fruits. La vendeuse m'en rajoutera généreusement. La pause culinaire est succulente. Quelques touristes rebutés par le temps du parcours annoncé descendent pour partager un taxi. Nous persistons et restons assis sur nos sièges. Je préfère rester encré dans la réalité du quotidien  qu'on tend à oublier, à vouloir toujours aller trop vite. Le bus démarre, s'arrête puis repart au rythme des vas et viens des passagers qui montent et descendent le long de la route.
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Arrivée décevante à Tioman

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  1h30 seulement et voici Mersing. Immédiatement nous allons réserver le ferry pour l' ile de Tioman. Nous avons eu vent des difficultés d'hébergement sur les iles, aussi nous réservons un bungalow au nord de l'ile pour deux nuits. Voilà la belle affaire conclue, et l'assurance de ne pas avoir a courir les hôtels à la nuit.
  Nous embarquons. Un long moment nous restons immobilisés, légèrement balancés par les flots du ports, pendant que des employés font le plein des réservoirs. Nous partons enfin, mais restons plantés quelques minutes après, bien avant d'avoir rejoint le large. Il semble que nous soyons bloqués dans les eaux trop peu profondes. Les moteurs vrombissent, la coque se soulève, mais le bateau reste statique. On demande aux passagers assis à l'arrière de la cabine de se lever et d'aller sur la partie avant, afin d'alléger la poupe. Enfin le navire est délivré. Nous laissons les eaux marrons du port pour entrer dans le bleu de la mer de Chine. Je m'endors. Deux heures après avoir quitté Mersing, les iles montagneuses de Tioman apparaissent, avec ses collines plantées de forets, et bordées de plages de sable blanc. Nous remontons la cote ouest, faisant plusieurs arrêts avant de descendre au dernier, au nord de l'ile, à Salang. Il fait nuit. Nous longeons la plage, les hôtels et restaurants, pour rejoindre notre bungalow, au calme. L'accueil à la réception n'est pas des plus agréable, et la première impression des lieux laisse un sentiment peu enthousiaste. La découverte de notre chambre confirme ce ressenti. On accède au bungalow par une agréable terrasse qui donne sur les deux chambres indépendantes qui constituent le bungalow. L'éclairage laisse envisager des lectures relaxantes face à la mer, assis sur une des deux chaises en bois. L'intérieur sera moins réjouissant. Une pièce unique aux murs en contreplaqué et à la moquette tachée contient le lit accolé contre la cloison de la salle de bain. Une longue table adossée le long de la fine cloison qui sépare du second logement nous servira à déballer nos affaires de première utilité ; une chaise et un petit meuble garnissent la chambre. Dans la salle de bain médiocre et pas très propre, un grand récipient bleu au fond crasseux, d'environ un mètre trente de haut, est posé entre la douche et le lavabo fendu. L'image idyllique de Tioman comme petit paradis tropical n'est pas totalement en adéquation avec la réalité de notre décors intime.
  Pour nous remettre de cette déconvenue nous allons commander un dîner au restaurant familial chinois qui installe ses tables à la nuit venue, situé à coté de l'hôtel. Je commande une assiette de poulet inscrite sur la carte du menu, mais la malchance me joue des tours puisque la viande n'est pas servie. Je me rabats sur un plat de 
riz frit...J'échappe de justesse à une assiette beaucoup trop épicée. Luisa commande des crevette au barbecue...on lui apporte des calamars grillés...Est ce la malédiction de Tioman qui s'en prend à nous ? Elle refuse le plat, et finira avec une malheureuse assiette de légumes froids ! Pour se réconforter un peu, nous commandons un coca...Ah pardon ? Il n'y a pas de coca...et bien nous prendrons autre chose...Bien bien...Tioman quand tu nous tiens ! On fantasmait l'ile et  nous voici plongés dans une succession de déceptions. Nous profitons tout de même de la soirée pour faire une promenade et jauger l'activité nocturne dans le centre animé. Nous rentrons ensuite pour une longue séance de lessivage. Température, humidité et odeur sont une nouvelle fois venues à bout des nos réserves vestimentaires. Une journée de transfert s'achève, longue, indécise, inattendue, mais au moins nous sommes à bon port. Sur que Tioman nous réservera demain quelques belles surprises.
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La plage aux macaques

Jour21:
    Nous passons une nuit reposante. Au réveil la chambre spartiate ne me parait plus aussi lugubre que la veille. Bien sur le revêtement du sol est taché, les panneaux en bois des cloisons décollés et la salle de bain rustique mais le coté sommaire à l'antithèse de ce que nous imaginions lui donne un cachet atypique. Peut être dis je cela uniquement pour me rassurer car l'austérité de la chambre est à l'image de l'accueil peu chaleureux et peu souriant qu'on nous réserve jusqu'à présent. On a plutôt l'impression de déranger lorsqu'on commande un roti banane dans un restaurant et qu'on nous répond qu'il n'y a pas de banane. Passons pour l'hôtel. Passons pour le restaurant. Laissons l'amer pour aller voir la mer. Une eau claire s'avance sur le sable à marée haute et donne avec les reflets de soleil des teintes vertes ou plus brunes lorsque des coraux tapissent les fonds. La température est parfaite pour se rafraîchir de la chaleur humide ambiante. Nous sommes entourés de quelques poissons colorés. Par transparence nous les regardons s'égarer sur nos pieds qu'ils viennent suçoter. La plage est quasiment déserte. L'ombre des palmiers nous abrite du soleil cuisant. Trois macaques chahutent dans les branchages avant de descendre sur le sol et d'approcher à la recherche d'un met alléchant à emporter. La foret est juste à coté, sur le versant de colline qui bordent la plage et dans laquelle se dissimulent des bungalows.
  Nous rentrons manger puis nous reposer dans la fraîcheur de la chambre climatisée. La sieste prend des allures de nuit diurne. Les tetes lourdes, un peu vaseux d'avoir trop dormi, nous retournons à la plage principale en suivant la mer sur le sentier qui longe bungalows, cafés et restaurants sur plusieurs centaines de mètres. Le soleil a perdu de son intensité, et la chaleur de fin d'après midi est très appréciable. Nous barbotons dans l'eau tiède pendant que le soleil descend sur l'horizon. Un ilot de rochers et de forets donne un décors de carte postale sur fond de rouge crépusculaire. Quelques bateaux de pêches amarrés dansent agilement en rythme avec les ondulations faibles de l'eau, tamisés par un éclairage naturel rougeoyant.
  Ce soir nous aurons une colocataire pour nous tenir compagnie. Une petite grenouille verte s'est installé sous le lavabo de la salle de bain.

Jour22:
    En sortant la tete du bungalow, on constate qu'un beau ciel sans nuage fait miroiter une eau bleue verte. La mer se reflète sur les fonds sableux. Nous échangeons quelques mots avec notre voisin de chambre arrivé par le même bateau que le notre. Australien il est aussi à l'aise avec l'Italien qu'avec le Français. Nous prenons le petit déjeuner ensemble. Nous apprenons qu'il a longtemps été rédacteur de guides lonely planet sur des destinations européennes comme l'Italie ou la Sardaigne et a d'ailleurs vécu un an à Florence. Les rencontres sont parfois surprenantes! Damien nous abandonne car il a rendez vous au centre de plongée. Nous décidons quant à nous de suivre l'itinéraire dans la jungle qui suit la cote et accède à plusieurs plages sauvages. Nous louons du matériel de snorkelling et partons à l'assaut du chemin qui s'élève sur les hauteurs du village. Le sentier monte abruptement dans la foret sur un terrain accidenté bardé de troncs d'arbres, de racines épaisses et de marches taillées dans la terre. Nous sommes rapidement trempés de sueur.
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D'après les informations que nous avons, l'itinéraire grimpe au sommet de la colline avant d'en redescendre, puis de remonter à nouveau et enfin mener aux différentes plages au prix d'efforts importants. Luisa est à bout de souffle, et la chaleur a entamer notre élan. Avant d'atteindre le premier sommet, chargés de notre matériel de nage, nous décidons de faire demi tour. Retour donc à Palang, suite à une randonnée avortée.
  La marche se voit remplacée par une activité beaucoup moins énergivore. Farniente, lecture et baignade sont au programme. Nous sommes tranquillement allongés sur la natte en rotin tressée, à l'ombre d'un palmier, lorsqu'un macaque s'approche et nous montre les dents. Il a senti l'odeur alléchante de gâteaux que nous avons sorti du sac. Je n'ai pas l'intention de les concéder pour sa dentition imparfaite, aussi je le chasse par des gestes brusques. Fâché, il grimpe au sommet de l'arbre et se défoule sur une noix de coco qu'il décortique. Il nous bombarde des écorces du fruit. C'est alors que l'averse s'en mèle, du moins c'est ce que je pensais avant de réaliser qu'il s'agit du jus de coco qui nous arrose d'une pluie sucrée. Ils sont trois macaques à batifoler au dessus de nos tetes lorsque le premier se résigne à descendre pour ouvrir le couvercle de la poubelle et s'emparer de son contenu. Ouste...
  Les eaux peu profondes hébergent quantité de poissons tropicaux. Des ronds, des longs, des rayés multicolores. Avec nos équipements nous explorons ce monde sous marin à porté de tuba. Quelques coraux tapissent le fond. J'aime y plonger en apnée et descendre les observer de prêt, voir leur forme originale et leur couleur vive, scruter un bivalve s'ouvrir et se fermer dans le creux d'un rocher. Immobiles que nous sommes, plusieurs espèces semblent s'intéresser à notre présence et se rassemblent autour de nous, nous effleurent. Certains nous mordillent. Si ce n'est pas le balai permanent d'un univers tropical inépuisable, il s'agit cependant de belles rencontres. Sur le sable, un macaque refait une tentative en jouant les éboueurs pour s'emparer du contenu de la poubelle dont il a déjà oté le couvercle. Je m'approche pour l'effrayer et le faire fuir mais au lieu de l'effet escompté le singe s'avance vers moi en soufflant et montrons ses dents acérées. Je recule, très peu enclin à me faire mordre par le primate. Une quinzaine de touristes allongés sur leur serviette assistent au spectacle.
  Le soleil a baissé son rideau brûlant. L'eau est translucide, immobile. La mer est calme, huileuse, chaude. Les rides de sable dessinées par le va et vient du courant rayent le plancher aquatique. Les poissons sont visibles par transparence. Nous profitons, jusqu'à ce que la clarté disparaisse, de ce bain salé, relaxant, et apaisant, dans le silence de la course du soleil qui rejoint son lit douillet. Ce soir Tioman livre sa facette paradisiaque. Rouges comme des pivoines nous rentrons au bungalow, prenons une douche et nous préparons. Nous dînons d'un repas simple et délicat, les pieds dans le sable tiède, abreuvés de liquide aussi réhydratant que désaltérant, assommés par un barbotage prolongé. 
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Les amis de Némo

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Jour23:
    Le temps est à la grisaille. Nous longeons les bungalows du bord de plage, le long du coeur animé, et piquons une tete pour nous réveiller. Les nuages sombres et bas voilent le ciel. Personne dans la mer, exceptés quelques poissons. Sans trop tarder nous allons nous installer sur une terrasse prendre le roti banane et le café matinal. Après quoi nous rentrons à la chambre, lorgnant les boutiques qui balisent le chemin. Nous hésitons longuement étant donnée la météo du jour et la mer agitée, puis optons au dernier moment pour un tour vers l'ile aux coraux qui s'étend au large. Le hors bord file à vive allure. La coque se soulève puis frappe violemment  la surface de l'eau à hauteur de crête, et soulève de grands jets d'eau. Un couple d'italiens nous accompagne, ce qui procure à Luisa une occasion rêvée pour parler un peu sa langue. En une vingtaine de minutes nous atteignons l'ile où nous jetons l'ancre. Immédiatement nous faisons immersion dans le jardin sous marin semblable à celui que nous côtoyions la veille, mais plus varié et plus vaste. On s'émerveille et s'amuse devant des poissons clowns qui joue à cache cache dans les tentacules remuantes au grès du courant d'une anémone de mer. Curieux et peu peureux les petits poissons orange et blanc approchent nos mains tendues et se laisse toucher. Nous baptisons l'attraction " Némo " et renouvelons l'expérience chaque occasion qui se présente. Je retiens ma respiration pour descendre en apnée à une dizaine de mètres, admirer les végétaux et les coraux. Nous palmons jusqu'à la petite plage puis rentrons au bateau, tuba à la bouche, masque plaqué contre le visage. Pour nous protéger du soleil nous avons gardé le tee shirt. Moteur en marche, il ne fait pas si chaud à se déplacer mouillé, face au vent, le soleil timide. Nous accostons sur une plage de sable blanc. Des plantes grimpantes habillent la lisière de la foret qui constitue le coeur de l'ile. Les branches rampantes recouvrent le sable. De gros rochers polis constituent de beaux amas au dessus de la mer. Nous mangeons quelques biscuits ; unique nourriture emportée. Deux varans sortent de leur cachette pour se joindre à nous. Le plus imposant fait bien un mètre de long. Mi serpent géant avec sa langue fourchue, mi iguane avec son allure reptilienne préhistorique, les deux compères ne sont guère effarouchés par notre présence. Un groupe de Français accostés d'un autre bateau leur jette des restes de poulet. Beau geste de stupidité et d'ignorance. L'attitude qui me révolte. Si on voulait apprendre aux varans à ne plus se débrouiller seuls on ne s'y prendrait pas mieux. Nous nous jetons à l'eau et palmons jusqu'à l'amas rocheux. Des crabes se promènent le long des parois. Des oiseaux piaillent. Nous rentrons au bateau et poursuivons l'itinéraire. Le moteur redémarre. Nous filons vers la dernière escale, proche d'un autre amas rocheux immergé. Même faune, même flore, mais des fonds plus profonds. Je ressens une sorte d'ivresse à piquer la tete et descendre jusqu'à ce que le souffle devienne court. Un appel des profondeurs que mes limites pulmonaires réduisent à quelques litres consommés en un temps trop bref. Le soleil a fini par percer et ses rayons cognent sur nos peaux rougies. Nous rentrons au port, avalons un petit encas puis allons nous reposer aux heures encore chaudes de l'après midi. Sur l'itinéraire qui mène à la plage coule un cours d'eau peu profond. Depuis le pont qui enjambe la rivière à son endroit le plus large, nous surprenons un énorme varan qui se prélasse. Un second plus petit descend le long du lit. Nous nous jetons dans la mer limpide, jouons avec les poissons. Les fonds sablonneux sont d'une clarté magnifique. Le soleil descend derrière l'ilot rocheux. La lumière rasante donne aux palmiers un vert étincelant. L'étoile flamboyante descend encore dessinant une ligne orangée quasiment rectiligne qui relie l'horizon à la plage, vacillante sur la surface de l'eau au
grès de l'onde calme qui effleure la mer. Le couché est splendide et de orange, le soleil termine sa course dans une teinte rouge qui se diffuse sur l'horizon. Le calme et la plénitude sont à leur paroxysme. Au maximum nous profitons de l'atmosphère avant de filer nous dessaler sous une douche froide.
  Dans l'ambiance du petit restaurant que nous avons adopté, pieds dans le sable, bercés par une musique crachée par les hauts parleurs du bar, nous commandons un savoureux repas. Nouilles à la tomate, poulet champignons, légumes, pommes de terre, poisson et crevettes grillés arrosé d'un jus de citron. Petit régal culinaire. Nous avons investi les lieux et appris à vivre au rythme de l'ile pour en découvrir ses petits secrets, percer ses mystères et faire des déconvenues du premier soir un référant qui nous laissera l'amertume du départ.
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En remontant la cote est

Jour24 :
  Le réveil sonne. Nous traînons au lit. La grenouille que nous avions sortie après deux jours passés dans la salle de bain est revenue. Nous la trouvons au même endroit, assise a coté de la colonne du lavabo, dans la même position. Peut être est-elle revenue pour nous saluer avant le départ ! Nous prenons le petit déjeuner avec notre voisin Damien, qui se prépare pour de nouvelles plongées. Au vue du retard aléatoire du ferry les jours passés, nous craignions de devoir attendre. Il arrivera en fait quasiment à l'heure. Nous longeons une partie de la cote ouest de l'ile avant de prendre le large. Deux heures plus tard nous accostons à  Mersing. Nous avons juste le temps d'acheter de quoi manger et boire ; un bus doit arriver. Pas de temps mort. Tous les voyageurs arrivés avec nous prennent la direction de Johor Barhu ou Singapour. Nous repartons quant à nous vers le nord de la péninsule pour un voyage de 7 heures. Au bout de trente minutes nous faisons une pause déjeuner dans un restaurant de bord de route. Ce n'était pas la peine de nous presser tant pour trouver de quoi nous remplir l'estomac ! Nous tirons partie de cet arrêt en buvant un café au lait sucré. Nous reprenons la route, et longeons la cote est. Parfois la mer apparaît, mais souvent elle demeure invisible. La route est relativement bonne. Nous laissons des ports et ses bateaux malais. Une zone industrielle pétrolière crache des flammes en continu par d'innombrables cheminées. Symbole puissant d'un gâchis irréversible. La deuxième partie du trajet est moins roulante. Les villes se succèdent, le trafic se densifie. Des feux tricolores, pas toujours respectés, ralentissent encore la circulation. Ces trajets en bus sont des moments du voyage que je convoite. C'est un défilé continu de paysage, un renouvellement de scènes de vie, sans intensité propre, mais propice à la pensée. C'est le moment d'associer la vue aux souvenirs, aux évocations, aux attentes. Après chaque ligne droite surgit l'inconnue et la nouveauté. Le temps se suspend et n'a plus d'importance. Nous sommes juste voués aux aléas de la route.
  Il faudra 7h30 pour rallier Kuala Terengganu. Il fait déjà nuit dans le vacarme animé de la station de bus. Sur les instructions vagues d'un officier de police, nous partons à la recherche d'un hôtel que nous trouverons dans un quartier populaire de la ville. Nous prenons possession d'un belle chambre, confortable et très propre, pour nous reposer de la journée de transfert sans grande activité physique, mais remuante et malgré tout fatigante.
  Nous prendrons un plat de nouilles et un jus d'orange dans un petit restaurant traditionnel, avec le sourire du cuisinier qui lance sa patte d'un geste travaillé pour préparer ses rotis.

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Jour25:
    Que la nuit fut bonne dans cette chambre classieuse ! Nous retrouvons la table d'hier soir pour un petit déjeuner sans prétention avant de marcher jusqu'à la gare de bus. Il nous faut absolument retirer de l'argent pour les prochains jours. Je me fait indiquer le quartier des banques où je trouve de nombreux distributeurs de billets de diverses compagnies. Pour une raison que j'ignore encore à ce jour les banques refusent le débit que je demande. Je n'ai pas le temps de courir à la recherche d'autres guichets, car le bus doit partir sans tarder. Nous montons donc à bord sans l'assurance de pouvoir retirer dans la petite ville où nous allons afin de prendre un bateau. Il faut 2h30 pour atteindre Kuala Besout, c'est à dire beaucoup plus que ce que je pensais. La route est agréable. La densité des villes a laissé place à un décors plus sauvage. Les palmiers se multiplient, des allées perpendiculaires à la route principale tracent des sillons dans le paysage, des maisons apparaissent ici où là. Nous longeons la mer. Premier impératif en arrivant: retirer de l'argent. Malgré les doutes qu'on nous avait mis, il y a bien un distributeur, à un kilomètre de là où nous sommes. Nous voici presque sauvés, car sans cela nous aurions du nous rendre dans la ville la plus proche, ce qui nous aurait fait perdre un temps précieux. Un inconnu m'y conduit. Je retire la liquidité nécessaire puis ce dernier me ramène. Nous achetons les billets de bateau pour les iles Perhentia. On nous rassure sur les logements en nous assurant que nous en trouverons sur place sans problème. Il n'y a de toute façon aucune réservation possible ce qui ne nous laisse pas d'alternative. Pour autant nous sommes en début de week end, ce qui laisse présager la venue de nombreux locaux et donc des difficultés pour trouver de quoi se loger.
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Scénario improbable sur l'ile Perhentian

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Nous embarquons à bord d'un petit bateau à moteur avec douze autres personnes. Un couple d'Anglais que nous avons rencontré en arrivant à Kuala Terengganu est assis à coté. Après quarante minutes nous laissons la grande plage sur notre gauche, débarquant au passage un touriste ou deux que récupère un bateau taxi, puis faisons le tour de l'ile avant de débarquer à Corail Beach. La première personne que nous rencontrons dès que nous mettons pied à terre nous indique que les hôtels sont tous pleins. Nous longeons la plage de réception en réception et vérifions qu'effectivement les hébergements sont complets. Pas de possibilités non plus d'anticiper en réservant pour le lendemain. Le seul moyen est de revenir le matin sur place et prendre la place d'un éventuel sortant! Le mode de fonctionnement me parait un peu étrange mais nous ne nous résignons pas et poursuivons nos recherches. Il fait une chaleur assommante. Luisa s'installe à l'ombre à coté de l'anglaise dont le mari est parti prospecter de son coté à la rechercher d'un lit. Je traverse l'ile par le sentier emménagé qui se fraie un passage à travers la foret et rejoint la plage de Long Beach en dix minutes. Même démarche infructueuse et même refrain : complet ! J'interpelle un jeune couple que je croise, à la chasse aux informations. Ils m'indiquent qu'ils reste encore des lits disponibles dans un hôtel où ils ont réussi à trouver des places il y a peu de temps. Je les suis. Luisa arrive avec les sacs, accompagnée du couple d'Anglais. Avec grand soulagement nous trouvons effectivement une chambre spartiate en remontant, sur le bord du chemin, en retrait dans la foret peu entretenue. La chambre a une odeur d'humidité. Il n'y a pas de serviette, ni de papier toilette ni même de draps. Mais nous disposons au moins d'un lit et en prime d'une moustiquaire. La situation est tellement absurde qu'elle m'amuse. Nous nous retrouvons à payer un prix fort pour passer une nuit dans une ile saturée ou les réservations ne sont pas possibles. En milieu d'après midi nous trouvons cet hôtel que nous soupçonnons de faire monter les prix aux heures avancées de la journée. Le couple d'Anglais s'installera par défaut dans les deux derniers lits d'un dortoirs voisin. Long beach a des airs totalement différents de ceux de Salang. Une grande plage colorée avec les façades des restaurants, des cafés, des offices improvisés de locations de matériel ou de tours, les parasols multicolores ouverts sur le sable, les bateaux amarrés sur la plage à marrée basse. Elle ressemble à une plage comme on les trouve chez nous, trés prisée, plein de touristes allongés sur leur serviettes, brûlants au soleil. L'eau ressemble à celle de Tioman mais sans la couché de soleil sur cette partie de l'ile. Nous nous livrons à
  
de nombreuses comparaisons. Il fait nuit lorsque nous nous installons à la terrasse du premier restaurant dont les tables sont installées sur le sable. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver un endroit pour dormir, maintenant nous profitons de l'instant pour décompresser et nous relaxer dans une ambiance apaisante. L'attente viendra briser cette tranquillité. Nous patientons depuis plus d'une heure pour être servis de deux plats de nouilles frittes. Nous demandons, redemandons. On nous a probablement oubliés. Enfin les deux assiettes arrivent pour nous régaler sauf que le plat est proprement dit écoeurant. Le poulet servis a un gout d'abat rance et les légumes des aromes indigestes. Nous ne terminons pas Décidemment l'arrivée dans les iles n'est pas notre fort ! Nous payons l'addition, agacés mais sans rechigner, et rentrons dans notre palace d'infortune. 
      Jour26:
    7h45. Je saute du lit encore un peu endormi, enfile mon maillot de bain, mes claquettes, et descend à la plage à la recherche d'un nouveau lit pour ce soir. J'ai hier soir eu la garantie-et ceci dans plusieurs hôtels- qu'en venant tot je pourrais avoir une place en me substituant à des départs matinaux. Organisation incroyable ! Verdict du premier hôtel : complet. Deuxième hôtel : Complet. Je raconte ma venue de la veille et explique le scénario qu'on m'a décrit. On me rétorque qu'en effet il y a bien eu des départs mais qu'ils sont déjà remplacés. Bla bla bla... Je n'en crois rien d'autant je suis arrivé bien avant l'heure qu'on m'avait donnée. Je finis par abdiquer. Troisième hôtel : complet. Même refrain. Le gérant m'assure qu'aucune chambre n'est libre. J'insiste. Je finis par obtenir un chalet avec salle de bain. Je souhaite payer d'avance mais on refuse le paiement et me dit de revenir à 11 heures. Je m'assure de la réservation en remplissant le registre d'inscription. J'insiste encore. Il m'assure qu'il n'y a pas de problème. Je rejoins Luisa à la chambre. Je lui explique le scénario improbable tout en émettant encore des réserves. Tant que nous ne serons pas dans la chambre les doutes ne se dissiperont pas. Lorsque nous avons déjeuné nous décidons de nous rendre à l'hôtel réservé tout en gardant la clé de la chambre actuelle afin d'anticiper toute éventualité. En allant récupérer un de nos sacs, nous retrouvons le couple d'Anglais. Le mari vient de réserver un chalet dans le même hôtel que le notre. Cette annonce ne présage pas de bonnes nouvelles pour nous. Sur place, mes doutes s'avèrent fondés. Lorsque j'interpelle le gars de l'hôtel, il semble réfléchir puis affirme que les touristes qui devaient quitter le chalet ont décidé de rester. Foutaise. Sans le vouloir les Anglais nous ont doublés. Je perd patience et lui explique ma façon de penser. Il disparaît un instant pour aller soit disant discuter avec une fille. Il revient ; je ne laîche pas la pression. Comme par enchantement une chambre se libère dans la matinée. Je continue de fustiger. Pour être certains de ne pas nous faire avoir une nouvelle fois, nous réglons le montant de la nuit, et laissons les sacs dans l'entrée. C'est le week end et il y a beaucoup de monde qui vient profiter des iles, mais cela n'explique pas le disfonctionnement du système et la manière indécente de traiter les clients. Ce système est vraiment absurde. Aucune réservation n'est possible à l'avance. Il faut être les premiers et encore cela n'est pas une garantie puisque certains trouvent une place là où d'autres n'en trouvent pas en les précédant. Il ne semble même pas y avoir de logique dans ce traitement aberrant.
      Le chalet est agréable, du moins au premier abord. Le lit est surmonté d'une moustiquaire bardée de trous. Les plaintes en bois sont décollées, les lattes du plancher déjointées, ce qui ne rassure pas Luisa. Elle y voit un beau présage d'autant de portes d'entrée pour des invités nocturnes...La salle de bain désuée est équipé d'une douche vétuste, d'un robinet pour les pieds faisant office de lavabo et d'un toilette. La fenêtre décellée ne s'ouvre pas. A la porte d'entrée s'oppose une seconde porte qui accède à une terrasse. Le couple d'Anglais sera notre voisin de droite ! Luisa est très rétiçante. L'odeur des poubelles qui émane depuis la terrasse, et l'état délabré de la salle de bain lui donnent un gout amer. Pérhentian la paradisiaque...
   
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Long Beach

Enfin un peu de tranquillité. Nous louons masques et tubas et allons faire du snorkelling le long des rochers qui prolongent la plage. Nous observons de nouvelles espèces de poissons mais aucun coraux. En guise de réconfort je sors un paquet de cacahuètes qui reste dans le fond de mon sac. Je constate que le sachet en plastique a été étrangement déchiqueté à plusieurs endroits. Un rat s'est invité dans mon sac durant la nuit et a profité de son copieux repas pour y laisser ses crottes. Petite sieste et longue baignade dans les eaux tièdes, jusqu'à ce qu'une énorme barrière noire recouvre le ciel comme un plafond obscure qui menace de s'effondrer. Nous sortons de l'eau, en suivant attentivement l'évolution de l'inquiétante enveloppe. Les grosses formations nuageuses se dissipent. L'orage nous épargne mais la pluie s'invite. A l'abri de l'avant toit qui protège la terrasse du chalet, je me replonge dans l'atmosphère du début de voyage. En parcourant quelques pages d'" Au coeur de Bornéo "je suis transporté dans la foret, au cours d'une expédition du vingtième siècle sur les traces d'un rhinocéros.
  La pluie cesse. Je pars courir sur la longue plage. La marée basse fait apparaître les ancres des bateaux à moteur, plantées dans le sable. Il n'y a plus personne. Je cours sur le sable dur, le long des sillons tracés par la marais, enjambant les cordes d'amarrage. Je transpire à grosses gouttes et le bain rafraîchissant dans la mer calme et vide est d'un réconfort divin. Je termine ma séance de balnéothérapie en site naturel par des exercices d'étirements. Cette issue est un moyen efficace de motivation pour un footing dont je suis peu coutumier!
  Après les mésaventures culinaires de hier, je ne prend aucun risque et commande un hamburger frittes. Peu exotique mais au moins je ne m'expose pas à de nouvelles déconvenues. Sauf que la viande a un gout de je ne sais trop quoi, mais certainement pas de boeuf ! Et bien je tenterai autre chose demain. L'ambiance de soirée sur la plage est festive sans être excessive. De petites tables sont installées sur le sable, éclairées à la bougie. On s'assoit ou s'allonge sur les nattes tressées pour siroter un jus de fruit, ou consommer une bière ou encore un alcool plus fort, à écouter un concert folk.
  Le retour au chalet est moins sympathique. Les craintes de Luisa s'avèrent réelles. Je me transforme en chasseur de blattes. Je fais une revue d'inspection dans la salle de bain où les petites bettes se dissimulent le long des canalisations branlantes, à travers les plaintes pourries. La tete du balai frappe les carapaces sombres.  Une petite grenouille assiste au spectacle. Sacré grenouille ! Sacré spectacle ! Même combat déséquilibré dans la chambre. En ouvrant mon sac une de ces bestioles me fait sursauter. Je la chasse d'une pichenette. Elle disparaît je ne sais où. Je ne la retrouve ni dans la chambre, ni à l'intérieur de mon sac que je viderai méticuleusement le jour venu. Elle a déjà du se glisser entres les planches et disparaître dans la nuit...
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Le tour de l'ile

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Jour27:
    Les crissements des blattes ravivent le silence de la nuit lorsque les bruits extérieurs cessent. Luisa passe un nuit agitée. Au matin l'animation quotidienne s'organise, et le défilé journalier des voyageurs débarqués en toute insouciance débute. Sacs posés sur le sable, ils errent sur la plage en quête d'une chambre. Cette scène coutumière rythme les mouvements de l'ile.
  Nous embarquons pour un tour en bateau, pour faire du snorkelling sur différents spots. Nous sommes huit dans notre hors bord mais d'autres bateaux suivent approximativement le même itinéraire. Une chinoise, accompagné de son ami, fait le spectacle à bord. Le roulis du bateau à l'arrêt et les mouvements ondulatoires de l'eau lui soulèvent le coeur. Elle est, à chaque remontée, systématiquement malade. Sympa la sortie ! Pour éviter les balancements du bateau chahuté par la mer remuante, elle se précipite bien avant tout le monde pour la mise à l'eau, par des figures acrobatiques aussi drôles qu'efficaces. Si ses chorégraphies la mettent parfois dans des positions inconfortables, elles présentent l'avantage escompté de la projeter à l'eau. Je suppose qu'elle terminera la journée avec quelques équimoses. Pour en revenir à l'essentiel et donc à la découverte de quelques sites côtiers de l'ile, on retiendra un bel échantillonnage de la faune et de la flore tropicales malgré une visibilité limitée. Plus original et plus palpitant est la découverte de nouvelles espèces. Deux raies respectivement tachetée de points bleus et oranges ondulent chalemment avant de disparaître sous les rochers. Rencontre inattendue mais surprenante : un petit requin d'un trentaine de centimètres guettent les bancs de poissons pour se nourrir. Les eaux agitées ne nous permettrons pas d'en voir de plus gros. Dans le bleu de la baie des tortues, la carapace énorme d'une tortue de plus d'un mètre de diamètre sonde les fonds. En apnée à quelques dizaines de centimètres l'animal ne semble pas effrayée par notre présence, et dégage une placidité onctueuse. La tortue remonte respirer à la surface avant de replonger. Sur un autre spot, des poissons de taille gigantesque font sensation. Une dizaine de ces gros poissons, un mètre cinquante de long peut être, le front aplati qui leur confère un air inquiétant, s'enfoncent vers le large. Nous les suivons un moment à la propulsion des palmes. Record de grandeur ! L'immanquable Nemo suscite un intérêt à chaque rencontre. Entre deux séances de snorkelling nous faisons une pause 
dans un village de pêcheurs pour déjeuner. Rien d'extraordinaire mais un repos à terre nécessaire pour reprendre des forces. Nous terminons le tour par un arrêt dans une plage isolée. Un escalier métallique de 565 marches dénombrées par mon compteur mental, s'élève au dessus de l'ile : une bonne séance de fractionné pour grimper au sommet. La vue aérienne donne un point de vue intéressant sur une partie de l'ile. Je rejoins Luisa restée faire une petite sieste sur le sable. Après quelques brasses nous quittons ce havre de plaisance pour rejoindre Long Beach. La Chinoise conclura la journée, trop hâtive dans ces gestes, en se coinçant les doigts entre le bord du bateau et le ponton d'amarrage ; une dernière prouesse chorégraphique avons de disparaître.
  Luisa adoptera un poisson géomètre. C'est le nom d'emprunt donné à ce petit poisson qui, tel un arpenteur, semble prendre les mesures en suivant les pourtours de nos courbes immergées. Plus étonnant encore, le poisson géomètre nous suivra comme un petit chien fidèle...
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Vue imprenable!

Jour28:
    A sept heures le groupe électrogène cesse de fonctionner, et avec lui le ventilateur de la chambre. Je commence à avoir fortement chaud. Levés tardivement nous allons prendre le petit déjeuner sur la terrasse d'un hôtel en bout de plage. Nous grimpons ensuite la colline qui se dresse derrière pour rejoindre la réception de l'hôtel que nous avons réservé et payé hier soir. En se faisant connaître puis en y revenant il devient plus aisé de trouver une place. Nous avons percé le secret gardé de Perhentian. Ce moyen n'est pas très équitable ni très éthique mais nous prenons ainsi possession d'un très agréable bungalow. La chambre est propre, simple, égayée de rideaux blanc rouge et jaune. Une baie vitrée donne sur une terrasse couverte en bois, meublée avec une table en plastique et deux chaises. Les feuilles géantes d'un palmier lèchent la balustrade. La vue du sommet de la colline sur la mer est idyllique.
  Après le premier bain de la journée je me rend dans un centre de plongée prendre des informations pour plonger. Dix minutes après je prépare mon matériel pour une sortie à D'Lagoon, un spot situé sur la petite ile. Gilet et bouteille sur le dos, mes trois compagnons de plongée, le moniteur et moi même traversons la plage pour monter à bord du bateau qui doit nous emmener sur le site. Cinq minutes de bateau pour cinquante cinq minutes d'immersion. Le soleil n'est pas très généreux aujourd'hui ce qui favorise une meilleure visibilité. J'appréhendais un peu cette mise à l'eau étant donné le temps depuis lequel je n'avais pas plongé. En réalité tout se passe pour le mieux, et même si nous ne faisons pas de rencontres inattendues, le plaisir de respirer sous l'eau avec le détendeur en bouche est bien réel, et à vrai dire suffisant. Pendant ce temps Luisa s'est faite de nouvelles copines : de petites méduses que le courant ont amenées du large. Les gens sortent de l'eau à cause des piqûres urticantes des cnidaires. 
  Dernier repas sur la plage, au plus prés de la mer retirée. Des lumières de bateaux éclairent dans le lointain. Nous dégustons une assiette de crevettes et de lionfish grillés au barbecue. C'est de loin le meilleur repas pris ici et qui vient conclure le séjour sur cette ile peu gourmet. Nous gagnons avec réjouissance notre chambre douillette, profiter un peu de l'ambiance nocturne sur la terrasse avant de nous endormir.

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Jour29:
    Sans drap, je suis réveillé durant la nuit par l'air du ventilateur. Peu m'importe, je profite un peu plus longtemps du confort de notre chambre. J'aime beaucoup son mobilier minimaliste dont la fonctionnalité me ravit. Lorsqu'on entre, la salle de bain se situe immédiatement sur la gauche, séparée d'une porte. J'aime beaucoup le concept trois en un : toilette, douche et brossage de dents en même temps ! On sort pieds nus et mouillés sur le plancher de la chambre qui sèche rapidement à l'air brassé du ventilateur. La vue de la terrasse en ce matin ensoleillé est magnifique. Nous prenons le petit déjeuner, allons prendre un ultime bain avant de rentrer boucler nos sacs.
  En attendant que le bateau taxi nous fasse signe, nous prenons un dernier cappuccino glacé. Luisa en profite pour acheter le même sac étanche que tous les locaux ont sur l'épaule et qu'ils utilisent pour mettre à l'abri leurs affaires personnelles. Le taxi nous appelle ; il nous amène un peu plus au large là où le bateau retour nous attend. Nous sommes les premiers arrivés aussi nous avons le temps d'imprégner nos rétines du décors ensoleillé. Le soleil donne une belle teinte bleue à la mer ; les chalets nous contemplent depuis la colline tandis que les bateaux amarrés dansent sur les flots. A Coral Beach une famille de Français monte à bord, chargés d'énormes valises. Si les gens s'étonnent souvent de me voir voyager avec moins de cinq kilogrammes, je suis toujours surpris de voir des touristes avec de si gros bagages. Avec une enclume au pied on demeure figé. J'ai choisi de me déplacer avec une plume qui me sert de gouvernail pour suivre les courants. Considérablement alourdi le bateau peine davantage, et les deux moteurs puissants fonctionnent à plein régime. Voici Kuala Besout. La boucle des iles est achevée.
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Photos des iles

http://picasaweb.google.com/Destinationphotos/TiomamEtPerentian?authkey=Gv1sRgCIKP7My-vYSltAE#
   

Nuit agitée vers Penang

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  Il faut à présent rejoindre la ville de Jerteh à une quinzaine de kilomètres. Tout en rejoignant la gare de bus nous nous imaginons dans l'action du jeu télévisé " Pékin express ", envisageant d'arrêter un véhicule afin de devancer nos concurrents. Sitôt dit sitôt fait ! Pas même le temps de tendre le pouce qu'une voiture s'arrête à notre hauteur. Nous grimpons et discutons de plongée, de Papouasie avec un jeune couple qui nous déposera à la station de Jerteh. Nous montons dans un bus à destination de Kota Barhu. Une fois arrivés, les billets pour le bus nocturne vers Penang en poche, nous allons nous promener dans les rues de la ville authentique mais peu visitée. Luisa trouve des batiks intéressants dans une boutique spécialisée dans laquelle nous restons un longuement observer les différents tissus. Au marché nocturne nous ferons le tour des étals emplis de spécialités. Les papilles sont réactivées après la diète des saveurs des iles. Un vrai régal!
  Un taxi nous emmène à la gare de bus. Nous démarrons vers 22h30, et ne tardons pas à nous endormir sur nos sièges spacieux. 1h45 après le départ on nous demande de descendre afin de changer de véhicule. Le sommeil est coupé. Lorsque je monte dans le nouveau bus, je constate qu'il est déjà complet. Nouveau programme : on remonte dans le premier pour un changement prévu au prochain arrêt. 1h30 plus tard on s'arrête pour une pause dîner, et pour le changement prévu. Nous nous installons à l'étage du bus à deux niveaux. La climatisation horriblement froide n'est pas réglable, et nous empêchera de nous rendormir. Il est 5h15 lorsque nous arrivons dans une station dont nous ignorons la localisation. Certains passagers débusquent un taxi. Nous attendons 6h pour prendre le premier bus qui nous conduira jusqu'à Georgetown. Il faut encore chercher un hôtel. Lorsque nous le trouvons nous nous glissons sous les draps du lit pour tenter de réparer la nuit presque blanche.
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Georgetown, le paradis gourmet

Jour30:
    Il est midi lorsque nous sortons la tète de la chambre. Nous allons faire un tour dans le quartier indien de Little india, et mangeons délicieusement dans un stand de rue. Le quartier est agité à l'image d'une Inde que j'ai eu l'occasion de côtoyer. La musique crache ses décibels dans les rues. Même la circulation à un gout de trafic indien. La nuit tronquée pèse dans les corps, et je me sens privé d'énergie. On happe à la volée des fritures de poulet, de haricots succulents, un jus de fruit préparé dans la rue. Dans le quartier chinois on repère les différentes périodes architecturales des shop houses, ces maisons traditionnelles à étage qui font office de boutique sur la façade de rue et d'habitat sur l'arrière, avec une organisation caractéristique. On entre dans les échoppes admirer les tissus, observer des collections de tampons à pierre, déguster un verre dans un café original. On visite un temple aux dessins architecturaux fins et raffinés qu'il faudrait prendre le temps de décrypter. Dans le quartier colonial nous faisons un passage au fort de Cornwallis dont les plateformes herbeuses et exposées au vent qui vient de la mer ont le pouvoir de nous rafraîchir. Nous errons encore dans les rues. Nous nous régalons dans un restaurant indien. La fatigue s'empare de nous. Nous traînons sur la terrasse de l'hôtel puis gagnons la chambre. Nous n'avions pas envisagé que la cloison de la chambre donnait directement sur un bar mitoyen qui fait bruyamment vrombir des hauts parleurs. La fatigue viendra à bout des nuisances sonores.

Jour31:
    Nous changeons d'étage et optons pour une chambre plus tranquille avec salle de bain individuelle et une fenêtre pour nous permettre d'étendre notre lessive. Nous prenons la direction de la station de bus de Komtar qui s'avère avant tout être la plus haute tour de Penang. La station est très bien organisée et le va et vient des bus locaux est suivi sur un affichage sur lequel apparaît le temps d'attente de chaque ligne. Nous souhaitons aller à Penang Hill, la colline qui surplombe à plus de 800 mètre d'altitude l'ile et le continent. On y accède par un funiculaire. Malheureusement on apprend en montant dans le bus que ce dernier est fermé pour des travaux, ceci pour la durée modeste de un an. Nous prenons alors un autre bus pour le temple de Kek Lok Si. Ce temple bouddhiste est un véritable symbole en
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Malaisie. C'est en réalité un ensemble de temples, une pagode et une statue géante de 36 mètres de haut qui s'étagent sur le flanc d'une colline. L'ensemble est imposant, immense, dans un mélange de style bouddhiste et chinois ; on y voit la griffe de celui qui en a assuré la construction. La vue sur Georgestown est étendue. La vision sur les périphériques avec ses grattes ciel est le symbole d'une ville moderne, en opposition avec le centre historique. Le plus surprenant encore est le nombre de boutiques de souvenirs à l'intérieur des temples. L'incroyable espace qui y est réservé est aussi important que celui dédié à la visite ; sans compter la rue d'échoppes qui mène à l'entrée où des dizaines de chinois vendent tous la même chose. On se demande comment ils arrivent à vivre de leur boutique quant on y voit même des statuettes de Jésus ! Je me demande surtout comment ils arrivent à survivre tant la densité de vendeurs est énorme. Après un succulent plat de pattes larges au soja et poulet, nous rentrons en ville déambuler dans le quartier chinois, et faisons les boutiques. Luisa débusque du batik, un parapluie chinois. Tandis que nous recherchons un restaurant des éclairs flashent et le tonnerre gronde. La pluie s'en mèle bientôt et continue de s'abattre quand nous rejoignons la chambre.

Jour32:
    C'est la dernière journée à Penang, et la dernière journée du voyage. Nous petit déjeunons sur la terrasse de l'hôtel quand la chaleur n'est pas encore trop lourde. En se promenant nous croisons le couple d'anglais dans une rue. Nous allons à la maison bleue. Cette ancienne demeure appartenait à un riche habitant de la ville. Elle est aujourd'hui un bâtiment historique reconverti en hôtel de luxe. Ici a été tourné une scène du film Indochine. La visite s'avère fort intéressante par les explications personnalisées de la guide qui donne en particulier des détails passionnant sur les principes de constructions du bâtiment en prenant en compte la circulation et l'équilibre des énergies du Fen Chui. Elle fait vivre sa culture chinoise. Luisa retiendra à ce propos un certain chauvinisme lorsqu'elle mentionne anecdotiquement l'origine chinoise des spaghettis.
  Encore une fois nous passons un excellent moment culinaire dans un petit restaurant dont nous avions trouvé l'entrée fermée hier soir. La cuisine est un art dont les gestes sont répétés méthodiquement avec dextérité. Nous sommes ici dans un paradis gastronomique. Un régal à voir et à déguster. Nous marchons encore longuement à la recherche de boutiques artisanales, et de souvenirs ; nous visitons à ce propos le mall du Komtar plutôt décevant.
  Luisa a attrapé un rhume à force de chaud et de froid dans les lieux climatisés. Elle teste une pharmacie chinoise. On lui envoie un médecin traditionnel qui la fait s'asseoir devant un bureau. Il lui prend son pouls, lui pose quelques questions puis élabore une préparation. Il lui remet des sachets individuels de poudre à base de plantes à dissoudre dans de l'eau tiède. Efficace ou non, toujours est-il qu'en deux jours le rhume s'évapore...
  Lorsque nous rentrons à l'hôtel, nous tombons nez à nez avec le couple d'Anglais. Nous bavardons un long moment avant d'aller ensemble chercher un endroit pour manger. Bière, canard au gingembre, nouille constitueront notre dernier repas avec de ce couple qui aura accompagné notre voyage sur la péninsule. Lui a vécu au Kenya, elle en Inde. A New York il a été associé traider avant de tout quitter pour vivre aujourd'hui dans un bateau, et passer sa vie à voyager. La dernière soirée est arrosée d'une pluie d'orage qui persiste.

Jour33:
    Le voyage prend fin. L'heure du départ est imminente. Nous prenons un bus de ville pour la station du Komtar, puis de là un second bus pour l'aéroport sans délai d'attente. Il faudra trente minutes pour que la famille qui nous précède au comptoir de la compagnie aérienne fasse enregistrer ses 120 kilogrammes de bagages. Pffffff...
Nous repassons par Dubai, puis Londres où nous passons une agréable journée ensoleillée. Après quelques heures passées chez Peggy et Daniel, un couple d'amis de Luisa, nous allons chercher un banc dans le hall de l'aéroport de Stansted où nous passerons la nuit. Enfin un dernier vol nous ramenera à Bergerac. Fin du voyage ! 
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Photos de Penang

http://picasaweb.google.com/Destinationphotos/Penang?authkey=Gv1sRgCN7lnvfu7rrT-QE#
   

Conclusion

De retour après un mois de voyage à travers les routes du pays, je ressens des impressions contrastées. L'arrivée en Malaisie nous a plongés dans une dimension hospitalière particulière. Nous espérions nous imprégner de la capitale au contact d'un hote qui saurait nous faire partager les palpitations de Kuala Lumpur. Au lieu de cela nous nous sommes retrouvés absorbés dans un appartement dortoirs au milieu d'autres voyageurs. Qu'aurons nous retenu de cet échange superficiel ? A vrai dire pas grand chose, si je repense à d'autres rencontres authentiques à travers le monde. Cette conception peut sûrement présenter ses avantages mais pas dans le cadre que nous escomptions.
En quittant la capitale, nous avons volé vers une terre au nom porteur de reves. Combien d'aventures, d'histoires, ont été vécues dans la foret mythique de Bornéo ? C'est avec cette image d'une nature originelle, hostile aussi, peuplée d'une faune abondante et dangereuse que nous avons abordé l'ile. Nous avons eu la chance de croiser quelques unes des emblématiques icones de Bornéo. Observer les orangs outans aura été une chance formidable de voir évoluer une espèce de primate aussi célèbre que rare. Voir la rafflésie nous aura laissé l'opportunité de découvrir la plus grande fleur du monde. Que dire encore des nasiques de Bako que nous avons vu évoluer en nombre, avec leur gros nez si particulier, représentants d'une nature surprenante. A Mulu nous avons pénétré dans les cavités des plus spectaculaires et en particulier la plus grande grotte du monde. Nous avons pu assister à l'envol de centaines de milliers de chauves-souris, appelées par leur instinct pour aller se nourrir dans le plus fabuleux des gardes manger. Bien sur nous garderons ces images gravées dans un recoin de nos cerveaux avec l'assurance de pouvoir aller y puiser des souvenirs uniques. Mais je garde une sensation d'inachevé dans des endroits confinés où les visiteurs défilent sur un itinéraire balisé en quête des mêmes expériences. Presque jamais nous n'avons ressenti la force de la nature sauvage nous revêtir de sa parure de jungle oppressante. Jamais nous n'avons pu franchir la barrière des apparences pour pénétrer plus profondément un milieu bien plus riche qu'une simple foret dense. Evidemment nous avons constaté l'abondance et la présence d'insectes, mais le fantasme d'une faune omniprésence s'est rapidement écroulé sur les sentiers battus. Jamais presque nous avons ressenti la puissance du milieu. Et si nous avons été observateurs privilégiés d'une nature sensationnelle, nous avons aussi été témoins tragiques d'une déforestation annoncée.
A Barrio le voyage a pris une autre dimension. Dans cet endroit reculé des Kélabits Highland, à la frontière de l'Indonésie, nous avons rencontré un lieu à part. La gentillesse des habitants, l'isolement de ce territoire et l'atmosphère placide nous ont véritablement plongés dans l'ame de cette contrée. Avec Apoi, nous avons connu un etre sensible, généreux et entier et avec lui réussi à nous imprégner un peu de la vie du village.
En revenant sur la péninsule, les iles aux connotations paradisiaques de Tioman et Pérhentian ont présenté un double visage. Avec une organisation insensée, le séjour peux prendre des allures de galère. La nourriture fait pale figure et parvient à gâcher le plaisir. Les logements laissent parfois à désirer par leur vétusté. Mais en franchissant la barrière des apparences, les déceptions dues aux attentes imaginaires, on découvre une mer splendide dans un cadre luxuriant. Calme et volupté de Tioman où farniente et découverte sous marine à Perhentian, ces iles révèlent des facettes idylliques dès lors qu'on dépasse les premières impressions.
Enfin Penang aura offert un centre historique d'une authenticité touchante, avec ses quartiers coloniaux, indiens ou chinois. Un paradis gastronomique où l'on aura pu se recharger de la frustration des iles.
A travers les villes, la foret, la mer, la Malaisie présente des atouts multiples, des aspects différents, des aspérités dans le relief du voyage. Mais à travers ses différentes populations le pays n'aura pas révélé une identité propre, une culture identitaire. Qui sont les Malais ? Quel est ce pays dans son fond intérieur ? Après un mois d'errance je ne sais y répondre tant le brassage ethnique et la présence chinoise importante vient diluer la culture indigène. Le voyage aura apporté son lot de découvertes, d'émerveillement sans toute fois apporter l'émotion de la rencontre humaine, si ce n'est dans de rares situations isolées. Il restera cependant des images fortes, des rencontres touchantes, et le désir d'ouvrir des portes nouvelles, la certitude qu'une des fonctions du voyage reste de partager des moments hors du temps, et de fabriquer des souvenirs impérissables. 
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Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust