 | |  Carnet de route |  | |
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|  Voyage en musique |  |
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|  |  | |  | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |  | Si je me projette dès à présent sur le continent américain, une indéterminée subsiste quant au choix entre l'Amérique du sud et l'Amérique centrale. A vrai dire cette dernière m'attire pour n'avoir pas eu l'occasion encore à ce jour d'en découvrir les aspects. Du Mexique à la Colombie, de petits territoires à échelle humaine s'emboîtent entre l'océan Pacifique et la mer des Antilles. Géographiquement je ressens l'appel de ce bout de continent mais cela ne serait suffire : reste à effectuer une sélection entre plusieurs candidats potentiels. J'ai développé sensiblement depuis les années passées à sillonner les routes balisées et les chemins escarpés, un besoin plus grand encore de me tourner vers les peuples, vers ce qu'un pays à de plus beau et de plus profond à offrir, au-delà de la grandeur et de la superbe de ses contours. Je n'ai plus envie de parcourir les kilomètres sans rencontre véritable, loin des faciès indigènes, des regards interrogateurs, des dialectes inconnus, des échanges impossibles. Je n'ai pas le ressentis émotionnel de l'appel du grand large, des espaces infinis sans l'ombre d'une vie, sans le sourire perdu d'un enfant qui cherche à comprendre. Ma vérité personnelle se trouve dans la communion, dans le rapport même furtif, dans l'expression du langage universel. A l'autre bout du monde, isolé, perdu dans la méconnaissance d'une inconnue culture, il demeure un fil conducteur, un lien universel, que toutes les différences des peuples ne parviendront pas à enrayer. Cette toile qui se tisse à travers l'innocence, au-delà des distances improbables, et que l'on nomme la chaleur humaine, nous emmitoufle d'un épais manteau qui protège des froideurs les plus exécrables d'un monceau de terre. Derrière un visage fermé, une regard apeuré, un pas ralentit se dissimule la condition des hommes qui, au-delà de nos frontières physiques et morales, garde enfouit notre dénominateur communs. Et lorsque l'homme n'a plus rien à offrir que son affectif, il est capable de le déployer avec encore plus de décence et de grandeur, inhibant nos modes conventionnels de fonctionnement, et nous ramenant simplement à l'expression la plus véritable de ce qui nous anime : le partage et le don de soi ; ce que nous avons depuis bien longtemps oublié au détriment de notre propre épanouissement. Ceci est une intrigue incroyable, un mystère révélé, un retour aux sources. Partir là où chacun se demande pourquoi, et se retrouver face à soi même, dans le plus strict apparat, dans la plus simple nudité. " On s'attend à faire un voyage, et bientôt s'est le voyage qui nous fait ou nous défait… ", comme un fil d'Ariane que l'on remonte pour tenter de trouver une extrémité qui nous ramène à notre propre identité, à des émotions personnelles, à des vibrations particulières. Mais si les gens sont beaux, c'est en se tournant vers leur histoire qu'on apprend à reconnaître cette beauté, à travers les souffrances du passé et le souffle du présent. Hier construit aujourd'hui. La culture se véhicule de génération en génération pour résister au poids de l'universalité, à la pression du monde contemporain, aux intentions souvent néfastes d'un pouvoir arrogant et malintentionné. Irrémédiablement, c'est vers ces doutes et ces espoirs, vers ces souffrances et ces soulagements que je me tourne, happés par la vie qui renaît du silence et de la mort. On m'a conté les traversés de tout ces pays. Chaque fois ressort comme un artiste au talent indiscutable ce pays contrasté aux couleurs chatoyantes, victime il y a quelques décennies à peine de la révolte du peuple devant l'acharnement d'un pouvoir dictateur. Le Guatemala apparaît comme un pays au peuple attachant. On le décrit multiethnique, très attaché à une culture forte qui aujourd'hui encore laisse transparaître ses origines et son identité. En décors de fond, une richesse naturelle embellit de remarquables sites ce territoire aux dimensions réduites. Des hommes beaux, chargés d'histoire, qui se battent au quotidien pour vivre ou survivre et garder la mémoire de leurs ancêtres. Des hommes disparates qui dans les différentes régions peuplent une nature généreuse. Mais derrière cette lumière éblouissante de vie se dissimule aussi une réalité bien moins réjouissante. Le quotidien des guatémaltèques n'est pas au beau fixe et si la vie est dure pour la majorité, la situation sociale et économique a engendré une criminalité croissante. Ce danger relatif rebute nombre d'étrangers et les prive d'une découverte plus surprenante encore. Sur la balance de l'objectivité, l'attrait du pays me semble plus fort que les risques minimisés qu'il nous fait encourir. La décision est prise ; je m'envolerai bientôt vers le Guatemala. Pour s'imprégner au plus près des gens, accompagné d'Alexandra qui découvrira les aléas d'un voyage sur le ton de l'improvisation, nous ferons une escale rapide dans l'ancienne capitale coloniale d'Antigua, avant de rejoindre une petite école de langue à Quetzalténango. Durant une semaine, nous tirerons les bénéfices de cours intensifs en tête à tête avec nos professeurs respectifs, vivant dans une famille qui nous permettra de côtoyer au plus proche la vie locale. De volcan en finca, de sauna en source d'eau chaude, à travers rencontres et échanges, nous appréhenderons au plus près les portes des hautes terres occidentales. Après quoi nous rejoindrons le lac Attitlan : un endroit décrit comme un des plus beaux du monde. Nous apprendrons à ressentir son mystère, parcourant les villages indigènes aux coutumes locales qui peuplent ses berges aux couleurs changeantes. En passant par le très réputé marché de Chichicasténango, nous poursuivrons notre route vers les hautes terres pour atteindre le surprenant village de Todos Santos, semblant tout droit sorti d'une autre époque. Traversant l'Alta Verapaz, nous cheminerons enfin sur des routes peu engageantes jusqu'à atteindre les frontières du Petén. C'est ici que, dans la chaleur tropicale, nous partirons à la découverte de Tikal, le plus grand site maya aujourd'hui mis à jour. Pour terminer notre voyage, nous bouclerons notre itinéraire en rejoignant la capitale politique, tant évitée par les étrangers…
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| |  Premiere partie: au rythme de Quetzalténango |
|  | Jour1: Levé 4h45. La journée s'annonce interminable. Une escale a Madrid avant de décoller pour 11 heures de vol. 11 heures c'est long mais pas tant que ça... le temps de traverser la France du nord est au sud ouest. Tiens, ça me rappelle un certain trajet. Ah bon ? Le voyage se déroule sans encombre, alternant les occupations qui peuvent exister a bord d'un avion : repas, sieste, film, repas, sieste... ! Nous sommes exacts sur l'horaire. Nous suivons les 15 dernières minutes de vol jusqu'a l'atterrissage via les écrans vidéos et une camera installée sur l'arrière de l'avion. La visualisation est excellente. Notre airbus perd de l'altitude. La terre se rapproche. Le train d'atterrissage est sorti, la piste se présente juste sous nos pieds...nous touchons l'asphalte. Impressionnant...Bravo senor el pilote ! La sortie de l'aéroport est assez folklorique. Pour commencer aucun affichage n'indique nos bagages de soutes. Nous remettons un premier document officiel avant de le reprendre car nous devons d'abord récupérer nos sacs toujours non localises. Voici les tapis roulant qui offre un defile de valises et sacs a dos tandis que je papotte avec un couple de français voyageant avec leurs enfants, adeptes des voyages au bon feeling. Sac sur le dos nous voici prêts a quitter le hall principal...déjà les bus nous invitent a quitter l'aéroport...nous sommes a l'extérieur. Seul petit détail...nous n'avons pas passe la douane, ni fait tamponner nos passeports. Erreur ! Comble du burlesque, nous franchissons les postes de contrôles, en sens inverse, tandis que les derniers passagers se font enregistrer sur le territoire. Le ton est donne...il semblerait que la sécurité ne soit pas un critère de premier choix pour les douanes guatémaltèques !
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| |  | | Peu recommandable en terme de sûreté, nous quittons Guatemala city avant même d'y être véritablement entres. Un bus nous emmène vers Antigua, l'ancienne capitale du pays. Déjà les abords des routes m'apparaissent colores. Rouge, bleu, jaune...des couleurs chaudes, tendance Amérique centrale. Un ladino a la peau matte conduit un bus immense, aussi polluant que colore. Quelques phrases musicales s'échappent des vitres entrouvertes, aux sonorités locales. La conduite est calme, pas stressante. Le relief est vallonné, le paysage déjà abondamment boise, la végétation luxuriante, riante, hospitalière. Black Cat Inn. Premier hotel. Première péripétie. Nous descendons du bus un peu précipitamment. Une fois dans la chambre, Alex se rend compte qu'elle a oublie un sac, avec son appareil photo et un téléphone portable de prêt. Remue ménage. Chamboulement. Aie aie aie ! Le voyage est lance. Ironie du sort. Tellement sur ses gardes vis a vis des vols et de la petite délinquance réputée, elle a anticipe les événement...Il est 19h a nos montres ; 3h du matin pour nos organismes. Il est tôt mais la nuit est déjà tombée ; sous la pluie nous allons vers le parc central. Toc toc toc !!! Il est 22 heures...On frappe a la porte avec insistance. Je dors déjà. Je met du temps a comprendre d'ou vient ce bruit. C'est le gars de l'hôtel. Le chauffeur du minibus a
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| trouve le sac et est revenu le rapporter...a prioris depuis Guatemala city...a 1heure de route...Alors ? On ne peut pas faire confiance aux guatémaltèques ?
Jour2 : Malgré un réveil en plein milieu de la nuit, je me rendors jusqu'au petit matin. Le décalage horaire est en partie contrebalance par le manque de sommeil de la journée précédente. Le petit déjeuner est la première rencontre avec les traditionnelles haricots noirs, ou frijoles, servis ici en puree comme accompagnement. Antigua est le rendez vous des citadins de la capitale lorsque le week end ils veulent échapper a l'oppressante et polluée Guatemala city. Quadrillée par les avenidas et les calles perpendiculaires, Antigua s'articule selon une géométrie parfaite. Le long des rues pavées, rectilignes, impeccablement propres, l'ancienne capitale fait étals de ses innombrables églises et couvents. Sur le versant sud, le " fuego " romps fragilement cet environnement de perfection en laissant s'échapper des fumeroles de son cône. La vue du volcan depuis les terrasses de la Merced, une des plus belles églises de la ville, est fort intéressante. Dans la cours centrale, une fontaine gigantesque présente une belle vue aérienne. A l'intérieur d'une des salles adjacentes, un groupe d'individus prit en chantant, accompagnes gaiement par quelques guitares. C'est une troublante audition d'exotisme ou la religion romps aussi avec la rigueur catholique occidentale. Le parc central est le poumon de la ville et un repère simple pour s'orienter. Une ballade en périphérie ouest nous fait côtoyer le marché local. Il faudra fournir quelques efforts pour grimper au Cerro de la Cruz. Une petite suée nous permet de rejoindre cette ouverture dans la foret, dominant Antigua de façon remarquable. La vue est photogénique, et en arrière plan le volcan Agua dont le sommet est prisonnier des nuages donne de la contenance au tableau. Le site est agréable, reposant, et après une longue pause, nous redescendons en slalomant sur un sentier forestier. Antigua est une ville aux dimensions modestes, à l'architecture coloniale riche. Elle est aussi tranquille, calme et sans grande agitation malgré ses hordes de touristes. Mais Antigua ce n'est pas encore vraiment le Guatemala, en tout cas pas celui que je suis venu rencontrer. Sur les allées du parc central, l'espagnol local se mélange aux sonorités occidentales. Le voyage n'est pas totalement commence. Pourtant j'apprécie beaucoup de m'immerger dans cet univers ou l'on devient un peu un autre, jouant avec la langue comme avec une arme de séduction. A près tout, en cas d'agression, on peut aussi pouvoir riposter ! J'interpelle les gens, usant de cette langue dont le vocabulaire me fait pourtant défaut. Ce soir, sur le parc central, un concert populaire donne le ton de l'immersion. Joli spectacle avec comme toile de fond la façade illuminée de la cathédrale. La salsa donne le tempo. La musique est une connotation du pays, et lorsque qu'elle adopte le langage indigène pour s'exprimer, elle apporte aussi un vent d'émotion. C'est un part de rêve éveille qui transporte et raconte la vérité de la où on est. |
|  Photos Antigua |  | |
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|  | Jour3: Le réveil ne sonne pas ! Serait il a l'heure française ? Probablement ! L'horloge biologique est parfois bien plus efficace. Nous sautons du lit d'un bond pour nous habiller en quatrième vitesse. A 5 heures nous sommes devant la porte de l'hôtel. Nous patienterons encore quelques instants avant de nous hisser a bord d'un bus...retour a la capitale pour changer de véhicule et emprunter un second bus. Au calme d'Antigua succède une ferveur plus dynamique dans les rues de la capitale. La route s'élève, le bus se remplit a la volée, lorsque les gens lèvent la main depuis les bords de chaussées. Le moteur ronfle, la carcasse vibre sous les ruades provoquées par l'asphalte défoncé. Tandis que les virages s'enchaînent la brume nous enveloppe progressivement. Il tombe quelques gouttes. La ville est loin derrière. Le paysage des hautes terres a fait place neuve avec ses collines d'altitudes plantées de forets. Encore quelques kilomètres à s'élever après le carrefour Los Encuentros, puis la route redescend. 2335 mètres. Voici Quetzaltenango qui nous accueille avec sa gare routière en périphérie de ville ou règne une agitation chaotique. Il faut traverser la grande marche, ses étals colorés, son animation matinale pour prendre un bus qui nous laissera près du parc central. Nous allons directement à l'école dont j'ai reçu les recommandations. La première impression ne me séduit pas. Les cours ont lieu dans une pièce sombre, ou dans les couloirs étroits |
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| de l'étage du bâtiment. Nous prenons tous les renseignements nécessaires puis filons vers une seconde adresse dont la description semble plus attractive. La vue de la cour intérieure fleurie, ou de petites tables sont disposées le long d'un semblant de cloître aux colonnes originelles m'interpelle. L'esprit écologique de la petite école, ainsi que son partenariat avec un projet de reforestation confirme la première intention...Affaire conclut... L'après midi est employée a balayer les allées et avenues du centre, récolter des renseignements sur les possibilités qu'offre la région. Ce soir nous nous installons dans un petit hôtel. Il faut lutter contre le sommeil qui voudrait bien venir a bout de mon obstination a rester éveiller. La pluie qui se mêle à la partie s'abat fortement sur les toits et berce un peu plus mon assoupissement. Un sursaut d'énergie est nécessaire, alors que l'averse s'affaiblit, pour sortir enjamber les rues pentues transformées en cours d'eau, et avaler une assiette de tacos. Muchas gracias señorita ! Je n'ai pas tout compris des interventions de cette aimable personne dont l'accent me laisse interrogatif, mais c'était très bon !
Jour4: Une bonne nuit efface la fatigue de la longue journée d'hier. Le petit déjeuner au lit, a défaut d'être prodigieux, est de circonstance : madeleine et jus de pomme avant de quitter la chambre de l'hôtel, et aborder une matinée cérébrale. A 8 heures nous sommes devant la grande porte de l'école. C'est parti pour 5 cinq jours de cours intensifs, a raison de 5 heures consécutives quotidiennes. Lorsqu'on nous ouvre, nous découvrons un patio vide. Est ce une école ou un centre de méditation ? En réalité nous sommes les deux seuls élevés aujourd'hui et mon professeur particulier est déjà arrive. Il s'appelle Pedro, la quarantaine, parle l'espagnol dans la vie de tous les jours, mais sa langue maternelle est le Quiche. Cette communauté maya est la principale implantée dans la région. Aussi en tendant l'oreille dans la rue, nous pouvons entendre un dialecte incompréhensible. Le soleil rayonne ce matin mais quelques nuages assombrissent l'atmosphère. Nous nous installons autour d'une petite table recouverte d'une nappe en toile, dans le fond de la cour. La première journée débute par des rappels de conjugaison. Oh que oui je les ai appris ! Oh que oui je les ai oublies ! Je fais remonter mes souvenirs en surface pour les appliquer dans des situations concrètes. Le cours se construit autour de conversations au cours desquelles je questionne Pedro pour palier a mes défaillances nombreuses et répondre a mes interrogations. Cela n'a rien de formel. Autour d'un café nous abordons divers sujets, mêlant inserts personnels et apprentissage de la langue. A l'autre bout de la cour, Alex découvre la langue avec Ana Lucia, une prof plus jeune qu'elle. Le cadre est agréable, paisible. La cour est agrémentée d'un jardin où fleurissent nombreuses variétés de fleurs, ombragée d'arbres. Deux chats se promènent dans les allées de plantes, tandis qu'un colibri butine sa récolte du moment. Malgré cet environnement propice, et un échange productif, la saturation se fait ressentir. Le tintement de la cloche que fait retentir Josueh pour indiquer la fin des cours est la bienvenue. Il est 13 heures, les élèves peuvent ranger leur cahier ! |
|  Photos école Madre Tierra |  | |
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|  Rencontre avec Sarah, Ingrid et Anna Maria |
| | A partir de ce soir, nous serons hébergés dans une famille. A la sortie de classe, Sarah nous attend pour nous emmener chez elle. La maison se situe a 5 minutes a pied de l'école. Nous rencontrons sa mère, Anna Maria. L'habitation est très classique, le mobilier rudimentaire. Une première pièce joue davantage le rôle de vestibule et de rangement que de véritable pièce de vie. L'essentiel de l'activité de situe dans le salon adjacent a la cuisine dans laquelle nos hôtes passeront beaucoup de temps. A l'extérieur, un petite cour, puis également les toilettes. A l'étage plusieurs petites chambres sommairement emménages ou séjournent les étudiants. Pour déjeuner, deux israéliens font apparition ; ils séjournent ici depuis quelques jours déjà. L'après midi est libre. Nous prenons un petit chemin qui s'élève au dessus de la ville et offre un beau panorama de Xela, autre nom local donné à Quetzaltenango. Apres de multiples errances nous rejoignons la maison pour un dîner avance en raison d'une conférence sur les droits de l'homme que je dois suivre. Nous faisons les présentations avec Ingrid, la soeur de Sarah. Elle sont donc trois femmes a vivre sous le même toit. La mère, 70 ans peut être davantage, et les deux filles. Alex, 10 ans environ, le fils d'Ingrid vit également avec elles. Ce soir c'est l'anniversaire d'Ingrid, et pour l'occasion les israéliens ont prépare un plat typique Nous avons déjà termine de manger lorsque nous l'apprenons, mais de ce fait nous modifions le programme de la soirée. J'annule la conférence pour passer la soirée avec la famille. |
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| Pour notre contribution, nous partons en ville, accompagnes de Sarah, acheter de la glace. Les trois femmes ont prépare du poulet. Nous voici prêts pour notre second repas du soir! Des bougies et un petit ballon accompagnent le dessert pour célébrer l'événement. La nourriture est quelque chose de précieux et sacé, et de généreux remerciement fusent pour ce repas partage. Ana Maria, Ingrid et Sarah se montrent très serviables chaleureuses et hospitalières. Cette première soirée fut fort sympathique, immergés dans un environnement authentique. Je sais déjà que cette semaine sera riche d'intérêt ! |
|  Photos "famille" |  | |
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|  | Jour5 : Malgré un sommier de planches relativement dur, la nuit est très bonne. Je suis réveille bien avant l'heure du lever mais je me repose tranquillement avant le déjeuner. 7h55, le sac sur l'épaule, nous quittons la maison pour remonter la rue réchauffée par les rayons de soleil jusqu'a la grande porte en bois de l'école. Pedro est déjà dans la cour, un grand verre d'eau a la main, installe en plein milieu du patio, profitant du soleil. J'ai un peu de mal a entrer dans la conversation puis mon espagnol se délie tandis que les données rentrent a grande dose dans mon cerveau. La multiplication des informations emmène des confusions que le temps permettra de digérer. Nous sortons de l'école à la même heure que les enfants en sortent eux mêmes. Nous les croisons regagnant leur maison, à la différence prête que nous n'avons pas revêtis l'uniforme d'écolier. La calle 9 est le cordon ombilical qui relie notre école à notre pension familiale. Désormais cet itinéraire routinier devient le lien social qui nous unit a la ville et a son rythme. Apres le déjeuner et quelques bavardages avec Ingrid, nous retournons a l'école ou nous attend un guide pour une promenade jusqu'aux bains de Vahos. Un chemin de pierre s'élève au dessus de Xela pour atteindre un versant de montagne. Nous rencontrons quelques indiens Queche occupes a travailler dans leur parcelle de culture, ou descendant du bois charge sur leur dos. Dans le fond, le cône du Tajamulco, volcan culminant du pays, |
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| apparaît. Sur les bords d'un chemin, le guide nous montre un lieu de rassemblement ou les mayas se recueillent pour célébrer les cultures ou implorer la pluie. Un peu plus haut, nous arrivons aux banos Vahos. Un sauna naturel a été emménage sur des vapeurs chaudes rejetées par le volcan Santa Maria. Chaud, chaud et même très chaud !!Je peine à entrer dans cette brume asphyxiante. La douche froide en sortant est vraiment appréciable...Sur le chemin du retour je continue de discuter avec le guide, et prend un maximum d'informations et de renseignements pour préparer le futur de notre route. La nature dans laquelle nous sommes me plait. J'y trouve quelque chose de bucolique tout autant qu'apaisant par la douceur des indigènes que nous croisons, en opposition a la dureté de leur vie. Cette nature a pourtant été terrible avec ses habitants. Lorsque le Santa Maria est entre en éruption a la fin du vingtième siècle, la terre s'est appauvri et devenu infertile. Des cultures ont alors disparus de certaines zones. De retour à l'école, nous finalisons les sorties des jours a venir. J'apprécie fortement ces instants lorsque se met en place une partie du puzzle du voyage. Comme hier, en fin d'après midi, une coupure d'électricité plonge la ville dans l'obscurité. Ce soir encore le repas se fera à la bougie. Sarah et Ingrid ne cessent de s'en excuser comme si elles étaient responsables des problèmes de générateurs...
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| |  | | Jour6: Nous sommes à présent calés sur les horaires imposes par le rythme du voyage. Couches vers 21h30 et réveille vers 6h du matin. Voici a peu de choses prêt ce qui définit les journées. Bouillie d'avoine et banane pour affronter 5 heures de cours ne sont pas de trop. Aujourd'hui je suis a l'école avant Pedro qui a semble t il loupe le réveil ! Le voici qui arrive au pas de course...Je me replonge dans un démêle de conjugaison et vocabulaire. Les temps se mélangent parfois. Le ciel, lui est clair, d'un bleu limpide. 10h30 et la pause tant apprécie...Café et pêches chaudes au sirop sont des ressources nécessaires afin de recharger les batteries pour la deuxième partie. Plutôt que de nous rassoire autour de nos tables respectives, nous quittons l'école et partons vers le cimetière ou Ana Lucia nous fait un petit topo sur certains moeurs. Les pauvres et les morts de maladie comme le sida ou le cancer sont notamment enterres a part. Apres trois jours de cours intensifs, Alex fait des progrès, et peut désormais se débrouiller seule pour demander des renseignements. Pour ma part, je ne sens progresser, bien que de grossières confusions se mêlent aux conversations, et que mon vocabulaire reste un vaste terrain vierge ! L'almuerzo est servi. Soupe de frijoles, assiette avec purée de pommes de terre enrichies avec tomates et oignons absolument succulente. Je bavarde longuement avec Sarah, lui raconte la journée, notre programmation future, et parlons de bien d'autres causes. C'est le troisième jour que nous sommes dans la famille, et je m'y sens totalement implique et a mon aise. Sarah, Ingrid et Anna Maria sont toutes trois dévouées et attentionnées. Elles veillent en permanence à ce que tout aille bien. Elles apprécient la présence des étudiants et aiment s'immiscer pour bavarder. Nous ne vivons pas seulement chez elles mais également avec elles. En milieu d'après midi Cindy et Sandy nous rejoignent pour un cours de danse. Objectif en ligne de mire: meringue et salsa ! Véritable défi pour ma personne, a peu prêt aussi a l'aise a danser que j'apprécie la saveur
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| fortement sucrée de la meringue...autant dire que ce n'est pas gagne! Si mon déhanché a quelques difficultés a suivre le rythme des pas conduit par les deux filles, je parviens malgré tout a les enchaîner avec application et réaliser une danse relativement correcte. Sans vouloir me vanter, je retiendrai avoir réussi a passer un pas la ou Alex la danseuse a bute...et toc! Au bout de quasiment 1h30 de danse active, je ressors du cours avec un petit acquis de rythme latino américain...reste à perfectionner... En rentrant a la maison, nous rencontrons Shane et Janie, un couple d'universitaire américain arrive aujourd'hui a Xela, pour trois semaines de cours. Il seront pour la suite un vecteur d'échange et de perfectionnement a la langue. |
| |  Désagréments dans nos assiettes |
| Jour7: Même froide, la première douche depuis notre arrivée à Xela est appréciable. Le désayuno dans le ventre, nous prenons le chemin de l'école. C'est reparti pour cinq heures de pratique ! Nous abordons ce matin quelques sujets très sérieux. A travers la presse, et son récit, Pedro me raconte comment une des plus grandes usines textiles du pays, voire d'Amérique centrale, qui emploie près de 2000 personnes, a fermé ses portes. L'entreprise faisait essentiellement travailler les gens de Cantel, une ville en banlieue de Xela. Sans explication réelle, ni certitude sur l'avenir, des centaines de familles se retrouvent sans emploi et dans la difficulté. Le Guatemala serait-il lui aussi victime de la mondialisation ? C'est en tout cas ce que cela tend à démontrer alors que l'usine fonctionnait en continu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ; la perte de profit ne faisant aucun doute sur les raisons de la fermeture. On discute des conditions économiques du pays, des difficultés à trouver un travail, d'avoir une maison. Pedro me parle de ses parents et me compte leur histoire. Ils avaient une entreprise, qui à l'époque où la guerre civile a débuté, faisait travailler les gens du village. Mais le gouvernement ne voyait pas cela d'un bon œil. On a brûlé leur maison, tué des personnes proches. Ses parents ont été contraints de fuir vers Xela, de changer d'identité. Pedro était enfant, et n'a que de vagues souvenirs de cette période. Je lui parle alors de mes lectures, et de Rigoberta Menchu, indigène Quiché qui a compté, à travers sa propre histoire, l'humiliation et la persécution faite aux peuplades mayas au cours de la cette période. Je reconnais à travers le récit de Pedro des scènes et des faits décrits dans le livre. Ses parents ont connu Rigoberta Menchu avant qu'elle ne devienne plus tard prix Nobel de la paix. Je repense aux paysans que je croise sur mon chemin et à leur vie de labeur, bien qu'aujourd'hui les conditions aient évoluées. En milieu d'après midi, je me dirige vers le musée d'histoire naturelle. Sur deux niveaux, plusieurs thématiques sont exposées. Je retiendrai une série de photographies noires et blanches, agrandies, datant de la révolution libérale, ainsi qu'une collection de tissages, une salle entière dédiée aux plantes et minéraux de la région. Je suis très intrigué par les animaux naturalisés, avec comme attraction le très symbolique, et aujourd'hui rarissime Quetzal. Après cette intéressante visite, nous allons jusqu'au marché " La démocratia " faire quelques achats pour préparer le repas du soir qui se tient à l'école. Le marché est immense, mais nous ne trouvons pas ce que nous cherchons, perdus dans les étalages de produits d'utilité quotidienne, dans notre quête infructueuse des produits comestibles. A 18 heures nous sommes à l'école pour préparer le repas. Sandy, notre professeur de danse de la veille, est déjà là, en train de nettoyer la cuisine. Gaby nous rejoint ensuite, puis Josueh un peu plus tard, après des cours qu'il donne à l'université. Nous discutons de choses et d'autres devant une marmite de pattes un peu différente de nos espérances. L'inexpérience des produits d'alimentation nous a joué quelque tour, et nous avons cuisiné un plat avec une sauce tomate qui s'avère être du ketchup ! Nous passons une agréable soirée dans une ambiance sobre et intime, autour d'une bière locale. Dans d'autres circonstances, Pedro anime la soirée en jouant de la guitare et chantant autour d'un feu, mais ce soir nous ne sommes que deux étudiants, et Pédro lui-même ne pouvait être ici.
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| |  | Jour8: Ce matin le temps a changé. La grisaille est de retour. La pluie frappe les tôles de la toiture de la chambre. Nous somme samedi, et il n'y a donc pas de cours. Pour autant, nous sommes à 8 heures devant l'école où Gabi et Josueh sont déjà dans le véhicule, nous attendant pour partir à la finca Santa Maria. Dès que nous quittons Xela, en direction du sud, vers la côte pacifique, la nature se substitue à la ville. La végétation devient rapidement luxuriante, et de plus en plus vallonnée. Après la traversée d'un village où quelques tenues vestimentaires donnent un peu de coloration au ciel voilé, la route entame une longue descente vers l'océan. Des virages en épingle sinuent au milieu des forets, dans un paysage montagneux. Il faut connaître les lieux pour emprunter une petite route pavée sur la droite qui conduit après un kilomètre environ à l'entrée du village Santa Maria, où des hommes armés surveillent les allées et venues. 1h30…c'est le temps nécessaire pour arriver à la plantation de café. L'exploitation est vaste, le relief escarpé sur des flancs de montagnes. Elle court sur 40 hectares et fait travailler 32 familles durant la période de production. On parcourt un sentier sinueux, qui monte et descend à travers les caféiers mêlés à d'abondantes espèces de plantes et d'arbres. Des bananiers en particulier la forêt, mais bien différentes autres plantes aux feuilles géantes donnent un air de foret primaire; des insectes étranges peuplent les bordures. Des points de panorama offrent une vue sur des gorges au fond desquelles tombe une cascade sur le versant |
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| opposé. Le café est cueilli à la main. Il serait de toute façon impossible qu'il en soit autrement étant donnée le relief. A cette période, l'exploitation ne fonctionne pas, mais on nous expose le processus de récolte et de transformation. Le grain vert est ramassé puis trié une première fois, débarrassé de sa cosse, lavé puis mis à sécher. Après torréfaction et mise en sac, le café sera soumis à contrôle et acheté par des sociétés américaines. La quasi-totalité de la production partira ainsi pour l'exportation. La finca certifiée organique fait partie d'une association maya de petits producteurs, et se veut respectable d'un certains nombre de points, notamment des salariés. De qualité certainement bonne, je ne trouve pourtant en goûtant ce produit aucune saveur extraordinaire. Serait-ce le goût d'amertume? Sur le chemin du retour, je repense aux années d'exploitation où les indigènes venaient par nécessité absolue travailler dans ces fincas. Ils étaient traités comme des moins que rien ; les animaux mêmes étaient mieux considérés. A peine arrivaient-ils à gagner quelques quetzales, parfois même rien. Ils gagnaient par leur dur labeur, dans des conditions d'esclaves, le droit de manger une nourriture souvent indigne. En suivant une camionnette à l'arrière de laquelle sont installés plusieurs personnes, j'imagine les paysans mayas, entassés comme du bétail, dans des camions qui roulaient parfois 2 jours pour rejoindre les exploitations de la cotes, depuis les hautes terres. Peut être est-ce ce goût du passé qui donne une saveur erronée à ce liquide noir de terroir ! Dans l'après midi, nous repartons au marché " la démocratia ", au nord de la ville. J'aime me perdre dans le foisonnement des étals. Une véritable fourmilière humaine s'agite le long des allées couvertes où se multiplient les vendeurs. Au hasard des traverses, je me faufile dans la marée. Dans la lumière tombante que filtrent les nuages, j'observe le Santa Maria, à demi invisible, absorbé par une nappe blanchâtre. Les conditions météorologiques ont évoluées et il est peu probable que dans un futur proche nous puissions le voir de plus prêt, alors que son ascension était prévue pour demain. Malheureusement s'il est un paramètre qui reste bien imprévisible, il s'agit bien du temps !! |
| |  | | Jour9: Le réveil de ce matin est plus tardif. J'ai bien dormi, pourtant je me sens fatigué. Aurais-je relâché la tension que mon horloge biologique avait programmée pour l'ascension du volcan ? Possible. Toujours est-il qu'après le petit déjeuner, nous prenons un bus pour Zunil. Prendre un bus local présente toujours une atmosphère particulière. Les femmes en tenue traditionnelle, panier sur la tête, les chargements de sacs par l'arrière et sur le toit créent une activité et une animation permanente. De Zunil, à environ 20 minutes, il faut encore prendre un mini bus qui monte sur 9 kilomètres une petite route en lacets, au milieu de paysages verdoyants et étroits. Sur leurs flancs, des paysans travaillent dans leurs parcelles de culture, et ceci malgré que nous soyons dimanche. Si la pluie est tombée cette nuit, le ciel nuageux n'est pour le moment pas menaçant, et la matinée sèche. Nous rejoignons la brume peu avant d'atteindre " Fuentas Georginas ". Ce sont des piscines naturelles alimentées par une eau de source chaude, d'origine volcanique. Trois bassins se déversent l'un dans l'autre, du plus grand au plus petit. Dire que les bains sont chauds n'est pas exagéré car j'ai réellement du mal à m'y immerger ! L'eau qui suinte le long d'un pan de montagne avant de venir alimenter les réservoirs est encore plus chaude. Je ne peux tenir la main posée sur la roche. Les vertus thérapeutiques de l'eau sulfurée sont appréciées par les locaux qui aiment y venir le week end, en famille, se détendre autant que soigner leurs maux.
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| Fuentas Georginas est planté dans une luxuriante végétation. Au dessus des piscines s'élève un chemin dans la forêt jugulaire. Le décor est assez fascinant. Bien que la température ne soit pas très élevée, et que la brume se densifie, telle de la vapeur enveloppant le site, on peut aisément se baigner et ressentir davantage encore un bien être apaisant. Un petit restaurant sert quelques plats. Affamés nous commandons une assiette de frittes que nous avalons dans un bercement musical. A l'arrière d'un pick up, nous redescendons à Zunil, quittant progressivement la brume et la pluie qui s'est mêlée. Avant de reprendre un bus qui nous ramènera au terminal de Xela, nous faisons un petit tour dans le centre. Si les bains ont des vertus curatives, ils ont également un effet somnolant ! De retour à la maison, une petite sieste s'impose. Afin de prendre des informations pour demain, je fais un saut jusqu'à l'école…que je trouve fermée. J'ai juste le temps d'enregistrer le numéro de téléphone inscrit sur la porte, que la pluie fait son apparition brutale. Cette fois il ne s'agit plus d'une petite brume épaisse qui se condense, mais d'une véritable trombe qui s'abat dans les rues. L'avancée des toitures ne constitue pas longtemps un refuge imperméable. En quelques secondes, mon pantalon est totalement trempé, et je me retrouve à enjamber à la course les coulées d'eau qui se déversent dans les rues. Ce soir nous mangeons plus tôt. Après la cena, l'américain et moi allons dans un café où un nombre incalculable d'objets anciens sont accrochés comme décoration, tel un véritable musée. Je commande un chocolat chaud, réputé dans l'établissement, et entame avec Shane une conversation sur la vie du pays, et la place des notre dans le monde. L'échange dans la langue locale est passionnant, tandis que la pluie continue de battre… |
| |  | Jour10: La pluie a continué de marteler les tôles du toit une grande partie de la nuit. Hier soir j'ai eu Josueh au téléphone. Il me dit que l'ascension du volcan Santa Maria est faisable. Nous n'avons rien prévu pour manger, et les conditions ont un peu amoindri ma motivation. Nous changeons d'optique et de programmation, pour se focaliser sur un volcan plus facile d'accès, et d'un intérêt différent : la lagune Chicabal. A 7 heure Lucas (je l'appellerai ainsi car j'ai oublié son prénom !) nous prend devant la maison. Direction San Martin Sacatapeque. Nous croisons quelques hommes revêtant l'habit traditionnel du village. D'autres sont déjà au travail dans les cultures en pente des flancs de montagne. La pomme de terre est une production essentielle, tout autant que le mais dont les champs s'étendent sur de grandes surfaces. Depuis le village un chemin de terre grimpe dans la forêt. Nous abandonnons le pick up là où l'état du chemin ne permet plus d'avancer. La montée est assez brutale. Il faut quelques efforts pour parvenir jusqu'au sommet, à partir duquel le chemin redescend pour rejoindre le pied du Chicabal. A partir de là, la zone est protégée. Il faut encore monter le dôme de l'ancien volcan avant d'atteindre un mirador duquel nous avons une vue dégagée sur notre ancien objectif : le Santa Maria. A son pied, le Santiguito crache des fumées explosives. Le ciel est clair et la vue embrasse l'horizon jusqu'à la côte. De l'autre côté nous visualisons la lagune, au fond du cratère éteint du Chicabal. Plus de 600 marches permettent d'y descendre. Le site est sacré
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| pour les mayas. C'est un lieu de cérémonie et de rituels. Des panneaux interprètent le calendrier dont chaque mois est divisé en 20 jours. Chaque jour correspond à un thème particulier pour lequel les indiens se réunissent pour prier. De nos jours ces rites sont encore pratiqués et restent prohibés aux étrangers. Comme chaque jour à la même heure, la brume commence à se déposer sur la lagune et un air frai balaye la surface, apportant davantage de mysticisme encore. Il est 12h30 lorsque nous rentrons. Le temps de prendre une douche, de déjeuner, et nous filons avec nos cahiers d'écoliers, pour la dernière séance de cours. Je retrouve Pedro et bavardons de choses et d'autres. L'ambiance est comme à l'accoutumé détendue, bien que studieuse. En fin d'après midi, tandis que la fraîcheur s'installe, nous décidons d'aller terminer les cours dans un café. Alex et Ana Lucia nous accompagnent. Pour les derniers instants à partager, nous rions ensemble autour d'une bière. J'ai passé avec Pédro une superbe semaine et pourrais seulement regretter de ne pas passer une soirée supplémentaire pour l'écouter jouer de la guitare et chanter des airs bien d'ici. Nous nous quittons sur le seuil du café, un peu désabusés de nous séparer maintenant. La journée marathon n'est pas terminée. Il est 20 heures passé lorsque nous rentrons à la maison. La famille nous attend car ce soir nous les invitons au restaurant pour la dernière soirée en leur compagnie. Ce sont nos invités qui ont choisi un restaurant chinois qu'elles connaissent. Les plats sont copieux et elles savent par avance qu'elles ne termineront pas leur assiette. Peu importe, cela est tout calculé, car elles emporteront les restes pour demain. Cette pratique est coutumière dans le pays, et ce qui n'est pas consommé est emballé et placé dans un sachet. Le plus étonnant reste à venir. Ce qui nous apparaîtrait comme insolant en France, n'est fait ici sans aucune arrière pensée. Elles commandent des glaces pour le dessert, mais ne les mangent pas. Au lieu de cela, elle les emballent soigneusement dans une serviette de papier, et les rangent dans le sac. En rentrant elle les mettront au congélateur, a demi fondues très certainement, mais peu importe…demain Alex s'en régalera. Il est évident que jamais elles ne pourraient en temps normal s'offrir le luxe d'un repas à 4 dollars ! Elles sont humbles et reconnaissantes, et leur sincérité est touchante. Elles sont contentes, et nous le sommes tout autant. Ce sont des instants après lesquels je cours, lorsqu'un geste, un échange, un sourire transportent la communion et transmettent l'émotion. |
| |  | | Jour11: Après un voile épais qui recouvrait la ville, le soleil chauffe à présent, comme pour nous donner une ultime image positive de Xela, avant de quitter les l'endroit. Nousprenons le petit déjeuner avec Gennie et Shane avant qu'eux ne partent pour leur école. Ingrid se pré&pare pour la cérémonie en l'honneur de l'instituteur d'Alex, décédé hier d'un infarctus. C'est la vie, comme le répète souvent Ingrid ! Toutes les trois nous remercient encore pour le repas d'hier. Après une longue séance photos souvenir, c'est le moment de faire les adieux. Mais avant, Alex(andra) se voit revêtue de la tenue traditionnelle. Huipile, corte et autres accessoires sont sortis du placard pour la transformer en véritable autochtone. Beaucoup de compassion et d'élégance dans l'attitude de ces femmes. Nous les remercions mais elles se montrent plus insistantes que nous sur le sujet. Je quitte la maison avec un petit pincement au cœur. Sarah nous accompagne à l'arrêt de bus, et attend avec nous. |
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|  Photos Quetzalténango |  | |
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|  |  | Une fois dans le bus, c'est un second voyage qui débute, à la rencontre des endroits fascinants du pays. Nous quittons définitivement Xela, et une semaine d'immersion dans la vie de ses habitants. La route prend de la hauteur et le paysage s'ouvre sur des forêts de pins et des plantations de mais à profusion sur les flancs de montagnes au doux relief. Le bus avale les sillons qui tracent la large route à vive allure. Les secousses nous font décoller des sièges. Aux arrêts, les vendeurs de nourriture, de boissons, de gadgets ou les proseurs de bible se succèdent et se croisent dans l'allée centrale, pour faire du trajet une scène vivante. Après Solola, l'itinéraire plonge vers Panajachel. En contre bas, une immense étendue d'eau apparaît, aux côtes gardées par montagnes et volcans. Nous voici sur les berges du lac Attitlan. Panajachel est une ville touristique dont l'artère principale n'est qu'une succession de boutiques artisanales, de restaurants et cafés. Pour autant la vil es un point d'entrée sur le lac, et un passage presque obligé pour découvrir ses alentours. L'après midi sera ternie par des pluies abondantes qui ne laisseront que trop brièvement apparaître le visage onirique d'Attitlan. Lorsque la pluie a cessé, que le soleil est couché depuis longtemps, je disparais moi aussi au pays des songes… |
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| | |  | | Jour12: Le temps reste voilé ce matin, mais le ciel s'éclaircit peu à peu. Tôt, lorsque les touristes sont encore endormis, que les commerçants commencent à peine à installer leurs stands, je descends la rue principale, vers la plage. Le volcan Cerro de Oro est encore recouvert par les nuages mais le lac dévoile toute sa grandeur en offrant un panorama de 180 degrés. Le calme qui règne sur les bords du lac, où quelques marins préparent les bateaux, est relaxant et très apaisant. A 9 heures je prends une lancha pour Santa Cruz. J'ai rendez vous à l'hôtel " La Iguana Perdida " avec une monitrice américaine de plongée. Deux anglais sont également de la sortie. Equipés, nous embarquons à bord d'une lancha, en direction de Jaibalito. Une première plongée nous fait immerger sur le site " aqua caliente ". A 10 mètres de fond à peine, on peut sentir la chaleur de courant souterrain, en plongeant la main dans le fond meuble. Nous remontons en surface pour un second spot, et la véritable plongée, plus profonde, et plus longue. Quelques crabes, quelques poissons constituent l'essentiel d'une faune qui reste peu dense. Une végétation éparse de plantes aquatiques tapisse le sol ; quelques arbres et des roches volcaniques façonnent des murs poreux. La plongée en elle-même n'est pas extraordinaire, mais elle présente l'intérêt d'être en altitude. Vers 12 heures Alex me rejoint au centre. Le temps se recouvre. Nous montons par une route sinueuse très raide jusqu'au village échelonné à flanc de colline. Les enfants jouent sur le terrain devant l'école. Les femmes, en tenue typique, nous saluent. La vue sur le lac est splendide. D'un saut de lancha, nous nous rendons à San Marcola laguna. Le village est reconnu pour sa tranquillité et son centre de méditation. Les hôtels s'enchaînent dans un labyrinthe de bananiers, caféiers et avocatiers. Plus haut, bâti tout en devers, le village indigène poursuit son activité paisible. Des hommes portent aux champs, ou en rentrent. Les sentiers qui s'enfoncent dans la montagne et les champs de plantations relient les villages voisins entre eux. A coup sur magnifique lorsque qu'on voit les paysages montagneux de forêts qui s'échelonnent sur un relief escarpé, ces itinéraires n'en restent pas moins peu sur d'un point de vue sécurité. Mieux vaut ne pas s'y engager seul, et surtout avec des objets de valeurs. |
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| |  | La pluie bat maintenant son plein. Sur les bords du lac, les rives, avec ses pontons pour la baignade, sont très photogéniques. Un peu à l'écart un attroupement rassemble les hommes d'un village voisin. Hier un pêcheur s'est fait renverser dans sa barque par une lancha, et n'est pas réapparu depuis. Le pêcheur s'est noyé. Le conducteur de la lancha s'est enfui. D'après ce que l'on entend, il ne vaut mieux pas que les amis réunis ici retrouve le fautif ! Pour parfaire la sérénité, on apprend qu'une agression a eu lieu il y a trois nuits dans les allées non loin de l'hôtel ; les villageois ont mis un gardien…
Jour13: La matinée est plus calme que la soirée. Il n'y a plus de chiens qui aboient, d'enfant qui crient, ou de prêtre qui récitent leurs prières dans les hauts parleurs hurlant du village. Sur les berges, seules quelques allées et venues de bateaux perturbent le clapotis des vaguelettes sur la terre. Des femmes descendent des bassines de poissons pour les remonter au village, portées sur leur tête. Dans la lumière claire du soleil déjà haut dans le ciel, le lac dévoile ses contours escarpés. Je découvre ce matin San Marco sous un aspect différent, beaucoup plus apaisant et chatoyant. Les costumes traditionnels aux huipils rougeoyant sur fond des eaux bleutées calmes et de la nature abondamment verte proposent des contrastes sublimes. Nous prenons le petit déjeuner dans un restaurant perché, avec vue sur le lac et les montagnes auxquels la lumière transmet une coloration étincelante. Côté village, la vie, toujours laborieuse, dégage une vraie sérénité. J'aime prendre le temps de la regarder s'animer. Deux enfants dévalent les rues de pierre pentues, assis sur des caisses de boissons. Je m'amuse de les observer. Ils rient aux éclats. Je les prends en photo. Ils s'approchent, en confiance, et curieux de se regarder sur l'écran de mon appareil.
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| |  San Pédro ...une ascension à pic! |
| | A l'ombre d'un arbre, nous prenons le temps de rêvasser, au bord de l'eau. J'esquisse un croquis d'Attitlan, avant que des nuages noirs venant de l'est n'assombrissent de façon menaçante la tranquillité ambiante. C'est le moment que nous choisissons pour quitter San Marco et son havre de paix. Nous prenons un touc touc et suivons l'itinéraire qui longe le lac et le domine. Sur cette petite route ondulée, la promenade motorisée est agréable et la vue plongeante fascinante. Nous dépassons le village de San Juan la laguna avant de nous faire déposer dans le centre de San Pedro. L'atmosphère est très différente lorsque nous pénétrons au cœur, parcourons les ruelles de la ville. Ce n'est plus la tranquillité de San Marco mais l'agitation plus palpitante d'une ville classique. Notre chambre d'hôtel domine le lac et offre une belle vue. Sur les berges, des jeunes se baignent, des hommes pêchent, des femmes font leur lessive. Le cadre est bucolique. La couleur de l'eau varie en fonction du vent, de la pluie et du soleil. Le paysage s'adapte aux conditions et rend le site plus mystérieux. Nous allons au musée Tz'VnumYa. Ce petit musée expose, avec les commentaires d'un guide, différentes salles dédiées à la géologie d'Attitlan, sa formation volcanique et les mythes associés. Elle présente aussi divers aspects de la culture maya locale ; tenues traditionnelles et objets de la vie quotidienne. La visite est précédée d'un film sur la formation du lac qui nous plonge dans
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| une intéressante remontée dans le temps. A l'étage d'un petit restaurant qui embrasse le lac nous avalons une assiette de frittes. La vision nocturne des villages illuminés qui s'étalent autour du lac me laisse songeur…
Jour14: A 5h30, le soleil qui se lève sur le lac lui confère une teinte rouge orangée. A 6h00 nous sommes devant le local d'une petite agence du centre, prêt pour l'ascension du volcan San Pedro. Un américain et un couple de jeunes français font partie du petit groupe. Après une première partie alternant chemin de terre et tronçon de route, nous pénétrons dans le parc écologique, crée à des fins autant environnementale que de protection du randonneur. Le sentier étroit serpente dans une végétation basse composée de caféiers et de diverses espèces d'arbres et de plantes. Le chemin monte assez brutalement. Après 1h30 de crapahutage nous rencontrons une parcelle de mais. C'est à se demander comment les cultivateurs viennent ici planter et récolter la céréale ! Nous changeons d'étage de végétation, et grimpons désormais dans une forêt primaire. L'épais tapis vert filtre la lumière du soleil qui dessine des reflets et donne des variations de couleurs scintillantes. Le sentier devient plus glissant car plus humide. Les cuisses tirent. Le sentier monte toujours aussi abruptement. Il faut 4h pour enfin atteindre le sommet du volcan, 1500 mètres plus haut, à 3020 mètres d'altitude. Les nuages arrivent également, mais après un voile épais qui recouvre le sommet, la brume se disperse. La vue dégagée sur le lac est splendide, vertigineuse, et récompense les efforts entrepris pour nous hisser jusqu'ici. La vue aérienne embrasse le lac Attitlan, de San Pedro jusqu'à Panajachel et Santiago, les villages opposés. La partie est, que l'on pouvait admirer depuis un mirador en contre bas, n'est pas visible, masqué par un pan de montagne. Les villages apparaissent clairement dessinés, un kilomètre et demi en dessous. Assis sur les gros rochers qui jonchent le sommet, je profite de ce spectacle étourdissant. M'accordant un peu de repos mérité, je survole des yeux un panorama à couper le souffle. Il faudra 3heures pour parcourir les 1500 mètres de dénivelé dans le sens négatif et rejoindre bientôt l'hôtel où nous avons laissé les sacs. |
| |  | Sans perdre de temps, nous quittons déjà le village, montons à bord d'une lancha, en direction de Santiago. En temps normal, une seule liaison par heure s'effectue. Mais nous ne sommes pas en temps normal car cette semaine est célébré le saint patron de Santiago, et ce jour ci se tient une grande fête. De nombreux bateaux font les va et vient entre les villages et acheminent en masse les festivaliers. En arrivant à l'embarcadère, la musique accueille les visiteurs. Sur le terrain d'arrivée, les vendeurs déploient leur marchandise. Beaucoup de locaux des villages voisins du lac ne manqueraient pas ce rendez vous. Les bars, les comédors ont déployés les terrasses. Les étals d'artisanat nous guident le long de la rue principale. Sur la place centrale du village, installée sur un podium, un groupe anime la fête. Des matches de basket sont organisés pour les jeunes, sur le terrain de sport. Un défilé de chars portés par les hommes égaye encore la journée. C'est également jour de marché, et nombreuse se presse la foule autour des étalages sommaires. Alex est exténuée par la longue ascension et se repose dans la chambre de l'hôtel. J'arpente pendant ce temps les ruelles, m'assied sur un coin d'herbe et observe les visiteurs colorés aux costumes rituels. Le poids de la culture est fort. Les traditions ancestrales des populations mayas continuent à perdurer. Lorsque la lumière baisse, je m'installe sur un ponton profiter pleinement de la douceur ambiante.
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| Ce soir se tient la grande fête. De longs discours annoncent le début des festivités nocturnes. A l'arrière de la grande place des tribunes ont été installées. Les animateurs font prolonger l'attente. On remercie, on fait des éloges. Le micro passe de main en main. Enfin le podium voit apparaître le groupe attendu. La foule s'attroupe. Un groupe d'Amérique centrale, peut être cubain, peut être colombien, monte sur scène et déclenche la liesse. Trois danseuses font battre la chamade. Une d'entre elle me fait penser à Shakira, chante tout en se déhanchant…ouah…ça déménage !! La grand place est noire de monde. Des stands de nourriture emplissent les rues dans lesquelles une marée humaine siège de façon désordonnée. Il est quasiment impossible de se déplacer dans cette fourmilière dense. Ce soir à Santiago les villageois d'Attitlan sont réunis dans une grande communion pour un la nuit festive, colorée…et alcoolisée ! Jour15: La fête est terminée. La foule a déserté la place centrale. Le soleil est depuis hier bien installé. Quelques hommes remontent les rues en titubant. Des effluves emanent dans le calme retrouvé. Santiago a retrouvé sa quiétude, bien que les boutiques artisanales soient déjà ouvertes. L'eau est bleue, magnifique, sur les rives ensoleillées de l'anse sur laquelle est posée la ville. Je photographie mentalement ces berges qui s'éloignent lentement, depuis la lancha qui frappe l'eau par de féroces ruades. Je quitte un endroit splendide, visulisant encore les délicates couleurs vestimentaires que revêtent les locaux. Je tente de figer cette vision de carte postale que m'offre ce décors merveilleux. De retour à Panajachel, il semble une autre ville, éveillé sur son port tenue en sommeil quelques jours auparavant par la grisaille ambiante. Aujourd'hui le volcan San Pedro se dresse fièrement comme maitre des lieux. Le panorama d'est en ouest éclate de ses eaux écarlates comme une vision enchanteresse. Je suis envouté, fasciné par ce que je contemple. Combien de temps resterais-je encore, assis sur un muret de pierres, hypnotisé par ce site qui révèle à ce jour toute sa splendeur. Je ne souhaite plus quitter le lac. |
|  Photos Atitlan |  | |
| |  Troisième partie: Les hautes terres et la partie centrale |
|  Chichicasténango...un marché haut en couleur |
| | Pourtant c'est bien un bus que nous prenons au pied levé, remontant vers Solola,laissant derrière les lacets une dernière impression de la vaste étendue d'eau. Le bus dévale les pentes avec toujours autant d'anthousiasme. Après Los Encuentros, un des principaux carrefours de la Panaméricaine, on descend sur une vallée nouvelle, avant de se rehisser à l'assaut d'un petit col. L'itinéraire est relativement cours, rapide. 1h30 sont nécessaires...un peu plus lorsque le bus s'arrête brutalement à la sortie d'un virage. Le chauffeur sourit. Après avoir diagnostiqué la panne, il ne semble pas surpris. Le portier monte dans le premier véhicule qui passe. Trente minutes plus tard; le voici de retour, un bidon d'essence à la main. Ce n'était donc qu'une simple panne de carburant! Qui a dis que les guatemalteques n'étaient pas prévoyant? Voici Chichicastenango, connu et apprécié pour son marché. Sur la place principale les étals recouverts de tôles sont prêts pour accueillir les marchands. Les vendeurs s'installent; certains sont déjà opérationnels. Des paysans arrivent à pied des villages de montagne, leurs marchandises sur le dos. Ils dorment sur place, rêvant à une vente fructueuse. Le grand marché aura lieu demain...
Jour16: Les rues s'animent très tôt. On voit passer des vendeurs, poussant des carioles emplies de vêtement, ou pliés sous le poids des chargements. Les allées se colorent au rythme
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| des exposants qui installent leurs marchandises. L'artisanat régional s'étalle à profusion et à répétition, libérant des couleurs chaudes et chatoyantes. La place centrale se remplit peu à peu. Les cars de touristes débarquent. Les rues adjacentes se comblent. Sur les marches de l'église, les vendeuses de fleurs égayent davantage encore la palette colorée. Devant la porte d'entrée, un chef de prière indien agite un encensoir, et psalmodie des prières en l'honneur d'ancêtres mayas. Des bougies sont allumées, de l'encens brûle. En bas de la rue qui longe l'église, des femmes exhibent des volailles vivantes dans des sacs. Les échoppes de vêtements ne sont pas en reste, et l'on se perd dans les kilomètres de tissus. De nombreuses mains s'activent pour cuire les tortillas. Ca découpe, ça frit, ça cuit! De grandes tables se dressent pour servir le petit déjeuner. Sous le marché couvert a lieu le marché au fruits et légumes. Les gens n'aiment pas qu'on les prenne en photo, et je me vois voué à plusieurs refus, tandis que je leur demande poliment une pause. Nous errons de longues heures dans les travées bruyantes du marché, à la recherche de quelques objets typiques, entamant de longues négociations. |
|  Photos Chichicastelnango |  | |
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|  Todos Santos de Chuchumatan...une ville surprenante. |
| En début d'après midi nous quittons l'animation de Chichicasténango, en montant dans le premier bus en direction de Santa Cruz de Quichi. Le moteur vrombit dans les virages qui nous arrachent de la vallée. La conduite est un peu folle, mais le trajet authentique me plait. Nous changeons de bus à Sacapulas. En bordure de rivière, regardant d'un oeil un match de foot qui se déroule sur un terrain de terre, je décortique des arachides achetées à un vendeur à l'étal. Patiemment nous attendons la correspondance. Enfin le minibus s'apprête à partir. La conduite est plus douce pour parcourir ce dernier tronçon. Le paysage s'aère davantage tandis que nous pénétrons les montagnes des Chuchumatanes. Loin des hortes de touristes, Huehuetanengo est une ville sans grande agitation, sans grande animation non plus. Ce sera notre halte du jour, avant de poursuivre notre itinéraire vers un petit village des hautes montagnes. Sur le parc central, un concert traditionnel retient notre attention quelques instants. Sept musiciens jouent des musiques du pays sur un marimba géant.
Jour17: En quittant l'hotel, nous observant une longue fille d'attente qui s'est formée devant une agence de micro crédits. Serait-ce le jour de paye? Nousmarchons jusqu'à la gare centrale. J'aime l'ambiance des terminals. Ca vrombit, ça fume, ça hurle: Xela...Chichi...Dans la cacophonie des rugissements de moteurs des bus qui entrent et sortent du parking, il suffit |
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| de demander sa destination au premier rabatteur, pour se faire aiguiller. Dans ce chaos sonore, je me sens serein. Nous n'avons pas d'horraire défini. Le prochain bus part dans une heure trente. C'est l'occasion de faire un tour au marché couvert qui se tient sous les halles. Ici pas de foule dense, pas de mélange colorée ni d'artisant local. Des frippes, beaucoup de frippes emplissent en vracs des dizaines et dizaines d'étals. Avant de grimper à bord du bus, nous trainassons à l'ombre du soleil déjà brulant. A vrai dire, nous n'avons pas le choix puisque notre bus est en pleine maintenance; ce qui n'est pas le plus encourageant à la vue de l'itinéraire romanesque à venir. La route s'élève. Le bus aussi, tant bien que mal. Par moment on irait plus vite en marchant, tant il peine à avaler l'asphalte. Je me demande comment il va tenir le choc! Le paysage change. Avec l'altitude la végétation se raréfie, devient plus rase aussi. Après deux heures de montée pénible, la route bifurque soudainement sur une route de terre. Les montagnes aux douces courbes sont plantées d'arbres épars, de rochers, et d'énormes plantes grasses aux allures d'artichauds géants. Le bus entame une longue descente, sinuant entre bosses et trous qui jalonnent la piste, et forment autant d'obstacles que nous franchissons au pas. Le voyage est peu conventionnel, et il faut espérer que freins et suspension ne nous lacherons pas! Apparait enfin Todos Santos. Dans un décor de cinéma des hommes portent des pantalons rouges rayés de franges multicolores, une chemise à la tonalité bleue et également rayée, coiffé d'un petit chapeau rond, et un sac en bandoulière. Adultes et enfants sont autant de personnages d'un film en tournage, tous revêtus du même uniforme. Sur la place centrale surélevée, des hommes accoudés aux rembardes regardent la vie s'écouler et discutent tranquillement. Des bureaux administratifs sont regroupés; civils et policiers se saluent et échangent quelques mots. A l'arrière du parc, une cellule donne sur la rue. Quelques hommes, probablement en état d'ébriété, y ont été enfermé, exhibés comme dans un zoo. Il faut dire qu'à Todos Santos comme dans toute la région, l'alccol est prohibé. Derrière les barreaux, amis et parents viennent faire la conversation. La vision est étonnante. A 10 minutes du centre du village, nous louons une maison avec chambre à l'étage, cuisine sommaire équipée, et un jardinet fleuri. Une guitare est accrochée en bas de l'escalier... A l'école nous rencontrons Lucas, le responsable. Il fête ce soir son anniversaire et nous y invite pour un barbecul. Dees étudiants, actuels ou anciens, sont présents ainsi que quelques autres gens de passage. Nous passons la soirée plus particulièrement avec deux écossaises et un basque, ingurgitant hamburgers et pomme de terre braisées...
Jour18: La nuit est froide et je dois me lever pour ajouter une des grosses couvertures rangées dans un coin de la chambre. Le soleil est depuis longtemps levé lorsque j'ouvre les volets de la maison. Le soleil innonde la chambre tandis que les moutons paissent paisiblement, et que le cochon du voisin grogne. A 9 heure nous partons pour une ballade dans les hauteurs de Todos Santos. En face d'anciennes ruines mayas, un sentier de terre bifurque. Rapidement il se divise à travers les parcelles de mais en pente. Les chemins mènent aux habitations, ou rejoignent des pistes plus larges. Nous continuons à prendre de la hauteur jusqu'à rejoindre une route de terre.Un peu plus en amont, deux bergers accompagnent leur troupeau de moutons qu'ils déplacent pour paitre l'herbe abondante. Nous discutons quelques instants. Lorsque je me sens un peu plus fatigué, ces rencontres brèves aux accents du pays, où je partage un court instant de vie, me redonnent énergie et envie. Nous poursuivons sur la piste jusqu'à atteindre un petit sommet. Le ciel si bleu à l'aube, voit bien vite arriver les nuages qui coiffent à présent les montagnes sur le versant opposé du village. Nous longeons un long moment la crête, nous projetant sur une autre vallée, protégée de la brume. Un peu plus loin encore, un groupe d'indiens se voue à des rites mayas. Ils chantent et frappent, incantant des prières, invoquant certainement un dieu. Ne voulant pas prendre le risque de les déranger, nous patientons à distance, avant de poursuivre notre chemin. Les crêtes sont agréables à suivre. Dans le lointain, d'autres incantations sont audibles. Ne voyant pas d'issue à l'itinéraire que nous empruntons, nous redescendrons vers le village en faisant demi tour. Parfois les habitants des maisons isolées sont plus méfiants dans leur salut. Nous avons juste le temps de rentrer quand l'orage se met à gronder et bientôt la pluie a tomber drue. J'ai le ventre un peu barbouillé. Depuis ma chambre, j'écoute la pluie battre et marteler la toiture, et me laisse bercer par cet écoulement régulier. Nous passons de longs moments, assis sur un banc de la place, abrités de la pluie qui se prolonge. Je scrute les allées et venues. Les gens se connaissent; se croisent et discutent. Nous faisons un saut au petit musée de la ville où une dame nous présente de vieux objets et costumes relatifs à la vie du village. En pénétrant dans un des rares comédors, je ressens encore plus forte cette sensation d'être sur un lieu de tournage. Je suis dans le far ouest, et les cow boys versions amérique centrale entrent dans le saloon avec leur ceinturon leurs éperons d'acier bruyants...à la différence notable, qu'ici il ne commanderont pas d'alcool...
Jour19: 4h30!! Réveil nocturne! Que sepasse-t-il? Mon ventre fait des siennes. Il fait froid, je m'habille en silence, descend l'escalier en bois, et sors rejoindre les toilettes, à l'extérieur de la maison. Etrangement, dehors, il ne fait pas si froid. C'est par contre un grand soulagement! J'ai du mal à me rendormir d'autant que les coqs du villages se donnent le mot, de proche en proche, pour un chant anticipé. 6h15. L'heure de se lever pour de bon. 6h50. Nous attendons le bus. Le ciel est bleu azur, les sommets rattrapés par le soleil. Le paysage est splendide dans ces couleurs vives et pures. Je me fais une bande copains. 5 minutes à peine qu'on se connait, et déjà ils veulent partager mon territoire. Ils doivent me trouver sympa, et l'un des chiens me "pisse" sur le sac. Et ben voyons! Nous montons à bord d'un bus...qui ne part jamais. A 8h, nous descendons pour sauter dans un autre qui prend la direction de la "Ventosa", sur la route de Huehuetanengo. Nous devons descendre à ce lieu dit, pour monter au sommet "Del Torre", un point culminant très réputé dans le secteur. On doit nous prévenir. Je cherche une indication signalant l'endroit. Lorsque je me rend compte que nous avons dépassé le lieu, je m'approche du chauffeur pour avoir des informations. Il me réponds que c'est loin derrière. Ok...sympa les gars d'avoir prévenu!! Décidemment, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas...Bon en réalité les nuages sont montés sur les cimes, ce qui atténue la déception. Tanpis pour le plus haut volcan non actif d'Amérique centrale. |
|  Photos de Todos Santos |  | |
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|  Pénible transition jusqu'à Nébaj |
| | Arrivés à Huéhuétanengo, il faut changer à nouveau de bus...où plutot de minibus. Pffff! C'est long...tassés comme des sardines...peut être aussi parce que la route a déjà été parcourue dans l'autre sens. Je somnole à moitié. Sacapulas approche. Pas de temps mort. On repart aussitôt pour grimper puis descendre vers une nouvelle vallée. Les montagnes font état de siège, et les nuages orageux l'encerclent de façon menaçante. Au fond, prisonnier d'une météo inquiétante, apparait Nébaj.
Jour20: Journée de repos. Le futur proche promet de longues heures et distances à parcourir en bus ; c'est pourquoi cette escale à Nebaj est une étape de décompression, de calme avant la tempête. J'avais besoin de dormir, me reposer, alors j'en profite pour faire une grasse matinée. Avec l'expérience des jours passés, la présence du soleil devrait encore se confirmer pour au moins le reste de la matinée. J'en profite pour faire une lessive et éteindre le linge sur le toit plat du bâtiment. Nebaj est une ville de dimension moyenne, posée dans une vallée, encerclée de montagnes. Ici également les femmes revêtent une tenue particulière. Le corte de couleur bordeaux ou cerise aux motifs variés fait l'unanimité. La cinta, galon à pompons remarquable porté comme coiffe, est la marque de fabrique de la ville. Je me promène dans les rues, errant dans les dédales du marché, scrutant de près les tissus étendus. Nous prenons
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| un guide, rencontré dans la rue, pour une ballade qui aura au moins le mérite d'occuper notre temps. Il nous conduit sur les petits chemins qui bordent la ville, à travers le mais, au pied des forêts qui remontent les pentes. Au cimetière, triste lieu commémoratif, sont enterrés les victimes de la guerre civile. Il est important de préciser que la région a été tout particulièrement heurtée par les répressions, et que beaucoup de famille ont des proches sous terre. Des rites cérémoniaux mayas s'y tiennent. Les gens viennent verser de l'alcool, brûler de l'encens sur les tombes, invoquant les disparus. Nous sommes mal à l'aise, nous sentant un peu voyeur, errant dans les allées de la mémoire. Le guide nous dit de façon déplacée de prendre ces gens en photo ; ce que nous ne faisons pas. Je traîne encore et déambule longuement, mal abrité sous mon kway perméable alors quel la pluie prévisible est finalement arrivée. Je m'arrête à un croisement de rues, protégé sous les tôles d'un stand du marché, où les balayeurs ramassent les tas d'ordures accumulés par une journée de travail, assisté dans leur nettoyage par les chiens affamés. Sous la toile mal tendue d'un vendeur je cherche l'expression d'un visage et l'éclatante coloration d'un huipile, que j'aurai bien du mal à figer sur les capteurs de mon appareil photo. |
| |  | Jour21: A peine sortis de l'hôtel, nous montons dans un minibus dans la direction de Sacapulas. En remontant la ville, nous laissons derrière nous Nebaj emmitouflé dans une fine brume. Nous nous arrêtons un carrefour, à l'intersection qui rejoint la route d'Uspatan. Au moment même où nous descendons, un minibus arrive en provenance de Sacapulas : " Uspatan, Uspatan… "Timing impeccable. Aussitôt arrivés, aussitôt repartis. A partir de là, nous découvrons un itinéraire nouveau. Objectif du jour : rallier Coban en traversant d'ouest en est une partie de l'Alta Verapaz pour retrouver l'itinéraire principal sud-nord qui nous mènera jusqu'aux portes du Petén. Le fourgon, haut, peu stable, vire, tourne, balance, tangue, sur les cols des montagnes centrales. Heureusement le trajet n'est pas long, car mon estomac vide à une fâcheuse tendance, en ces moments précis, à se fragiliser. A Uspatan, la liaison nous laisse 45 minutes, ce qui est suffisant pour commander un petit déjeuner et caler pour de bons nos estomacs. A 9 heures tout rond, le bus est prêt à partir. Le moteur pétarade déjà mais manque à l'appel mon humble personne. J'arrive, j'arrive ! C'est reparti pour trois heures de route supplémentaire. De route ? Le mot est un peu fort…après les premiers kilomètres d'asphalte défoncé, une piste de terre s'ouvre devant nous. Un mélange d'argile et de boue me laisse songeur quant à la capacité du bus à monter les cols dans cette mélasse. Et pourtant, il grimpe…entassés que nous sommes comme des sardines, mais sans huile, les genoux coincés derrière un siège déglingué, les sacs sur les cuisses. Cela présente au moins l'avantage d'être calés et d'ainsi moins ressentir les secousses infligées par la piste qui serpente et s'élève toujours. C'est ainsi que nous franchissons les cols d'altitude. Dans la montagne, quelques hameaux isolés apparaissent dans le désert vert. Je repense au récit de Rigoberta Menchu et aux paysans qui fuyaient à travers la forêt, de village en camp, pour échapper à l'armée. Voici San Cristobal Vera Cruz, et le retour d'une route digne de ce nom. Beaucoup de passagers descendent ici…Ouah !! Confort quand tu nous tiens ! Mon espace intime s'agrandit d'un seul coup. Mon coccyx s'en ressent, libéré d'une forte pression, mais voué aux caprices de la douleur relâchée. Encore une poignée de minutes et, les jambes confortablement étendues sur le siège de devant, voilà le terminal de Coban. La pluie également est arrivée, en même temps que nous : condition météorologique maintenant coutumière. Aujourd'hui commence la féria de Coban, pour huit jours. Après avoir déposé nos sacs à l'hôtel, et avoir laissé le gros de la pluie, nous nous rendons sur la foire. De grandes allées de stands en tout genre, de boutiques improvisées jonchent le parterre trempé. Comedors, stand de pizza, jeux et manèges s'étirent sur des centaines de mètres carrés. Nous y passons une partie de l'après midi, à fouiner, fureter, nous rincer le gosier de milk-shake, ingurgiter de grandes parts de pizza, puis rentrons nous mettre définitivement à l'abri de nouvelles averses. Qu'il est bon de se poser dans notre petite chambre. Nous ne demandons pas le grand confort, et nous sommes ce soir bien servis. Il n'y a pas le moindre filet d'eau qui suinte des robinets de la salle de bain. Nous remettrons à plus tard un semblant de toilette, limiterons l'usage des WC, et ferons impasse sur le bon usage de la brosse à dents. La chambre donne sur la rue, ce qui en ce jour de féria, et de passage nombreux présente un léger inconvénient sonore, d'autant que nous constatons que des carreaux de la fenêtre manquent, et que nous entendons les bruits ambiants comme si nous étions directement dans la rue. Passons sur ce défaut de sonorisation. Au dodo…quand on est fatigués on dort ! Au fait, pourrait-on éteindre la lumière pour dormir ? Elle l'est déjà ? Ah !!! Alors ce doit être le lampadaire placé juste en face de mon lit, derrière les rideaux translucides. Ok…bonne nuit alors…Ahhhhhh…Quoi encore ? Je pousse un petit cri de frayeur et me rétracte brusquement. Je ne voudrais pas abuser et passer pour une mauvaise langue, mais les draps sont carrément déguelasses. Ils n'ont pas été changés et sont emplis de saleté qui roule sous mes pieds lorsque je les glisse dans le lit. Direction la réception et changement de lingerie, tandis qu'Alex observe la scène depuis son lit.
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| |  Quatrième partie: Le Peten |
|  | Jour22: À 3h30 les chants et les cris raisonnent encore lointainement. Le bruit des voitures qui vrombissent sous mes oreilles, et les chants déraisonnées des festivaliers noctambules hachent mon sommeil. Malgré tout je parviens à me reposer un peu, et tôt le matin nous quittons l'hôtel avec l'espoir d'une nuit prochaine moins agitée. Nous abandonnons Coban, la ville escale, sous un ciel obscure. Progressivement les montagnes cèdent leur place. Ce ne sont plus les cols sinueux des jours passés, mais bientôt une route plane qui chemine vers le nord. La forêt est toujours présente. Par endroits elle se referme sur nous, et semble vouloir nous happer. A Chisec nous faisons une première halte. Le climat a déjà changé ; il fait plus chaud et plus humide. Quelques villages épars longent la route. Des maisons de bois au toit de chaume se dressent sur la chaussée. En pénétrant dans le territoire du Peten, nous franchissons un pseudo poste de contrôle, où une policière procède à un simulacre de fouille. Elle grimpe à l'intérieur du bus pour tâter brièvement les sacs dans un but que je ne perçois pas. Au service de l'inutilité…il n'y a pas loin. Un peu plus loin, sur le bord de la route, quelques personnes sont attroupées ; deux ou trois motos sont stationnées. Sur le sol, des pierres sont alignées, et une bâche tendue. Je crois à un accident. Qu'en est-il réellement ? Le plus étonnant est la réaction des guatémaltèques. Le bus s'immobilise. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le chauffeur et la totalité des passagers se ruent véritablement
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| vers la sortie, comme dans un vent de panique déclenchée par une alerte incendie. Curieux constat, bien que j'eu déjà remarqué cette attitude voyeuse en Equateur. Nous restons à trois dans le bus. Un voyageur probablement américain, Alex et moi ! Nous arriverons finalement à Sayaxché après quatre heures de bus. Afin de poursuivre notre route, nous devons traverser en barque une rivière, et changer de véhicule sur l'autre berge. Le paysage change radicalement, et une végétation clairsemée prend possession de la région. Il fait de plus en plus chaud. L'air devient très humide ; le soleil frappe. Nous arrivons à Flores, mais décidons de contourner la lagune de Peten Itza pour rejoindre El Remate, à une trentaine de kilomètres au nord est. Loin du tumulte de Flores, le village s'étire le long de la lagune, dans un environnement paisible, idéal pour se reposer, au contact direct d'une nature dominante. Sur la rive des chevaux en liberté mangent de l'herbe saine, dans une atmosphère qui rappelle la Camargue ; les cochons en font autant. |
| |  | | Jour23: Il fait bon de pointer le nez dehors aux aurores. Dès que le soleil apparaît à l'horizon la chaleur et la lourdeur se font ressentir. Ce matin nous empruntons la petite route qui longe le lac, cherchant déjà l'ombre des arbres qui jalonnent l'itinéraire. Deux kilomètres nous séparent de l'entrée du biotope Cerra Cahui. Cette réserve forestière subtropicale abrite divers types de végétation que notre œil de profane ne saurait reconnaître. En son sein, nombreuses espèces d'oiseaux et mammifères vivent. Des sentiers proprement dessinés parcourent le biotope. Il est encore assez tôt et la faune active se fait entendre. Les cris d'oiseaux se mélangent, et il nous est bien difficile de les cerner, de les identifier. Parfois entre deux arbres, lorsque s'agitent les branchages, on peut les apercevoir. Un bruit, un grognement, des brindilles qui craquent. Nous sommes sur le guet. Chuttt !!! Un pas en avant…deux pas en arrière…sur la pointe des pieds…l'oreille sur le qui vive…les yeux écarquillés. C'est excitant de traquer l'animal, le chercher, le débusquer, rester attentif à chaque bruit pour deviner son déplacement…et tenter de l'apercevoir, pour le simple plaisir des yeux. Nous surprenons un tatou, quelques oiseaux particuliers dont le gardien me donnera les noms espagnols, mais que je ne saurais associer. Je verrai sauter de branche en branche un singe araignée quand Alex apercevra un toucan. Le sentier prend de la longueur à force de s'arrêter et scruter la forêt. Il s'élève jusqu'à un
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| mirador perché au sommet d'une colline qui domine le lac. La chaleur se fait sentir, les réserves d'eau s'amenuisent, la transpiration rend la marche plus difficile. A la sortie, une plage donne sur un ponton, et voit de nombreux enfants se baigner. Un des meilleurs endroits pour s'adonner à se plaisir autour du lac. L'eau fait envie, mais nous ne portons pas les maillots de bain. Après un peu de repos nous rentrons à l'hôtel recevoir un réconfort de liquide et de solide, afin de retrouver les forces laissées en chemin. Le temps de passer la façade du restaurant de l'hôtel, et la pluie menaçante s'abat brutalement. Les averses ne durent pas, mais sont d'une grande intensité. Le temps couvert de l'après midi rend l'atmosphère plus agréable, plus respirable. A lire l'histoire fascinante de la civilisation maya, installé sur le banc en bambou tressé installé devant la chambre, je me prend pour un explorateur, près à partir pour d'autres contrés inexplorées, vers d'autres citées perdues. L'ambiance est si paisible le long du lac. Les animaux poursuivent leur interminable quête de nourriture. Sur le lac aux reflets subtiles, les familles font leur lessive dans l'eau, le linge étendu sur de grosses pierres blanches immergées : dans un mètre de profondeur, ça frotte, ça tord, ça essore. Nous sommes dans les contres forts de la jungle…le calme avant l'abordage… |
| |  | Jour24: 3h15…le réveil est pour le moins qu'on puisse dire matinal…mieux que cela, nocturne. Peu avant 4h nous patientons déjà devant l'hôtel, tandis que la ville reste endormie. Deux hommes apparaissent à la lueur de leur torche ; ce sont des guides qui doivent nous accompagner. Il y a cependant un souci. Nos noms n'apparaissent pas sur la liste des inscrits. Cela signifie que nos entrées n'ont pas été enregistrées et que nous devrons revenir demain à la même heure. Ah non non ça ne va pas être possible! Nous avons dépensé une somme suffisamment importante pour être ici, et nous n'avons pas l'intention de renoncer à nos places. Finalement tout s'arrange et nous montons à bord du bus comme prévu, avec un petit retard. Il est 4h15 bien tassé, et nous filons droit vers Tikal, la cité Inca incontournable pour tout les touristes qui viennent spécialement dans cette région à sa découverte. Nous arrivons sur le site. L'accueil est surprenant. La nuit recouvre encore la jungle à porté de marche. Des cris féroces de singes semblant sortir des hauts parleurs d'un train fantôme accompagnent notre immersion dans la forêt. Nous sommes les proies de nos prédateurs invisibles qui poussent des raclements sortis de leurs entrailles, tels des sauvages au rictus féroce qui s'apprêtent à charger leurs adversaires. Dans les cimes des arbres de petits singes agitent les branchages. Le jour commence à pointer. Une montagne minérale se dresse soudainement au cœur de la jungle. Nous grimpons les marches d'un temple jusqu'à son sommet. La canopée apparaît plein est, là où le soleil débute sa lente course contre le temps. La brume se dépose par bancs épars sur les cimes, enveloppant de mystère et de magie ce monde qui ne nous appartient pas. Des monstres de pierres jaillissent dans la pénombre. De vagues lueurs rouges se dessinent sur la ligne d'horizon. Le site est envoûtant, et le sens de l'histoire fait revivre le passé. Les pierres, les arbres, tout devient vivant. La contemplation est présente. Tout cela est de courte durée. Lorsque le soleil franchit la ligne de départ et débute son ascension, la brume soudainement s'épaissit et enveloppe la forêt d'une épaisse couche opaque. Il en est ainsi chaque matin durant cette époque. Dans le silence respectueux du site et des hommes qui ont bâti ces cathédrales inimaginables, nous restons
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| encore de longues minutes à espérer l'éclaircit qui ne viendra pas. A l'heure où les groupes de touristes ne sont pas encore arrivés, dans la fraîcheur des aurores, et la respiration bruyante de la forêt, il règne une atmosphère mystique, tandis que perchés au sommet de la pyramide, nous contemplons l'horizon embrumé comme le faisaient avant nous les contemplateurs de la cité. Nous suivons un guide espagnol aux connaissances sans faille. Son savoir est grand, ses connaissances immenses. Il est passionné, passionnant. Il nous décrit la signification des différents monuments érigés, nous conte leur le rôle et leur signification ; nous parle des plantes, des fouilles, des oiseaux. Une vie si riche peuplent les forêts qu'elle passe totalement inaperçue sans l'œil du connaisseur. La cité a vécu 1500 avant Jésus Christ, et a régné sur le monde maya avant de voir son déclin 1000 ans plus tard. C'était un lieu commercial autant que cérémonial. Des observations astronomiques expliquent la disposition de monuments. Incroyable sciences basé sur l'observation. Le temple 5 de la cité est impressionnant. On accède à son sommet par un escalier de bois raide, quasi vertical. Sans autre protection que l'attention nécessaire pour éviter une dangereuse glissade, on se hisse sur sa partie sommitale, atteignant une plateforme d'une mètre de large. L'inclinaison est si importante que sans approcher le bord de la plateforme on ne peut distinguer les marches érodées taillées dans la pierre qui plongent vertigineusement dans le vide. La vue sur la canopée est panoramique, vaste, lointaine, tout simplement prodigieuse. Les bâtiments de la place centrale déchirent la forêt. 180 degrés de vision à couper le souffle, baigné dans une ambiance sonore de circonstance. Je suis ébloui par ce que je vois, et n'ai pas souvenir d'avoir déjà vu quelque chose d'aussi grandiose et absorbant. Je revis l'émerveillement de ceux qui 2500 ans avant moi venaient méditer, suspendus au dessus du monde, dans une source d'inspiration aussi profonde que la vaste étendue sans limite qui se dessine à mon regard. Quatre heures ne suffisent pas à parcourir l'ensemble gigantesque de Tikal bien que nous cernions les principaux édifices. Nous aurions aimé garder davantage de temps pour fouiner, parcourir les vestiges, nous en imprégner et ressentir davantage encore la puissance qui s'en dégage. La chaleur commence à peser. L'heure de retourner approche. Il reste 1,5 kilomètres de sentier pour sortir du site protégé qui reste à ce jour la plus grande cité explorée du monde maya... où le soleil débute sa lente course contre le temps. La brume se dépose par bancs épars sur les cimes, enveloppant de mystère et de magie ce monde qui ne nous appartient pas. Des monstres de pierres jaillissent dans la pénombre. De vagues lueurs rouges se dessinent sur la ligne d'horizon. Le site est envoûtant, et le sens de l'histoire fait revivre le passé. Les pierres, les arbres, tout devient vivant. La contemplation est présente. Tout cela est de courte durée. Lorsque le soleil franchit la ligne de départ et débute son ascension, la brume soudainement s'épaissit et enveloppe la forêt d'une épaisse couche opaque. Il en est ainsi chaque matin durant cette époque. Dans le silence respectueux du site et des hommes qui ont bâti ces cathédrales inimaginables, nous restons encore de longues minutes à espérer l'éclaircit qui ne viendra pas. A l'heure où les groupes de touristes ne sont pas encore arrivés, dans la fraîcheur des aurores, et la respiration bruyante de la forêt, il règne une atmosphère mystique, tandis que perchés au sommet de la pyramide, nous contemplons l'horizon embrumé comme le faisaient avant nous les contemplateurs de la cité. Nous suivons un guide espagnol aux connaissances sans faille. Son savoir est grand, ses connaissances immenses. Il est passionné, passionnant. Il nous décrit la signification des différents monuments érigés, nous conte leur le rôle et leur signification ; nous parle des plantes, des fouilles, des oiseaux. Une vie si riche peuplent les forêts qu'elle passe totalement inaperçue sans l'œil du connaisseur. La cité a vécu 1500 avant Jésus Christ, et a régné sur le monde maya avant de voir son déclin 1000 ans plus tard. C'était un lieu commercial autant que cérémonial. Des observations astronomiques expliquent la disposition de monuments. Incroyable sciences basé sur l'observation. Le temple 5 de la cité est impressionnant. On accède à son sommet par un escalier de bois raide, quasi vertical. Sans autre protection que l'attention nécessaire pour éviter une dangereuse glissade, on se hisse sur sa partie sommitale, atteignant une plateforme d'une mètre de large. L'inclinaison est si importante que sans approcher le bord de la plateforme on ne peut distinguer les marches érodées taillées dans la pierre qui plongent vertigineusement dans le vide. La vue sur la canopée est panoramique, vaste, lointaine, tout simplement prodigieuse. Les bâtiments de la place centrale déchirent la forêt. 180 degrés de vision à couper le souffle, baigné dans une ambiance sonore de circonstance. Je suis ébloui par ce que je vois, et n'ai pas souvenir d'avoir déjà vu quelque chose d'aussi grandiose et absorbant. Je revis l'émerveillement de ceux qui 2500 ans avant moi venaient méditer, suspendus au dessus du monde, dans une source d'inspiration aussi profonde que la vaste étendue sans limite qui se dessine à mon regard. Quatre heures ne suffisent pas à parcourir l'ensemble gigantesque de Tikal bien que nous cernions les principaux édifices. Nous aurions aimé garder davantage de temps pour fouiner, parcourir les vestiges, nous en imprégner et ressentir davantage encore la puissance qui s'en dégage. La chaleur commence à peser. L'heure de retourner approche. Il reste 1,5 kilomètres de sentier pour sortir du site protégé qui reste à ce jour la plus grande cité explorée du monde maya...
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|  Photos de Tikal |  | |
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|  | | Jour25: Ce matin, et de façon inhabituelle, la pluie bat aux aurores. Nous n'avons plus d'argent et devons absolument trouver un distributeur. D'autre part il faudra dans 24 heures au plus tard que nous commencions à redescendre vers la capitale. Nous décidons donc de quitter aujourd'hui même El Remate pour Flores. De là, nous pourrons renflouer nos bourses et acheter les billets de bus pour Guatemala city. Disons que ce sera une escale logistique plus qu'une étape de plaisance. Moins reposante que El Remate, Flores présente une atmosphère plaisante, avec ses rues pavées, ses boutiques artisanales, et ses bords de lac. Une petite averse rafraîchit l'air ambiant pour faire de notre promenade dans le centre une agréable ballade. Comme il l'est souvent arrivé au cours du voyage, nous changeons de programmation. Bien que chargés de nos sacs, et ayant déposées les clés de notre chambre, nous rentrons finalement à l'hôtel que nous avons quittés le matin même. Retour à la case " El Remate ", le portefeuille regonflé et les tickets de bus en poche.
Jour26: Deux jours que nous cherchons vainement à nous rendre sur le site maya de Yaxcha. Jusqu'à ce matin encore, cela semble compromis, et nous avons quasiment tiré un trait sur la visite espérée. En sortant de la chambre, à 6h30, dans un dernier sursaut, je retourne le long de la rue centrale, à la conquête d'une solution de dernière minute. Devant un hôtel voisin, je croise un homme avec lequel j'ai déjà conversé. Il nous propose une voiture. A 7h30, le temps de prendre le petit déjeuner, nous partons en direction de Yaxcha. 30 kilomètres de route ondulée mènent à une piste de terre de 11 kilomètres, facilement carrossable, qui accède à la zone protégée du site. Nous sommes les premiers. L'atmosphère est calme dans la jungle éveillée. La cité est bien moins vaste que celle de Tikal ; ici pas de parking géant pour accueillir les files de bus de visiteurs. Pour autant les monuments mis à jour y sont plus nombreux. Bien que moins impressionnant par sa grandeur et son rôle, les édifices imposent autant de respect et évoquent autant de mystère que sa grande soeur Tikal
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| Du haut des pyramides, des points de vue sur la canopée donnent une dimension hors norme aux constructions et une position privilégiée au visiteur. Vers le sud, un mirador domine une lagune. Le bruit assourdissant de la faune contraste avec le silence inanimé de la pierre érigée. Au dessus de nos têtes, à quelques mètres au dessus du sol, six singes retiennent notre attention. Ceux sont de merveilleuses peluches animées, silencieusement en équilibre, aussi fascinantes que curieuses de notre présence. La scène est hypnotique; ils ne semblent pas apeurés. " Hou hou …hou hou… " Je tente d'établir le contact ! Réponse animale ou concours de circonstance…une branche tombe à mes pieds! Sur le chemin du retour, des motards sans casques nous précèdent. Des enfants leur font des signes depuis le bord de la route. Les policiers klaxonnent. Ca m'amuse. Nous les doublons, eux les représentants de la loi, qui plus tard viendront sans doute s'installer à coté de notre de table, dans la salle de restaurant de l'hôtel. Nous aurons déjà commandé, et comme chaque fois depuis que nous sommes arrivés, ils seront servis avant nous. Mais cette fois je ne serai plus agacé par ce passe droit de l'uniforme. Disons qu'eux travaillent…nous non ! En fin d'après midi nous quittons définitivement l'hôtel et El Remate. Sur la route qui nous ramène à Flores, je surveille attentivement la nature, vallée verdoyante qui laisse plus présager la présence de la savane que de la jungle proche. Je scrute le paysage comme au premier jour où je l'ai découvert, avec l'attention du dernier regard qui cherche à figer l'instant. Je laisse défiler les pensées des jours passées sur ce petit territoire délicat, animé d'une pointe de nostalgie, flirtant avec l'idée qu'on se fait d'un endroit où l'on ne reviendra pas. |
| |  | Nous passons la soirée en ville, et devons patienter jusqu'à 22 heures pour grimper dans le bus de nuit qui nous propulsera hors du Petén aux heures où le ciel étoilé veille sur la jungle turbulente. 6 heures du matin. Guatemala city, point de chute final. Ville bruyante, ville polluée…ville insécure. On nous fait comprendre que même en plein jour, mieux vaut ne pas déambuler dans les rues, les sacs sur le dos. Les voleurs guettent. La vie semble pesante, économiquement tout autant qu'humainement. Des gens croient à une guerre civile, une révolte du peuple. Dans un comédor du centre, qui fera par ailleurs office de consigne, on nous conte la réalité hollywoodienne des gangs. Triste visage de cette ville, capitale et façade d'un pays aux atouts naturels et humains sensationnels. A la découverte du centre, plongés dans des dédales de produits artisanaux, ou tout ouis aux récit étonnant de la vie de la capitale, les longues heures d'attente qui nous séparent de l'aéroport s'effritent sans concession. Les yeux piquants d'une nuit non achevée, nous prenons place sur les fauteuils de notre avion…direction la France…. |
| |  | Je suis venu au Guatemala avec l'intention de m'approcher d'un peuple grandement attaché à une culture forte. En choisissant de passer une semaine dans la ville de Quetzaltenango et d'y prendre des cours d'Espagnol, l'objectif était, au-delà d'un moyen de renforcer la langue et la communication dans le pays, d'en faire un vecteur important pour m'investir dans le quotidien, de rencontrer des indigènes, d'apprendre leur mode de vie, et d'entendre leur histoire. A ce titre j'ai pu passer de longues heures en présence de Pédro, mon professeur particulier, à écouter ses récits de vie, à échanger des histoires et confronter nos modes de vie, nos craintes et nos projets. Derrière le prétexte de quelques pages, derrières la grammaire et la conjugaison, l'apprentissage et la stimulation de mes acquis enfouis, nous avons beaucoup ris, parlé de tout, de rien, appris l'un de l'autre, échangé et enrichi nos connaissances et nos visions. Réchauffés par l'eau trop chaude d'un thé bouillant, nous avons dévoilé nos craintes en l'avenir, nos doutes sur nos pays. J'ai été ému parfois par le récit dramatique d'un enfant Quiché, qui durant ses années de jeunesse, à vécu la répression d'un système corrompu, et dû affronter l'indifférence et la maltraitance pour unique motif d'appartenance à une communauté maya. Parallèlement, c'est sous le toit d'une famille modeste que j'ai pu ressentir la vie avec toute sa pénibilité, toute sa misérabilité. Derrière le poids d'un fardeau trop pesant, d'une vie sans étincelle, d'un quotidien de labeur, je me souviendrai longtemps de l'attention sans faille, des sourires incessants, de la gentillesse et des liens rapprochés que nous avons commencé à tisser. Chaque jour qui meurt apporte la consolation du devoir accompli, la satisfaction d'avoir achevé sa tache, le soulagement de notre satisfaction. Ces femmes qui nous ont reçus, qui se sont mis à notre service dans la crainte de notre mécontentement, pour gagner quatre sous, et juste bénéficier du droit de survivre décemment, ont donné bien davantage que le simple échange. Elles nous ont accueillis comme des leurs, soucieuses que tout soit parfait, généreuses dans le don de soi, aimant s'interrompre autour de la table pour parler de nos journées, de nos cours, de leur pays. Et lorsque la vie prend le pas sur les desseins, sur leurs espoirs déchus, elles se résignent dans un fatalisme qui leur permet d'affronter le lendemain, en jetant des " Es la vida ! ". Ce sont ces troubles profonds, ces échanges cordiaux, ces relations sans ambiguïté qui forgent des ressentis et des émotions durables qui accordent à chacun le devoir de l'altruisme et sa vérité implacable. Cette semaine aura révélé par des rencontres fortes l'essentiel que je ne voulais pas occulter. A travers le partage du quotidien, j'aurai appris à ressentir un peu la vie de ces hommes et de ces femmes, j'aurai reçu une leçon de courage et d'humilité. A travers les échanges humains j'aurai pu communier et donner en retour un peu de chaleur par une seule présence qui malgré tout apporte un certain réconfort et constitue un sens dans leur existence. Après avoir partagé ces temps forts, le voyage s'est présenté sous une forme totalement différente, moins humaine, et vouée au génie de la nature. Attitlan s'affichait comme un lieu onirique, forgé par les caprices de la terre lorsqu'une éruption phénoménale a entraîné l'effondrement de l'ancien cratère. En lieu et place à pris naissance aujourd'hui un lac d'altitude gigantesque avec comme gardiens du site des volcans éteints qui donnent un relief parfait. Si les eaux changent avec le temps c'est lorsque le soleil frappe sa surface qu'il dévoile ses plus beaux attributs. Dans un bleu étincelants, les couleurs chaudes que portent les femmes qui déambulent le long des berges lui donnent une dimension pittoresque, poétique. On ne peut dissocier Attitlan de ces villages qui le bordent et le colorent merveilleusement. Tantôt agité, tantôt apaisante, les rives changent d'atmosphère lorsqu'on les parcourt. Son relief montagneux, sa végétation forestière parachèvent le tableau pour faire de ce site un havre de paix adopté par de nombreux européen. Mais pour l'appréhender, il nécessite du temps. Le temps de le cerner, de le décrypter, de le découvrir, de l'apprivoiser. Il suffit d'en prendre le temps, de lui en laisser. En poursuivant un itinéraire dessiné au fil des jours qui m'ont conduit à traverser des régions peu denses en population, j'ai découvert quelques trésors de culture. En témoigne l'étonnant village de Todos Santos. Rouler, éviter, pour quelques jours, quelques heures se retrouver immergé dans un lieu hors du temps aura été une expérience étonnante. Ces costumes portés à tout age donnaient une impression étrange de ne pas appartenir au monde réel. Sur ces routes de montagne, nous avons cheminé longuement pour rejoindre le troisième point fort, sédentarisés dans l'humidité forte du Petén. Sentir la puissance de la foret, et rencontrer l'histoire d'un peuple qui appartient à l'histoire. Découvrir une civilisation bâtisseuse de monuments, de citées grandioses dans un environnement tout aussi spectaculaire, relève de l'imaginaire. J'ai ressenti toute la grandeur maya lorsque ce sont érigées, sorties de nulle part, des tonnes de pierres amoncelées et se sont hissées vers le ciel, là où les anciens venaient méditer, chercher l'inspiration divine. Et si ces mayas ci n'existent plus, leurs traditions se perpétuent et continuent de vivre à travers les passeurs d'histoire, qui de génération en génération tentent de transmettre le flambeau, en espérant que notre monde moderne ne mette définitivement sous silence toute cette richesse que le plus tard possible.
A travers les distances réduites, mais des intervalles de temps parfois étirés, le Guatemala m'aura conquis par sa personnalité forte, par une culture encrée dans un mode de vie traditionnel loin du folklore du tourisme de masse. En contact avec les hommes du présent, ou sur les traces des anciens disparus, toutes les routes sillonnées dans ce pays auront convergé vers la simple notion qui unit chacun d'entre nous et qui me fait tenir pour vérité que l'homme n'est rien sans l'homme.
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| |  |  Carte Atitlan |  | |
|  Carte Tikal |  | |
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Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux | Marcel Proust |
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