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Sommaire

Dublin...capitale chaleureuse
Galway...ça se mérite!
Le Connemara
Le Burren
Des falaises de Mohr à Listowel
Killarney et le Kerry
Dingle 
Vers les montagnes du Macggilycuddy
Lansdowne road...les soirées irlandaises!

Dublin...capitale chaleureuse...

Mercredi 16 avril :

Exténué, mais satisfait de ma prestation, je sors de la dernière épreuve d'agrégation, avec comme point de mire Dublin. Train, métro, navette, attente à l'aéroport de Beauvais, puis enfin le décollage à bord d'un 737. A 23h heure irlandaise, mon avion foule le sol, et me projette en terre anglophone. A la recherche du bus devant me rallier au centre ville, une galloise de passage à Dublin avant d'aller rejoindre son ami à Belfast, me renseigne. Le premier contact avec un Irlandais me rappelle cette première impression donnée par le douanier égyptien à notre arrivée au Caire en juillet dernier. Je n'ai pas de monnaie pour le ticket, et il ne veut rien entendre, ne me regarde même pas. Heureusement, un irlandais me tend gentiment les 1,60 euros pour que je puisse obtenir mon ticket (il en fera de même avec la galloise). Arrivé en ville, je cherche l'adresse de mon hôtel,  et demande aide auprès de plusieurs personnes que j'ai parfois du mal à comprendre. Finalement une femme m'indiquera la rue, et je rejoins le Jacobs Inn. Dans ma chambre, je rencontre un français venu en Irlande chercher du travail. J'en rencontrerai par la suite un autre, apprenant ainsi que nombreux étrangers viennent ici en quête d'un premier job, qui ne semble pas être très dur à trouver. Il est 1h lorsque je me couche.

Jeudi 17 avril : 

Reposé, je me lève vers 9h, prend ma douche dans une salle de bain spacieuse, et prend le breakfast léger de l'hôtel (vraiment léger puisqu'il s'agit d'un muffin et d'un jus d'orange en brique). Je pars alors à la découverte de Dublin, errant dans les rues du centre. Lorsque je pénètre dans les boutiques et que j'entend la musique qui raisonne au sons du folklore traditionnel, je ressens une atmosphère de poésie, ainsi qu'une sensation de relaxation, de bien être qui me donne envie de m'immerger totalement dans l'âme de cette île.
Je me rends au Trinity College, haut lieu de la culture anglo-saxonne. Ici est exposé le " book of Kells ", un manuscrit, datant d'aux environs de l'an 1000,  présentant les quatre évangiles, et remarquable pour le travail d'enluminure.
Après le Mac Do du midi, et un " poulet-pain-banane "du soir, je rejoins mon nouvel hôtel, et rencontre mes nouveaux colocataires d'un soir (ou plutôt deux). Il s'agit de deux Canadiennes, en escale à Dublin et parties pour un tour d'Europe de plusieurs mois, et de deux galloises de passage dans la capitale irlandaise. Après avoir beaucoup marché, je me repose un peu, et pars à la découverte des pubs…Assis au comptoir du " Quays ", je commande une Guinness, et me laisse enivrer par la musique folk d'un musicien. J'écoute les gens reprendre certains airs populaires, tandis que j'observe le cœur de la vie sociale, culturelle même devrais je dire, et que je regarde la serveuse du bar, sous des faux airs de Jodie Foster, servir les pintes de bières. Après une première journée au soleil étincelant, et une première soirée à la saveur du houblon, je rejoins ma chambre vers 23h15, alors que les canadiennes, assises sur le lit supérieur de leur lits superposés, jouent encore aux cartes…

Vendredi 18 avril :

Cette fois c'est un bon breakfast que j'ingurgite…pudding, beurre, confiture, café et jus d'orange…Le temps semble encore au beau…Je l'ignore encore, mais c'est aujourd'hui le vendredi saint, et les pubs, les musés, et en particulier, le " National Muséum of Irland ", sont fermés. Je me promène, et vais jusqu'à la fabrique de Guinness, située à l'ouest de la ville,  et je découvre de l'extérieur un site énorme (lui aussi est fermé !).
Je rentre assez tôt à l'hôtel, et constate que les autres en font autant. Je passe la fin de l'après-midi et la soirée à étudier le trajet du lendemain, indécis sur ma destination. J'écoute plus que ne participe aux conversations (aurais-je quelque problème auditif ?!!), mais la seule présence de ces deux filles aux allures routardes, et de ce visage frai et innocent, aspire à une atmosphère d'évasion, un climat d'échappatoire. Allongé sur mon lit, j'écoute et observe ces filles que je ne connais pas, s'exprimer dans une langue que je ne maîtrise pas, et qui suscitent un sentiment d'appartenance, et un bonheur simple d'aspirer au présent…
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Stop pour Galway

Samedi 19 avril :

Aujourd'hui je quitte Dublin, mais en me levant je ne suis toujours pas fixé sur ma destination. C'est en prenant le breakfast avec deux française revenues du Connemara, que je décide de partir pour Galway. Une fois les courses effectuées, je marche jusqu'à la sortie de Dublin. De là, je rejoins l'autoroute pour l'ouest. La situation n'est pas facile pour faire du stop, et je me sens l'entrain de marcher…alors tout en étudiant mon trajet, je parcours les kilomètres, chantant, parfois à tue tête, des airs inspirés par la route…" I don't  know when I'll arrive, I don't kow if I'll arrive, but all I know is…I'm on the way to Galway..."
Ce n'est que deux heures plus tard que je commence à tendre le pouce, et bien vite, un irlandais au nom gaélique dont je ne hasarderai pas l'écriture, s'arrête.  Vraiment très sympathique, il fera une petite rallonge de 25 Km pour me déposer à Ballinasloe, à une station service. Le temps à peine de m'installer, et déjà je suis reparti, avec un coup de klaxon de mon ancien conducteur, et un grand signe de la main de ma part envers lui. Le deuxième personnage, qui m'emmènera jusqu'à Galway, me parle des différents entre l'Irlande et l'Angleterre. Il me clame son attachement à son pays, et le mal qu'on lui a fait. Sur ces paroles de révolte, je rejoins le centre ville à la recherche d'un lit pour dormir. Ce que je n'avais pas envisagé, est que l'on est au début du long week end de paques, et avec lui, de nombreux voyageurs se sont rués vers cette ville attrayante. Après avoir fait le tour des hôtels d'accommodation, et les pieds brûlants, pour avoir beaucoup marché, je dois faire le constat que tous sont complets, et que je devrais passer la nuit dehors. Alors je pars à la recherche d'un endroit où établir mon refuge. Je le trouve prés d'un  pont de pierre, à l'abris du vent, d'où j'observe un phoque curieux de voir tant de gens sur les berges de la rivière. Avant que le crépuscule ne tombe et avec lui une nuit qui s'annonce fraîche, je me régénère des rayons du soleil encore bien présent. C'est en changeant de place, qu'un irlandais un peu étrange, vient discuter avec moi, et me propose un lieu pour dormir. Une jeune fille, que je pensais avec le gars, me dit ne pas le connaître. Elle m'apprend aussi que le lieu n'est pas sur, et que je ne dois pas dormir ici. Prés d'une heure plus tard, après m'avoir proposé d'appeler sa mère pour m'héberger dans un B&B, à tarif réduit, je pars rejoindre le " Monroe's Tavern ", un pub très à la mode pour sa musique traditionnelle. Je m'installe au comptoir, et commande une Guinness. Un homme d'un soixantaine d'années, peut être un peu moins, s'assois à côté de moi, et enfile les pintes. Nous échangeons quelques mots, mais dans le brouhaha, et avec la fatigue de la journée, je ne suis pas très réceptif. Il me présente à un barman français, alors qu'un groupe de cinq musiciens (guitare,  accordéon, violon, flûte traversière et dobhran) s'est installé sur la petite estrade du pub. Il y a beaucoup de monde, et les tireuses de bières fonctionnent en continu. Lorsque la musique cesse à l'heure où la soirée touche à sa fin, je grignote les minutes avant d'aller errer dans le froid. C'est vers 1h du matin, lorsque enfin les serveurs sont moins affairés, que le français viens s'installer avec moi pour discuter. Il a quitté la France pour venir changer d'air en Irlande et trouver un boulot, qui l'ont emmené à travailler depuis trois mois dans ce pub…avec tout de même pour horizon de revenir travailler en France. Il m'invite à passer la nuit chez lui, et s'est avec grande satisfaction que j'accepte son invitation. Le temps de ranger, nettoyer, refaire le stock  de bières et de préparer le  lendemain, nous quittons le pub au alentours de 3h30. Quelques bières après, et le temps de manger une pizza et de regarder quelques scènes d'un films pour le moins curieux, il est 5h15 lorsque nous nous couchons.

Dimanche 20 avril :

J'ai passé une bonne nuit allongé sur le canapé du salon, et il est 10h lorsque je me réveille. Voyant que personne ne réagit encore (un australien bossant dans le même pub habite chez lui pour un mois), je quitte la maison vers 12h, et rejoins le " Kinlay hôtel ",que j'avais pris soin de réserver la veille, afin de ne pas risquer d'être une fois de plus pris au dépourvu. Après avoir pris une douche, je pars me balader vers Salmon Weir Bridge, un pont connu pour pouvoir y observer des saumons sauter au dessus de l'eau, à cause d'un petit barrage situé en amont. Je n'y en observe aucun, mais je peux voir un pêcheur en sortir une belle pièce. Je pars ensuite vers South Parc, me promener dans la baie de Galway. Longeant et observant la mer, bordé d'espace vert, respirant la brise fraîche qui souffle. Je ressens encore une atmosphère de sérénité, et me sens imprégné de cette Irlande dans laquelle je suis immergé. Après un repas toujours aussi peu  équilibré, je réfléchis aux jours à venir. C'est alors que rentre dans la chambre une Allemande, seule, qui m'apporte encore un peu de ravissement, et avec qui je discute un moment. Partant à la recherche d'un pub que je ne trouve pas, je m'arrête facilement contempler et écouter les spectacles de rue. Ici, comme à Dublin, de nombreux musiciens s'affichent dans la rue, et proposent des auditions de qualités, auxquelles les gens savent répondre par leur générosité. Ici un guitariste chante Bob Dylan, mais c'est un peu plus loin que je m'arrête, regarder un artiste faire le clown, et jongler avec des torches enflammés sur un monocycle de deux mètres. Il fait bon dans les rues animées, et l'ambiance me plait beaucoup. Après avoir donné mon obole, je rentre à l'hôtel, et bouquine " Backpackers ", un magasine de voyage, en écoutant de la musique, dans la salle qui longe la réception. Quelques autres en font autant…que ce calme et cette sérénité sont régénérant…
Bientôt je vais me coucher,car je n'ai pas encore récupérer de ma nuit écourtée de la veille, et je suis fatigué.
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Le Connemara

Lundi 21 avril :

Je me lève à 8h15, prend une douche, puis rejoins la salle pour prendre le breakfast. Je constate que de nombreux Français occupent les lieux.
(petit cours de toast donné, avant que l'on m'en donne un pour ouvrir la porte de la chambre !). Ce matin , le temps est gris…le Connemara approche. Notre bus démarre, et le chauffeur, faisant office de " Irish guide ", commence sa visite. Bientôt, s'ouvrent devant nous les mythiques paysages du Connemara. Après une première pause dans un petit village dont j'ignore le nom, nous faisons la halte du lunch, prés de l'abbaye de Kylemore ; magnifique demeure dans ce décor de contemplation. Alors que tous pénètrent les devants de l'abbaye, je disparais dans la lande, à l'opposé. Mes pensées s'orientent vers une traversée inconnue que je ne ferai pas, et l'ascension d'un des sommets environnants, qui offrirait à coup sur une somptueuse récompense en dominant un décor féerique.
Nous reprenons la route qui laisse défiler des paysages envoûtants. Frustré de ne pouvoir prendre davantage de photos, agacé par un couple qui nous a rejoins en cour de route, et qui ne cesse de parler, j'emmagasine les images, et m'en nourri.
Le Connemara, c'est cette nature sauvage, austère, avec sa lande, ses lacs, ses rivières, ses collines, ses nuages noirs, si justement décrite par Sardou, et qui lui confère une connotation tellement poétique, et envoûte celui qui ose tenter de percer ses mystères…Un sentiment de liberté,de pureté règne dans cette contrée aux couleurs âpres. C'est durant les quelques haltes, dont le seul véritable sens semble être de faire sortir le portefeuille de la poche du touriste (ce qui n'est fort heureusement pas mon cas), que j'échange quelques mots avec une française venue travailler à Dublin, dans le but d'apprendre la langue, et de poursuivre ainsi sa carrière dans le tourisme. Nous sommes d'accord sur plusieurs point. Cette région est avant tout magnifique, le temps appartis insuffisant, et la vérité d'un voyage ne peut réellement se révéler qu'en solitaire, libre de ses actes et de ses émotions. L'objectif de ce tour est avant tout destiné à donner une vision globale du mythique Connemara, aussi, il faut en accepter les contraintes. C'est donc sur une vision de magie, sur ce sentiment rêveur, et de bien être, que je rentre à l'hôtel, puis fait quelques courses pour le soir et la journée du lendemain. Après un repas toujours aussi léger, je prépare l'itinéraire qui devra me mener jusque dans le Burren. Une Bretonne rejoins alors la chambre. Prof, depuis trop longtemps, nous dérivons inévitablement sur un sujet à éviter, avant de parler d'Irlande. Lorsque l'Allemande nous rejoins à son tour, nous échangeons nos programmes respectifs. Reparti à la conquête des pubs, je m'arrête au son d'une musique traditionnelle et commande une pinte, en observant et écoutant un groupe composé de sept musiciens. Alors je rejoins le " Monroe's Tavern ",  remercier celui qui m'a hébergé deux nuits auparavant.
Ici encore, trois musiciens tiennent en haleine la convoitise de nombreux Irlandais réunis autour d'une pinte, et c'est avec frison que j'écoute l'un d'eux entonner un air populaire, repris en cœur. Avec leur accord, je les photographierai, afin de garder une image figée de ces moments inoubliables. Lorsque je rentre à l'hôtel, je me greffe à un petit groupe réuni autour d'une guitare, dans l'ambiance feutrée de la salle commune. Je joue quelques accords, avant d'être happé par la voix mélodieuse et résonnante de l'allemande, chantant un air de Nirvana, et accompagné à la guitare par David (Australien). Avec le lot de découvertes, de rencontres, et d'émerveillement de la journée, je pars me coucher…demain encore m'attend une journée longue et fatigante.
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Le Burren

Mardi 22 avril :

Un peu fatigué, je me lève à 7h15, et prend mon breakfast avec la bretonne, puis prend la direction de Limerick. Je ne tarde pas à être pris par  un Irlandais avec son chien, qui travaille dans la pierre. Il fait un crochet de 10 Km pour me déposer à l'entrée de Kinvarra, joli village au petit port de plaisance. Peu de voitures circulent sur cette route, mais la patience voit finalement s'arrêter un local, toujours accompagné de son chien qui me fait des compliments, et qui semble connaître assez bien la France. Après s'être arrêter chez lui récupérer quelques affaires, d'où la vue embrasse l'océan et les plaines vertes qui la bordent, il me dépose au commencement du " Burren way ". Le début du sentier est goudronné sur plusieurs kilomètres, et la vue monotone. Bientôt se dévoile cette contrée étrange, et je pénètre au cœur de ce désert de pierres. Des paysages somptueux s'enchaînent au rythme saccadé que je parcours le Slieve Eva, et je découvre cette terre de légende dont la naissance serait issue d'une bataille lunaire. Dans ce décor planté,quelques vaches paissent, et au rythme lent des ruminants, je remémore la dispute que ce sont livré ce couple de géant, et qui par jet de pierres retombés sur Terre, on formé le spectacle auquel j'assiste. Alors que mes pieds deviennent de plus en plus brûlant, je rejoins enfin la route de Doolin. Quelques minutes à peine, et trois femmes du coin s'arrêtent, me  permettant de rallier mon village étape. Je m'installe dans le Doolin hôtel. Ici règne une autre atmosphère. Ce n'est plus Galway, avec ses hôtels mixtes, son ambiance populaire et chaleureuse, ses rues animées. Je suis dans le Burren, et autour de moi, ce sont les collines, les verts pâturages, les cailloux, et l'océan. Cette transition me laisse un instant un peu démuni, et un sentiment d'isolement.
Mais à cette monotonie passagère, fait vite place un ravissement total, lorsque je découvre, en m'enfonçant de quelques centaines de mètres sur la route, les vastes étendues verdoyantes découpées par les murs de pierres, et au milieu desquelles sont disséminées quelques maisons éparses. En tournant mon regard, c'est sur le commencement des falaises, au pied desquelles s'échouent les vagues bruyantes, qu'il se projette. Spectacle de couleur, spectacle de nature, spectacle flamboyant, et source de bien être, déposé au milieu de cette peinture divine. En m'élevant sur le chemin qui mènent aux falaises, je domine la mer, et contemple les mouettes qui effleurent mon appareil photographique. De ce lieu de domination, étendu dans l'herbe tendre, j'attendrai le couché du soleil, qui disparaîtra happé par l'océan. Bien que fatigué, je ne résiste pas à l'envie d'aller voir ce qui se passe à l'intérieur du célèbre pub " O'Connor ". Dans une ambiance calme et mystique, je me prend à commander une Guinness, pris de fascination par un groupe de musiciens réunis autour d'un sofa. C'est ainsi chaque soir, des musiciens de toute la région, de tout le pays, rassemblent autour d'eux une foule d'assoiffés venant se fondre et faire communion avec les vibrations d'une guitare,les percussions d'une dobhran, ou le crissement d'un violon. L'un des musiciens se lève bientôt, et entonne, à capella, un air gaélique, retenant mon souffle, avant de disparaître dans l'ambiance populaire de Doolin.
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Des falaises de Mohr à Listowel

Mercredi 23 avril:

Le réveil est un peu difficile, et je me lève malgré moi. Après avoir fait deux ou trois photos, je commence à grimper sur la route qui mènent aux falaises de Moher. Un peu plus tard, je suis pris en stop par un couple de Belges en vacances quelques jours dans la région. Les falaises présentent un phénomène naturel assez gigantesque. Je me promène le long, en recherchant par moment le vertige de ces à pics de 200m. Dans ce cadre naturel, ce sont aussi de longs moments de contemplation, observant des milliers d'oiseaux virevolter dans cette antre où ils ont élu domicile. Après avoir mangé un sandwich (il est 12h), je commence une longue galère, de marche et de stop, pour tenter de rejoindre ma future destination. Des falaises, la route est peu fréquentée, roulante ou sinueuse, et aucune voiture ne s'arrête à la vue de mon pouce tendu. C'est ainsi que je commence par parcourir les six premier kilomètres à pieds. Un jeune prof, puis une mère et ses deux enfants, m'emmèneront respectivement de Liscannor à Lahinch, puis de Lahinch à Ennistimon. A nouveau le prof s'arrêtera et me déposera quelques kilomètres plus loin. De voiture en voiture, je réalise une lente progression, mais je suis toujours sur des petites routes, et encore loin de mon objectif. Deux filles m'avanceront jusqu'à Ennis, et me permettrons ainsi de rejoindre enfin une route de passage. Après que l'on m'ait à plusieurs reprises conseillé de quitter la péninsule par des itinéraires différents (en ralliant notamment le ferry à Kilrush, ce qui présentait deux possibilités), oscillant ainsi entre carrefours et routes à prendre, je choisi définitivement de suivre ma première impression, et de partir en direction de Limerick. C'est un anglo-irlandais qui m'avance jusqu'à Foynes, avant qu'un Irlandais américain ne m'emmène à Listowel. Ce dernier, l'écharpe US autour du coup, habitait Chicago. Assis à l'arrière de son véhicule, j'écoutais difficilement son accent tranchant me questionner sur des questions d'argent dans la société française. Sympathique mais fier, il était le représentant, le cliché d'une Amérique dominatrice. Au total, des petites routes ou des grands axes, de longues attentes, des marches pour combler l'ennui ou l'impatience, et 8h30 pour parcourir 160km…puisqu'il est 20h30 lorsqu' après une dernière tentative, je décide de terminer ma journée. Je n'ai pu rejoindre le lieu que je comptais rallier, mais je suis aux portes du Kerry…et je découvre un accent que j'ai parfois du mal à interpréter. Je trouve un " hotel accomodation ", et m'octroie un Burger meal, avant de découvrir qu'en Irlande aussi, la jeunesse manque parfois de repère, après une altercation virulente avec deux fillettes d'une dizaine d'années. Mais je retiendrai surtout la chaleur des gens me demandant spontanément " if I enjoy ". Alors je répondrai le plus sincèrement qu'il soit " yes I enjoy ", baignant dans la vie d'une petite ville qui n'a pas besoin de ses heurtes de touristes pour subsister, mais où l'entrain dans les pubs connote là encore avec la réalité culturelle de cette l'île…avec son Gaélique en supplément.

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Killarney et le Kerry

Jeudi 24 avril :

Une fois n'est pas coutume, mais comme les deux où trois derniers jours, je me réveille fatigué. Lorsque j'ouvre les rideaux, je découvre que le temps a changé. Pour cause de douche froide, je quitte l'hôtel sans m'être lavé, et me dirige vers la sortie de la ville. Je ne tarde pas trop à être pris, et emmené jusqu'à Tralee (moitié route). De là, l'attente semble ne plus en finir, et je peste contre les voitures qui ne s'arrêtent pas. Mais dès que je suis à bord d'un véhicule, ma colère paraît déjà bien loin. Aujourd'hui, le ciel est tapissé de nuages sombres, et la pluie tente de se mêler à la partie. Peut être est-ce un vrai temps irlandais ! Je le pense et l'apprécie d'autant, lorsque, assis sur le siège passager d'un véhicule utilitaire, j'écoute la musique pop d'un poste grésillant. Je suis dans le Kerry, et tout semble plus vert. Avant de me déposer, le professeur de cuisine qui s'est arrêté me prendre, fait un détour pour me montrer un panorama sublime sur un des lacs de Killarney. Il me dépose en ville, et je gagne ensuite le " Neptune hôtel ". Une balade dans le parc national me fait découvrir des paysages de cartes postales…des couleurs étranges, un peu irréelles, comme sorties d'une peinture. Je me laisse porter par les sentiers, au milieu de la forêt, jusqu'aux berges du plus grand des trois lacs, face à la tour fortifiée de " Ross castle ". Je rejoins mon hôtel, et prépare mon premier repas chaud depuis mon arrivée en Irlande, utilisant les équipements de la cuisine. La discussion s'engage lorsque débarque un couple de Français et leurs enfants, auquel se greffe un second couple (tous de Bretagne). En ce qui me concerne, je choisi de me diriger demain vers Dingle…à moins que d'ici là…Que dire de Killarney ? Certainement une ville de touristes, une ville où fleurissent les hôtels, mais une ville aux pied du massif des Macggilycuddy, et à proximité des péninsules, endroits magiques, et cela est incomparable.

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Dingle

Vendredi 25 avril :

Ce matin, le temps semble vraiment couvert, avec des pluies intermittentes. La fille de l'accueil ne me conseille pas d'aller à Dingle, parce les paysages risquent fortement d'être masqués par les nuages. Je tenais à m'y rendre, alors comme il ne me reste pas d'autre possibilité  que d'y aller aujourd'hui, je décide tout de même de m'y rendre. Après deux tentatives avortées de stop en sortie de ville- qui ne m'auraient emmené que 1 ou 2 miles plus loin- je fais demi tour pour acheter un billet de bus. Les deux jours précédents ont été pas mal la galère, et je n'ai pas envie de subir, aujourd'hui encore, les aléas du stop, sur des petites routes où rien ne me porte à croire que je serai pris immédiatement. La route pour Tralee me permet de redécouvrir les paysages verdoyant que je n'avais pas si bien observés la veille, parce que mon chauffeur et moi discutions. En pénétrant dans la péninsule, la route se rétrécit, et enchaîne les virages, parfois très serrés. Le panorama sur la mer, les montagnes, et les immenses prairies, est incroyable. Les troupeaux de moutons défilent et se multiplient, dans ce décor étincelant. Le temps oscille entre des nuages noirs, et les rayons de soleil jaillissant d'un ciel bleu. L'arrivée à Dingle est plus monotone, et la ville, hormis son nom, et son port encré dans une anse naturelle, ne présente pas de particularité. Un peu déçu de ne pas voir se profiler les déchirures de la côte, je tente de partir à leur rencontre, en poursuivant à pieds, la route côtière. Je me ravise bientôt voyant que mes efforts n'aboutiront pas, et, revenant sur mes pas, je pars à l'assaut des collines qui dominent le village. Je découvre alors, en m'élevant, les découpes que longe l'océan, et ainsi un aperçu de ce que m'offrirait le spectacle, en continuant quelques kilomètres vers l'ouest. J'approche quelques troupeaux de moutons, comme un symbole que je tenais à  ramener, et plein vent battant, je gagne le sommet proche. Quelques ruelles arpentées plus loin, et quelques gâteaux plus tard, je remonte dans le bus, pour Killarney. Je suis un fatigué, soul peut être à cause de  l'air marin, mais dans le bus, solitaire infatigable dans ces moments de contemplation, je regarde encore et toujours défiler la poésie des lieux. Ecoutant un reportage diffusé par la radio irlandaise, baigné dans cet univers extraordinaire, et imprégné dans cette atmosphère étrangère, je suis immergé dans une quiétude profonde. De retour à l'hôtel, et attendant que la cuisine, assaillie par une colonie de vacance, se libère, je suis rejoins par le couple de bretons et leurs enfants. Nous échangeons nos découvertes de la journée, et passons ainsi un moment ensemble, préparant nos repas respectifs. C'est la dernière soirée au cœur de l'Irlande, avant de rejoindre la capitale. Je profite de ces ultimes moments, non pas en regrettant déjà mon départ, mais en savourant chaque instant qui s'émiette, et qui me laissera des souvenirs encrés. 


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Les montagnes du Macggylycuddy


Samedi 26 avril :

  Deux allemandes lesbiennes qui chuchotent dans la chambre, mon voisin qui ronfle par alternance, et la porte des toilettes qui claquent, me mettent hors de moi. C'est donc avec beaucoup de mal que j'ai réussi à m'endormir. Vers 8h, je me lève et ingurgite rapidement quelques toast grillés, avant de prendre la direction du parc national. Décidé à stopper quelques kilomètres pour rejoindre une entrée, c'est à pied que je m'y rend finalement. Je découvre d'abord l'abbaye, puis la maison et les jardins de Muckross, et me réjouis de ces découvertes. Une abbaye du 15ème siècle avec un petit cloître très caractéristique en son sein, un imposant manoir victorien, et des allées d'immenses rhododendrons  mêlées à une multitude de variétés d'arbustes composent une toile aux allures célestes. Je poursuis mon chemin jusqu'au " Torc watterfal ", et m'élève par des escaliers jusqu'à un panorama sur les lacs, que j'ai du mal à identifier. Je ne peux m'arrêter en si bon chemin, et m'aventure un peu plus profond sur le " Kerry way ".  Je sais qu'en poursuivant, un paysage de tourbes et de rocailles va succéder à un environnement de forêt, et que vont s'élever autour de moi , les montagnes du Macgillycuddy. Alors je poursuis mon avancée, et bientôt, sans transition aucune, le milieu d'arbres et de verdures que j'arpentais, laisse place à un terrain de rivières, de tourbières, de couleurs marrons, et de sols arides. Je suis prodigieusement projeté sur une terre extraterrestre…le décor est hallucinant…Ce paysage fantasque me donne des ailes. Je dois surveiller l'horaire, mais je me suis donné de la marge, et je ne peux de toute façon plus faire demi tour. Je suis au cœur du massif, et le spectacle est ahurissant. Bientôt je reconnais sur ma droite, le Carantuohill, et j'obtiens ainsi une petite victoire sur le point culminant d'Irlande, pour l'avoir finalement trouvé. Je dévale les pentes de tourbières, aidé par des pontons de bois, traverse les rivières, et emmagasine les images. Sur ces couleurs austères, jurent du genévrier en fleurs, et autres plantes au reflet vif. C'est avec une petite angoisse sur l'heure, que je constate être au milieu de nulle part. Bientôt apparaissent quelques arbres, qui m'indiquent ma position, et me rassurent sur un itinéraire que je n'étais plus sur de maîtriser. Encore quelques centaines de mètres, et je rejoins la route du " ring of Kerry ". Un panneau indique :Killarney 13km…mais j'en ai fait plus de vingt, sans avoir eu l'intention de les faire, happé par une montagne presque ridicule au vu de nos Alpes française ou de nos Pyrénnées majestueux, mais combien symbolique, et combien séductrice au point de me propulser dans l'au-delà… La circulation est fluide, mais quelques voitures plus tard, un couple s'arrête, et me ramène en ville. Une dernière fois, on me demande si l'Irlande m'a plu, et une dernière fois j'ai répondu " yes I enjoy ", heureux simplement d'avoir parcouru ces kilomètres imprévu, happé par un sommet que je ne gravirai pas, troublé par des terres hostiles, séduit par ses rencontres ponctuelles avec des Irlandais qui resteront au cœur de mon voyage. Sur cette note de vitalité, et d'engouement, je rejoins mon hôtel. Je me restaure brièvement, et regarde une mi temps de la demi finale Toulouse-Munster…même ce match n'a pas la même saveur, et bien qu'ému par cette province, mon attachement pour la France reste bien ancré, et se manifeste. A 16h, mon bus pour Dublin démarre. Après un changement à Limerick, je retrouve mon point de chute initial, vers 22h… " Jacob's hôtel "…
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Lansdowne road et les soirées irlandaises

Dimanche 27 avril :

Il faut croire que les dernières soirées, ou plutôt les dernières nuits sont contre moi. Cette fois, cinq ou six anglais font irruption dans la chambre à 2h15, en faisant comme si les lieux leur appartenaient. Lumière allumée, ils " gueulent ", et rient comme des abrutis qui me donnent une envie furieuse de les frapper. Le lendemain matin, je demande à changer de chambre. Je pars à la rencontre de Lansdowne road, et c'est en demandant mon chemin, que je me rend compte que la deuxième demi finale de la coupe d'Europe de rugby se déroule à Dublin, cet après midi même. Je prend alors la décision que non seulement je verrai le stade de l'extérieur, comme je l'avais envisagé, mais que je pénètrerai dans son enceinte. Alors j'achète un billet, revendu au noir, et gagne la tribune nord, derrière les poteaux où se trouve réunis une poignée de supporters catalans. C'est donc sans l'avoir prévu, que je me retrouve dans l'antre du rugby irlandais, à supporter une équipe française. Le stade en lui même n'est pas impressionnant, mais la proximité des spectateurs avec la pelouse est fantastique. Equipés de bombardes remplis de Muscat, les perpignanais abreuvent des irlandais toujours aussi sympathiques. A la fin du match, alors que le clan français sort victorieux d'un combat acharné, un irlandais me serre la main, et les joueurs viennent saluer, et échanger quelques mots avec leur public…le pilier gauche me serre la main…
Dans ce stade, au pied des tribunes duquel nous pouvons toucher la pelouse verte, règne une convivialité et une chaleur bien différente de ce que nous côtoyons dans nos grands stade français. De retour en ville, j'effectue quelques achats, quelques souvenirs de mon périple en Irlande. Pour la dernière soirée, je me dois incontournablement d'aller dans la liesse d'un pub, boire une ultime Guinness. Attiré dans un bar, par une musique pop qui me laissera plus tard sur ma faim, je rejoins " temple bar ", et me fait happer par un duo-chant, guitare- De cette musique émane quelque chose de puissant, et ce sentiment que je redécouvre chaque soir où je pénètre dans cette atmosphère joviale. C'est alors que je suis sur le trajet du retour, à quelques centaines de mètres de mon hôtel, que j'entend une voix blues vibrer sur les accord d'une guitare. Je pénètre dans ce pub " the celt ", et découvre ce qui restera l'ultime rencontre de mon voyage, une apothéose, qui clôture de façon envoûtante une succession de surprises improvisées. C'est une femme qui s'affiche devant moi, la cinquantaine, peut être un peu plus, fumant, et buvant la Guinness, ses doigts parcourant le manche d'une guitare folk, et qui pousse les plaintes d'un blues poussif. A ses cotés, autour d'une table en bois massif, un jeune bluesman aux phrases enivrantes, une fille, la trentaine, à la voix fraîche et agressive. Enfin, un accordéoniste, plus jeune encore, qui vibrent aux sons de son instrument. Sur quelques morceaux, un musiciens (peut être est-ce un des Chieftains ?) les accompagne aux percussions d'une dobhran déchirée, et s'accapare le spectateur, par les rythmes effrénés de ses frappes sur les contours de la toile. Totalement captivé par cette musique et cette voix, je savoure une pinte de bière, dans l'atmosphère feutrée de ce pub, aux décor rustique du milieu du siècle. Sur un coté de la pièce découpés en recoins, sont étalés des flacons médicinaux sur des étagères murales. De nombreux tableaux anciens représentent des chanteurs célèbres et disparus. Sur la table autour de laquelle sont réunis les musiciens, une bougie tapissée de cire fait vaciller sa flamme, éclairant les verres remplis de bière ou de boissons gazeuses. C'est encore un moment frissonnant lorsque le guitariste  entreprend, en soliste, un morceau de blues, sur les notes duquel il laisse son ton gémissant se rependre dans les âmes des mortels. Sur le dernier morceaux, je suis convié à me lever, ainsi que le fait chaque personne présente dans le pub. Il s'agit certainement d'un air national, peut être Molly Malone, mais je n'ai pas su reconnaître l'air. C'est un peu enivré, tant par la bière que par la musique, que  je laisse derrière moi ce lieu mystique, pour rejoindre ma chambre. C'est un groupe d'amis, la cinquantaine passé, pour certains aux ronflements bruyants, qui, ce soir encore, me volera un peu de mon sommeil.

Lundi 28 avril :

Apres cette dernière nuit tronquée, je pars terminer mes achats. Je n'ai pas fait attention que le National Museum of Irland est fermé le lundi, et je me retrouve une nouvelle fois bloqué devant l'entrée…décidemment, il était dit que ne le visiterai pas ! J'entreprend alors d'expertiser le National Gallery, une des galerie les plus riches d'Europe. Le sac sur le dos, surveillant l'heure de départ pour l'aéroport, et peu disposé à apprécier ces trésors artistiques, j'écourte finalement cette visite. Après m'être renseigné sur les lieux de passages du bus , je m'installe à l'étage de l'un d'eux. Il s'agit bien cette fois de la fin du voyage, et je parcours les kilomètres séparant le centre ville de l'aéroport, en repensant à la soirée précédente. Je descend du bus, en regardant autour de moi, un peu triste de quitter ce pays qui aura su m'accueillir, et se révéler à la hauteur de sa réputation ; nostalgique de terminer dix jours où auront rayonnés les verts pâturages, le bleu de l'océan, coulé à flot la bière dublinoise, éclaboussé la chaleur de ce peuple ouvert et généreux. Triste un peu de remonter bientôt dans mon avion, et de survoler la manche, mais heureux d'avoir rencontré l'île d'émeraude… 
Irlande


Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust