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Carte des îles Lofoten

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Sommaire




Introduction
Traverséz du pays vers les iles Lofoten
A!
Kirkifjord...bivouac féérique
Le ferry pour Senja
Stop pour Tromso/Narvik
Parc national Abisko (Suède)
Descente vers Stockholm
Retour à Oslo

Introduction

Initialement, nous prévoyions une destination vers l'Asie. Malheureusement, nous avons été dans l'incapacité d'arrêter une date pour le départ, à cause de plusieurs contraintes, dont les oraux de l'agrégation. Aussi, dès que nous fûmes en mesure de connaître le jour de notre départ, il nous fut impossible de dégoter un billet pour le continent qui nous attirait réellement. En fonction du budget avancé, il ne restait pas d'autre alternative que de se rabattre sur un vol européen. Les îles Féroe, les îles Lofoten, les pays scandinaves et la Finlande se détachaient dans nos priorités, comme les destinations les plus exotiques. De longues heures connectés sur les sites afin d'obtenir des renseignement précieux, des pages de lectures de guides pour connaître le contenu que pouvaient offrir de telles destinations , ainsi se profilait notre périple. Il fallait encore concilier les dates avec le coût du vol, autant que le type de voyage avec le niveau de vie très élevé du pays. Finalement, la Suède est venue s'imposer comme la destination qui convenait le mieux à nos impératifs.
Nous rejoindrons donc le sud des îles Lofoten, via Oslo et la traversée du pays par train. Nous suivrons le soleil vers le nord, dans sa longue course contre la nuit, jusqu'à se hisser au-delà du cercle polaire. En rejoignant les îles, nous percevrons le silence et la beauté d'une nature rude et sauvage. En revenant sur les terres arctiques, nous tenterons de surprendre dans leur sommeil, les chasseurs lapons d'un temps encore très présent. Si nous ne parvenons pas à saisir le Cap Nord, alors nous retiendrons l'effet attracteur  et envoûtant, qu'opère sur les hommes ce morceau de terre voué aux caprices du climat. C'est ainsi, en parcourant des distances énormes, que nous découvrirons des pays placés au sens le plus essentiel, sous le signe de la nature, et du respect qui s'impose. Du chant des macareux nichés dans les falaises abruptes, aux forêts et rivières qui se dessinent sur des centaines de kilomètres en roulant vers Bodo, en passant encore par les glaciers des versants arides des abords du massif de la Kebnekaise, nous tenterons de fusionner avec les éléments de cette dame nature, qui se dresse devant nous, telle la providence.

Traversée du pays vers les iles Lofoten

Lundi 21 juillet /Mardi 22 juillet :

Au guichet d'enregistrement, nous ne sommes pas identifiés comme passagers du vol pour Oslo. Quelques minutes de patience révèlera une inversion de nos prénoms. Nous embarquons enfin, puis décollons avec vingt-cinq minutes de retard. Après une courte escale à Bruxelles, nous décollons pour la capitale norvégienne…nous atterrissons à 22h22 ! Nous avons 2 heures à patienter dans l'aéroport tout neuf, que nous employons à faire des conversions de prix couronnes-euros, et à regarder passer les grandes norvégiennes blondes. A 23h54 commence la longue traversée du pays à bord d'un train confortable. A cette heure-ci le soleil a disparu, mais il demeure une lueur de pleine lune. Nous sommes  surpris, dans la quiétude d'une nuit qui devient de moins en moins noire au fur et à mesure que nous montons vers le nord, de voir les maisons sans volet, et toutes lumières allumées. De même, celles du train le resteront, et nous empêcheront de fermer l'œil. Vers 4h, il commence à faire bien jour. A 7h, nous arrivons  à Trondheim, pour en repartir 30 mn plus tard, en direction de Bodo.
Nous traversons alors des dizaines, des centaines de kilomètres de forêt, longées de rivières aux couleurs écarlates. Plus vers le nord, s'ouvrent de larges vallées, et apparaît un paysage plus montagneux aux sommets enneigés. Dès que nous franchissons le cercle polaire, comme par enchantement, le décor devient plus
austère, surprenant. A perte de vue, un sol caillouteux, où les arbres ont disparu pour faire place à une végétation rase. Sur l'ouest, des pitons rocheux enneigés culminent à quelques 1000 mètres. Nous nous renfonçons dans un décor plus boisé, pour parvenir enfin, après 19 heures de train, à Bodo. La course aux cartouches de gaz commence…en vain…C'est en sortie de ville, sur la colline, que nous mangeons notre première soupe. Nous installerons notre premier bivouac tout proche, un peu plus bas dans le parc.

A!

Mercredi 23 juillet :

Nous nous levons vers 8h40. Une averse durant la nuit nous fait plier la tente légèrement mouillée. Après un petit déjeuner rapide, nous retournons en ville, à la recherche de recharge de gaz, mais nous constatons que notre marque française " camping gaz " ne se vend pas. Alors que nous pensons être obligés de poursuivre notre voyage sans pouvoir utiliser le réchaud, en nous nourrissant d'aliments froids, nous trouvons avec soulagement notre combustible dans un magasin " inter sport ". Nous faisons une petite balade en ville, puis allons au port d'embarcation du ferry à destination des îles Lofoten. Nous mangeons chaud, puis patientons jusqu'au départ à 14h30. Quatre heures plus tard, nous débarquons à Moskenes, sur l'île de Moskenesoy. C'est là que nous croisons plusieurs voitures participant au rallye photo " Paris -Cap Nord "…il s'agit d'un petit cliché tant cette course sans impératif horaire avait suscité notre intérêt durant les années de fac. Nous marchons jusqu'à A : ville la plus au sud des îles.  Après s'être trempé les pieds en recherchant un bivouac, nous somme surpris par la pluie qui ne cessera plus jusqu'à la montée de la tente. Au bilan, nos pantalons et chaussures sont mouillés, le guide du routard a doublé de volume, et nous mangeons froid, car le réchaud n'est pas utilisable. Malgré ces dé convenances,  nous avons la grande satisfaction d'être posés dans un décor idyllique, bordés par les montagnes, et bercés par l'océan…

Kirkefjord...bivouc féérique

Jeudi 24 juillet :

Nous nous levons vers 8h30, et nous promenons autour du bivouac. Le ciel est encore couvert, la brume s'éprend des sommets environnants, mais la pluie a cessé. Le vent sèche notre matériel, les oiseaux entonnent leurs chants. Pieds nus sur le sol détrempé, je parcours les sentiers herbeux, contemple l'océan s'échouer sur les rochers, avec ce sentiment d'abandon à ce que la nature offre de plus intime. Derrière nous se dresse une falaise vertigineuse, et des sommets abruptes. Lorsque la tente est démontée et nos sacs bouclés, nous reprenons la route de la veille en sens inverse, pour revenir à Moskenes, en longeant la côte. Après un long moment passé à l'office du tourisme pour récolter des informations précieuses pour les jours à venir, nous partons à pied pour le village de Reine. C'est un joli village que nous découvrons dans un environnement montagneux, sur les bord d'un fjord. Une fois les ravitaillement fait à l'épicerie, nous mangeons sous un abri prévu à cet effet. Le ventre rempli (soupe,chips et ananas), nous prenons le ferry de 15h pour Kirkefjord. Durant la courte traversée, nous préparons nos équipements pour aborder une marche dont nous ignorons encore l'issue. En nous enfonçant dans le fjord, nous semblons approcher le bout du monde, vers un lieu reculé et rendu plus austère encore par la brume persistante. Nous sommes à peine débarqués que déjà le ferry est reparti. Nous posons les premiers pas sur le sentier marécageux et abondant de végétation haute, protégés de l'humidité par nos guêtres. La brume recouvre toujours les sommets, et le temps se fait de plus en plus menaçant. Lorsque nous atteignons le col, notre vue découvre une large et longue plage de sable, encrée dans une anse de montagne. Ce panorama de carte postale nous convainc de descendre jusqu'au bord de l'eau chercher un endroit où planter la tente, tant il se dévoile féerique. L'eau est si bleue et transparente, et le sable si fin, que nous pourrions nous croire sur une plage des Caraïbes. De part et d'autre de cette      plage s'élèvent des montagnes, et dans cette anse bordée de rochers, virevoltent de nombreux oiseaux dont nous observons les comportements. La pluie nous rattrape pour le deuxième soir consécutif, et de nouveau nos affaires se mouillent. Par alternance au réchaud, nous préparons une soupe, puis un hachis parmentier. Vers 23h45, je passe la tête en dehors de la tente pour scruter le soleil, et constate qu'il lui reste encore un peu de temps avant de rejoindre l'océan. Si la brume qui flirte  avec l'eau ne permet pas de discerner le soleil de minuit, l'ambiance qui se dégage de ces conditions particulières reste mystérieuse, et les couleurs un peu étranges.

Vendredi 25 juillet :

Après une nuit discontinue, nous nous levons aux environs de 8h. Nous déjeunons sous un ciel bien dégagé, et dans un cadre hors du commun. Nos affaires étendues sur les rochers, et trempées de la veille, sèchent au soleil, tandis que nous démontons la tente. Nous sommes prés à quitter les lieux, et rejoignons les abords de la plage, le sac sur le dos, prenant le temps d'observer aux jumelles l'attitude d'oiseaux noir et blanc au long bec orange. Observée d'en dessus, l'eau n'a plus la couleur bleue étincelante de la veille, mais sa transparence et son reflet vert apparaissent comme un signe de divinité. Le site est trop tentant, et nous ne résistons pas à l'envie de nous mettre à l'eau. Nous nous déshabillons, et courons comme des gamins nous immerger dans les eaux froides de l'océan arctique. En remontant la plage de sable, qui paraît ne plus en finir, nous nous trouvons face à un os énorme : une vertèbre de baleine. Commence alors l'ascension vers un col, sur un sentier raide, sans lacet, peu commun de nos sentiers de randonnées pyrénéennes. La montée abrupte nous fait haleter, et nos muscles répondent par une douleur aigue dans nos cuisses. Au sommet, une vue  splendide embrasse lacs, fjords, montagnes et océan. La montée a laissé des traces, et un plus loin, en longeant un flanc de montagne, Vincent fait un début d'hypoglycémie.  Alors qu'il récupère un moment, une centaine de mètres en avant, je prépare le repas en faisant chauffer  l'eau pour les pâtes (puis compote et céréales). Les forces retrouvées, nous descendons le sentier, toujours aussi vertical, et marécageux. Un petit lac atteint, en contrebas, nous longeons un chemin que nous avons parfois du mal à suivre. Plusieurs fois, nous nous en égarons, et une dernière fois après avoir mangé des myrtilles, juste avant d'atteindre un fjord. Il nous faut marcher encore un long moment avant de rejoindre la route que nous longeons sur de nombreux kilomètres, jusqu'à Redvang. Les paysages de cet après-midi sont beaucoup plus bucoliques, moins montagneux que ceux de la veille, et aussi moins dépaysants. En arrivant à 20h30, la recherche du bivouac aboutit devant la maison d'un norvégien qui nous autorise à monter la tente. Nous pouvons alors préparer notre repas (soupe, hachis, céréales)…Vincent renverse sa popote pleine de soupe!

Photos des iles Lofoten

photos Lofoten
 
Samedi 26 juillet :

Lever 7h30 ; nous plions le bivouac et marchons jusqu'à l'arrêt de bus pour Lekness. La route longe la côte déchirée, contourne les fjords. Arrivés à destination, nous prenons le petit déjeuner, puis remontons dans un second bus, pour quatre heures de trajet en direction de Portland. En remontant, le paysage devient plus classique, plus plat, avec plus de prairies…un mélange de Corse et d'Irlande, avec quelques moutons le long des routes. Pour une partie de l'itinéraire, nous embarquons à bord d'un ferry, sur lequel nous prenons notre repas du midi (pâté, chips et ananas). Nous poursuivons notre remontée des îles en montant dans un troisième bus qui nous achemine, en une heure trente, à la pointe de l'île de Langoya : Andennes. Il s'agit d'une journée de transfert, et après avoir renoncé à un safari baleine, nous décidons de poursuivre notre route jusqu'à l'île de Senja. En courant, le sac sur le dos, nous atteignons les portes du ferry, qui sont en train de se refermer devant nous. Le personnel les rouvre pour nous permettre de nous hisser à bord. La traversée s'avère difficile car l'océan est agité. Un roulis assommant, agrémenté d'un tangage dévastateur, viennent à bout de mon repas de midi. C'est avec réjouissance qu'après une heure quarante, le bateau entre dans le fjord aux eaux calmes. A l'arrivée, nous nous rendons compte que les lieux intéressants sont difficiles d'accès, et les bus quasiment inexistants. Après avoir pris notre repas sur le quai, nous échangeons quelques mots avec deux suisses qui arrivent à vélo. Enfin, nous quittons la ville pour trouver un bivouac, prés d'une piscine naturelle agréablement aménagée…avec en prime nos premiers moustiques ! A 23h, alors que le soleil veille toujours sur nous, nous fermons les yeux…

Dimanche 27 juillet :

Vers 6h40, je sors de la tente pour m'installer à l'ombre, car le soleil chauffe déjà à travers la toile…Vincent semble apprécier le sauna…Après le petit déjeuner, c'est la toilette générale dans l'eau fraîche, puis la lessive. Quel bien être, étendu sur le ponton, et séché par le soleil qui chauffe à plus de 25 degré (température donnée à l'ombre par la montre de Vincent) ! Alors que nous sommes décidés à faire du stop jusqu'au village de Hamm, un sud africain qui s'arrête pour nous prendre, nous propose un itinéraire tout autre. C'est ainsi que nous parcourons une bonne distance, découvrant l'île de l'intérieur. Nous passons notamment un col dont la vue nous évoque les Encantats, ou encore l'Irlande par ses paysages verdoyants et caillouteux. Nous contournons plusieurs fjords, et environ 70 kilomètres plus loin, notre chauffeur nous dépose à Medby, où il nous propose une aire pour monter notre tente, et nous montre où prendre de l'eau. Il possède en effet avec sa femme, sur les lieux, plusieurs maisons (type rorbus touristiques) qu'il loue pour les vacances. Le soleil est brûlant, et c'est à l'ombre que nous prenons notre repas (saucisson, pain, chips,compote). L'après midi, nous allons au lac que nous a indiqué la personne du stop, bien camouflé derrière des bois. En y montant en suivant un sentier humide, nous faisons halte dans une cabane de chasseur, où je rempli quelques lignes du livre de bord. C'est assis au bord du lac que nous passons une partie de l'après midi, tandis que quelques insectes virevoltent autour de nous, et que nous nous délectons de myrtilles partout présentes sur ces lieux. Alors que nous avons regagné la tente, la femme de l'homme du stop, canadienne, vient nous demander si nous désirons quelque chose de particulier. Après manger, elle revient pour nous emmener en voiture et nous déposer 4.5 kilomètres plus loin, au départ du sentier qui mène sur les crêtes, et vers des sommets. Le chemin n'est pas toujours facile à garder, et nous nous en égarons à plusieurs reprises. Le sentier est parfois très pentu, mais également très beau, et la vue sur les fjords est magnifique. Le temps, incertain, ne nous permettra pas de voir le soleil de minuit, et, une fois le sommet atteint, nous redescendrons alors que quelques gouttes de pluie tentent de nous mouiller…il est 23h00 lorsque nous regagnons nos sacs de couchage.
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Stop pour Tromso/Narvik

Lundi 28 juillet :

Pour le deuxième jour consécutif, le soleil nous sors de la tente, vers 7h30. Dehors, le temps est pourtant couvert. Cette journée sera de nouveau une succession de bus ou ferry que nous prendrons, pour quitter les îles. Tout d'abord, de Medby jusqu'à Finsness, puis de Finsness jusqu'à Bothnam. De là, nous attendrons quatre heures le départ du ferry. Nous comblons le temps en jouant au baccalauréat, et en mangeant…Aujourd'hui les dieux de la réduction ne sont pas avec nous, puisque ni sur le bateau, ni sur le dernier bus, nous ne bénéficions des 50% auxquels nous pouvons prétendre sur ce type de transport, avec nos carte interrail. Une fois accostés, il nous faut encore parcourir en stop les quarante kilomètres qui séparent le débarcadère de la ville de Tromso. Nous restons deux heures plantés sur le bord de la route à regarder les quelques voitures passer sans s'arrêter. Pour combler notre attente, une pluie lourde s'abattra sur nous, et nous obligera un moment à nous abriter ( au moins les sacs) sous la gouttière d'une toiture. C'est finalement un jeune couple qui s'arrêtera, et nous emmènera jusqu'à Tromso. Sur place, nous sommes à la recherche d'un hôtel, et, comble de malchance, les deux supposés moins chers sont fermés ou reconvertis en centre d'accueil. A la recherche d'une couche au prix raisonnable, nous trouverons finalement refuge dans un  kiosque de la ville. Alors qu'il pleut toujours, nous prenons notre repas, et nous glissons dans nos sacs de couchage.

Mardi 29 juillet :

Nous passons une partie de la matinée à errer dans la ville, et faire quelques magasins, avant de nous diriger vers le Polarmuseet.  Ce musée retrace la vie des trappeurs au début du siècle, les expéditions vers le cercle polaire, et présente, entre autre, différentes méthodes de chasse. Une cabane de trappeurs reconstituée nous projette dans l'ambiance de ce milieu hostile. C'est une atmosphère fascinante qui se dégage ici, malgré la rudesse de la vie arctique, et l'horreur de certaines scènes (chasse à l'ours ou au phoque par exemple). Nous mangeons ensuite au Burger King (original !), puis effectuons quelques courses avant de prendre le bus de 16 heures pour Narvik. En effet, initialement partis pour rejoindre le Cap Nord, les distances interminables et les temps cumulés très importants à  passer en bus, nous font renoncer à nous hisser jusqu'au point le plus septentrional du continent. Les paysages que nous découvrons le long de la voie ferrée ont changé : montagne, lacs et cascades s'enchaînent pour proposer un panorama très pittoresque. A 20 heures, nous arrivons à Narvik, et rejoignons bientôt la gare pour manger. C'est également là que nous passerons la nuit. En face de nous, deux types préparent leur matériel pour une descente de 15 jours en kayak. Ce n'est que trop tardivement que je me rends compte que le téléphérique qui monte sur un sommet environnant (il paraissait en panne) fonctionne. Je manque ainsi l'ultime occasion de percevoir le soleil de minuit, dont j'aperçois les rougeoiements dans cette douce soirée aux conditions climatiques idéales. Je rejoins notre bivouac, et me mets dans le sac. Afin de nous préserver des moustiques, nous nous mettons à l'intérieur de la moustiquaire de la tente…il est 23h30…

Parc national Abisko (Suède)

Mercredi 30 juillet :

Il est 8h30 lorsque nous nous levons, et depuis déjà un bon moment, des gens s'affairent autour de nous, sur le quai de la gare. Pendant que Vincent prépare les sacs, je pars faire des changes de couronnes norvégiennes en couronnes suédoises. A 10h30, nous montons dans le petit train pour Abisko, station au cœur du parc national du même nom. Ceux sont deux heures de trajet à travers la montagne, parfois presque arrêtés, tant le train semble peiner sous l'inclinaison des rails. Arrivés, nous nous renseignons auprès d'un guide afin de déterminer un itinéraire de randonnée de deux jours et deux nuits. Une salle magnifique, et dédiée à la nature et en particulier au parc national, nous tient en haleine par la richesse de ses renseignements. Quelques courses faites, et le repas avalé, nous nous livrons à la pesée des sacs : bilan équitable, puisque la balance nous accable de 15 kg chacun. A 15h30, nous débutons sur le sentier, et ne tardons pas à nous égarer. Le temps paraît se dilater, et nous avalons lentement les kilomètres dessinés sur notre carte. Sur ce sol marécageux, parfois dans la lande, en traversant des zones où pullulent des hordes de moustiques, nous parcourons laborieusement les quatorze kilomètres en cinq heures. Le paysage est beau. A la forêt initiale succèdent des rivières dans un paysage aéré, pouvant nous faire croire aux Pyrénées. Prés du refuge,  notre bivouac est plutôt bien situé, mais terni par des moustiques voraces qui nous dévorent. Un petit feu, allumé avec quelques morceaux de bois éparses ramassés autour du camp, viendra nous réchauffer un peu, commencer à faire sécher nos chaussures et chaussettes trempées, et éloigner nos compagnons volants. Sous la moustiquaire dressée, nous nous couchons, protégés des insectes, devant un panorama éloquent, sous la lumière estivale d'une nuit arctique…il est 23h30.

Jeudi 31 juillet :

Après une bonne nuit, et un lever à 8h30, nous sommes prêts à partir à 10h. La journée débute par la montée vers un lac. Le temps est nuageux, et dès le départ, une averse vient nous rappeler que la météo peut changer très rapidement. En sortant des limites du parc national, nous rencontrons un groupe d'étudiants en biologie établis pour plusieurs mois sur une base de recherche biologique. En créant par un effet de serre une augmentation de la température, ils simulent un réchauffement climatique de un ou deux degrés Celsius, afin d'en étudier les effets sur la flore, et l'adaptation de cette dernière. En poursuivant jusqu'à une bifurcation, peu après la base scientifique, à quelques pas de nous, déboule un reine majestueux. Il semble aussi surpris que nous, et nous sommes en admiration devant son pas élancé. Après un déjeuner léger (soupe+gâteaux), nous reprenons par l'ascension jusqu'à un sommet de 1382 mètres, dans un paysage aride, austère, mais aussi en traversant de nombreux névés, à proximité de glaciers parfois impressionnant à cette altitude. C'est dans cette montée que nous apercevons un second reine, perché sur un névé. En redescendant, nous atteignons un abri, où nous décidons de passer la nuit. Nous employons la soirée à nous promener prés du lac qui borde notre refuge, et nous nous couchons vers 21h45, protégés du vent, de la fraîcheur relative de la nuit, et de la pluie qui vient troubler un peu plus notre sommeil déjà bien amoindri.

Photos du parc national Abisko

photo Abisko
 
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Descente vers Stockhom

Vendredi 1 août :

Lever 7h40. Nous prenons un petit déjeuner rapide, bouclons les sacs, et entamons la descente vers Bjorglide. Il fait déjà chaud, mais sur ce versant, les moustiques ne nous ont pas suivis. Après les derniers névés, nous longeons longuement la rivière, avant de retrouver la forêt, et une végétation plus verte. Peu avant le village, nous faisons halte à la rivière pour nous laver. Cela fait quatre jours que nous portons les mêmes sous-vêtements, et que nous accumulons sueur et crasse. Ce n'est donc pas un luxe de prendre ce bain froid, avant de rouler vers la capitale, et de rejoindre la " civilisation ", et ce dernier est réellement régénérant. Enfin parvenus à la gare, nous faisons les provisions pour la journée, et montons à bord du train pour Stockholm, via Boden, avec 30mn de retard. Nous nous installons à deux places non réservées, et discutons avec une jeune suisse qui voyage seule. Avec étonnement, nous constatons avoir effectué des parcours similaires. Vers 20h30, alors que nous sommes en train de manger, de nouveaux voyageurs nous subtilisent nos sièges, réservés. Nous avons beau franchir les wagons d'un bout à l'autre du train, ce dernier s'avère être complet, et nous sommes voués à passer la nuit dans des positions inconfortables. Entre deux voitures, je découvre un espace suffisamment important pour y poser mon tapis de sol. C'est dans ce hall, allongé sur mon lit de fortune, que je trouverai quelques heures de sommeil, la tête calée contre mon sac à dos. Vincent tente pendant ce temps de gagner l'arrière du train, d'où il se fait expulser par un contrôleur. Ce n'est que sur le matin ,vers 6h, alors que le train s'est un peu vidé de ses passagers durant les quelques arrêts de la nuit, qu'il trouve un fauteuil libre, et en même temps une heure précieuse de sommeil. A cette nuit tumultueuse, succède un retard de près de deux heures, alors que nous sommes quasiment en gare de Stockholm. C'est apparemment un incendie déclaré en gare qui nous immobilise sur le quai, et nous fait descendre à 9h30, pour une arrivée prévue à 7h30 ! Cette traversée fut décidemment bien longue mais nous sommes enfin arrivés à la capitale…

Samedi 2 août :

Nous laissons nos sacs à l'auberge réservée depuis la gare par un prestataire de services. Une balade dans le parc Djurgarden, nous fera aboutir au musée Vasa. Il s'agit d'un prodigieux navire de guerre du 17ième siècle, coulé après avoir parcouru seulement 300m.  Quelle puissance se dégage de ce vaisseau, et on ne peut être qu'impressionné par sa grandeur…Autour de ce monument des mers, sur plusieurs niveaux, on découvre la vie à bord, les étapes de sa construction, ou encore des simulations et des explications scientifiques sur les raisons du naufrage. Après trois heures passées dans le bâtiment, nous partons déambuler dans les rues du nord de la ville. Sur les rives, de nombreux bateaux longent les quais. A l'intérieur, le centre de la ville ressemble au centre d'une autre grande ville, avec ses avenues, ses boutiques modernes. Cependant, nous sommes impressionnés de voir tant de voitures américaines défiler devant nos yeux : Pontiac, Chevrolet, Jaguar…autant de marques de prestige qui s'affichent. Il semble y avoir un rassemblement, pourtant, plus tard, nous reverrons encore circuler ces grosses cylindrées…Nous faisons enfin quelques achats et rentrons à l'auberge manger sur les tables extérieures. Une petite balade en ville, occupera la soirée. L'auberge est une ancienne école réaménagée, et des tableaux se trouvent encore dans notre chambre. Dans les couloirs, nous pouvons nous laver les dents dans les anciens lavabos destinés aux enfants pour se laver les mains. Quant aux douches, il faut traverser la cour pour rejoindre les anciens vestiaires.
Nos compagnons de chambre sont un groupe de français venus en Norvège pour une compétition de paint ball, et nous découvrons du matériel perfectionné. 

Dimanche 3 août :

Après une bonne nuit dans un véritable lit, nous partons pour le sud de la ville, en empruntant le métro. Celui-ci se révèle assez classique, avec néanmoins quelques quartiers typiques de maisons rouges de pêcheurs, conservés. Dès que s'étendent quelques mètres carrés d'herbe verte, des corps sculpturaux s'étendent, à moitié dénudés, en quête de la chaleur du soleil. Ce spectacle nous réchauffe à nous aussi, et c'est avec ravissement que nous le contemplons.  Nous avalons notre repas succin (quelques pâtes achetées chères !) et partons déambuler dans la vieille ville. La cité médiévale offre de paisibles placettes, des rues tortueuses, et de vieilles maisons à pignons. Nous visitons au passage l'armurerie du château royal, qui présente  entre autre une belle collection de carrosses du 17ième et 18ième siècles. Enfin, nous faisons escale sur la troisième des îles centrales, Skeppsholmen, où nous admirons de nombreux bateaux amarrés sur le port. Après ces nombreux kilomètres parcourus, nous rentrons à l'auberge nous restaurer, et nous reposer. Ainsi, Stockholm, archipel aux multiples îles, aura été un passage de 48 heures, offrant des allures de quiétude, dans une atmosphère de bord de mer.

Photos de Stockholm

photo Stockholm
 
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Oslo

Lundi 4 août :

Nous nous levons à 7h, et prenons le métro pour la gare. Cinq heures de train nous emmènent de la capitale suédoise à la capitale norvégienne. En arrivant à Oslo, nous commençons par nous renseigner afin de trouver les pères dominicains. En effet, l'oncle de Nick (Daurios) qui connaît ce prêtre, nous a laissé son nom comme intermédiaire en cas de besoin en venant à Oslo. Aussi, nous comptons utiliser cette connaissance pour trouver un coin où poser nos bagages pour la nuit. L'office du tourisme nous aiguille sur les lieux où nous devrions trouver père Réginal. Malheureusement, après avoir attendu un petit moment que quelqu'un arrive sur les lieux de résidence, un confrère du père Réginal nous apprend que celui-là est actuellement en France. Nous sommes envoyé à un centre d'hébergement tenu par des nones, à côté de l'église dominicaine. Nous faisons de nouveau part de la connaissance d'un ami du père, et après l'attente d'une sœur, et un petit tour en ville, nous obtenons une chambre simple dans lequel on nous rajoute un matelas, pour le prix très correct de 400 couronnes, au lieu de 600. Le lieu est religieux bien entendu, la chambre spacieuse, avec terrasse. Dans les couloirs, nous admirons les bibliothèques remplies d'œuvres françaises : littérature, histoire…En sortant nous balader en ville, nous découvrons une ville récente,  sans histoire, et sans caractéristiques propres. C'est en pénétrant dans le grand parc situé au nord de la ville que nous pouvons observer sur deux rangées, les statues de Vigeland,  représentation de la vie familiale. En rentrant à notre hébergement, nous découvrons la salle de lecture ; un lieu de méditation, meublé de canapés, éclairé d'une lumière âpre. C'est ici que je lis quelques pages de la " condition humaine " de Malraux, avant d'aller me coucher vers 23h. 

Mardi 5 août :

C'est la dernière journée avant de quitter la Scandinavie. La dernière nuit a été d'un sommeil profond, et nous nous levons à 7h50. A pied, nous rejoignons l'embarcadère du ferry, situé à 25 minutes, qui nous mènera sur la presqu'île de Bigdoy, au musée viking.  Ce musée contient les trois drakkars viking uniques, retrouvés. Nous nous trouvons pris de respect pour ces hommes qui ont traversé les océans à bord de ces navires vétustes, au confort rudimentaire. La visite terminée, nous partons à la recherche de quelques trouvailles dans les boutiques d'Oslo. Une nouvelle fois, nous prenons un menu au Burger King, et alternons achats en ville, et surveillance des sacs dans la salle du restaurant. Enfin nous allons à la gare, et à quelques minutes près, nous montions dans un train qui ne s'arrêtait pas à l'aéroport. Le temps de liquider notre monnaie, et nous embarquons sur le vol pour Bruxelles. L'escale est courte, d'autant que nous faisons tout le tour de l'aéroport pour changer d'avion (erreur de parcours !), et nous montons à bord 10 minutes avant la fin de l'embarquement. Nous enfilons les sandwiches, et buvons tout ce que l'on nous propose, comme pour compenser le manque des jours passés…nous atterrissons avec quelques minutes d'avance à Toulouse, où Cécile, toute de blanc vêtue, nous attend….

Photos d'Oslo

photo Oslo
 
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Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust