Majorque: Palma et Serra de la Tramuntana (GR221)

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Itinéraire du GR 221

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Cartes  utilisées

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Sommaire

Palma et la finca de Victor
Etape 1:  Antratx-Monastère de la Trapa
Etape 2: Monastère de la Trapa- Foret d'Estellencs
Etape 3: Foret d'Estellencs-Col Comuna
Etape 4: Col Comuna-Valdemossa
Etape 5: Valdemossa-Versant de Es Caragoli
Etape 6: Versant de Es Caragoli-Biniaraix
Etape 7: Biniaraix-Descente vers Luc
Etape 8: Descente vers Luc-Vall d'en Marc
Etape 9: Vall d'en Marc-Pollença

Palma et la finca de Victor

Je me pose aux milieux des moulins, sans y distinguer ne serait-ce que l'ombre de Don Quichotte. Les pales ne semblent pas tourner, pourtant c'est vers elles que moi je me tourne depuis le hublot de mon siège. Dès que j'ai atterri, je monte dans un bus en direction de Palma. Victor me récupère sur la place d'Espagne, à côté de la station du petit train touristique qui se faufile entre les montagnes pour gagner la ville de Sollers. Je passerai 2 jours dans une finca au milieu des orangers, à me délecter des agrumes aux saveurs incomparables. J'avoue en avoir abusé, et pioché au pied des arbres ou dans le bac du réfrigérateur bien plus que de façon raisonnable. Comme cela ne va pas durer, je fis le plein de vitamines C. Quelques ballades dans les quartiers pittoresques et les ruelles étroites de Palma emplissent mes journées, avec au cœur des mes activités les préparatifs ultimes de la traversée à venir. J'assiste à un concert de la banda officielle de Palma sur la place Mayor dans laquelle Victor officie comme percussionniste. C'est un orchestre professionnel dont la prestation est de très belle facture. A côté de son activité professionnelle, Victor est passionné par les vieilles voitures qu'il collectionne, mais aussi achète et revend. Une activité commerciale assez juteuse d'après ce qu'il m'en dit. 
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Photos de Palma

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Etape 1:  Antratx-Monastère de la Trapa

J1 : Le bus 102 part de la station centrale de la place d'Espace. Aujourd'hui est un jour férié qui s'inscrit pendant la semaine sainte de pâques, et les processions religieuses pour lesquelles je croise depuis hier des hommes et des femmes en tenue ésotériques me rappellent " La folie des grandeurs " et ses scènes cultes dans l'Alhambra de Grenade. Du coup le métro ne fonctionne pas, et Victor me conduit d'un coup de voiture à la station de bus. En un peu plus d'une heure, il me dépose à Port d'Antratx, village où débute le sentier de grande randonnée numéro 221, qui traverse la Serra Tramuntana du sud ouest de l'île au nord est. La difficulté lorsqu'un sentier, bien qu'officiel, n'est pas balisé, c'est d'en trouver la trace, et le point de départ. J'ai bien une carte au 25000ième acheté dans un magasin de Palma, que la vendeuse à gentiment accepté d'échanger contre une carte trop imprécise achetée la veille, mais elle ne m'est d'aucun recours pour résoudre cette énigme. Après des indications hasardeuses données par un touriste étranger, je suis une route qui grimpe sur les hauteurs du village. C'est au bout de celle-ci que je croise 2 randonneurs allemands.
  • " El camino para Saint Elm ? "
Ils lèvent les bras en souriant, comprenant ainsi qu'ils en sont au même point que moi, à chercher l'itinéraire. Nous revenons ensemble sur nos pas, jusqu'à atteindre un hôtel dont on m'a parlé. Le sentier devrait démarrer quelque part non loin. En effet, Saint Elm est un peu plus loin indiqué. Nous ferons cette première partie ensemble. J'ai lu quelque part que lorsque plusieurs chemins se croisent il est préférable de suivre le plus large. Le conseil s'avère utile car à plusieurs reprises la direction suivie est parasitée et perturbée par plusieurs pistes qui viennent se mêler à la randonnée. Quelques ronds rouges effacés par le temps balisent superficiellement le parcours. La montée dans une ambiance typiquement méditerranéenne est agréable, avec la mer, ses baies et criques qui surgissent au gré du relief. Plusieurs fois nous hésitons mais finalement l'orientation restant le plus fiable repère dans ces conditions, et nous arrivons à Saint Elm sans perte de temps inutile. La promenade maritime du village est une invitation à s'assoir sur une des terrasses qui jonchent la plage. Je succombe et prend un verre avec mes compagnons d'étape, puis ne souhaitant pas trop m'attarder dans un décors propice à la farniente, je reprend mon sac à dos. Je traverse le village avant d'obliquer sur un chemin qui s'élève en forêt. S'orienter dans des traces 
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qui bifurquent sans logique devient plus difficile. La carte me permet de garder le cap au milieu d'éboulis et de marques succinctes qui se perdent dans la rocaille. La journée ne fût pas très longue en termes de marche, pourtant je m'épuise quelque peu. Mon non entrainement est une barrière que je vais devoir franchir ; histoire de 2 ou 3 jours. Au détour d'un roc apparait enfin La Trapa, lieu d'arrivée du jour. Un ancien monastère et des bâtiments de pierres apparaissent au milieu d'un cirque naturel sur un plateau qui culmine à 300 mètres d'altitude. Des terrasses circulaires dominent un point de vue magnifique sur la mer. Saint Elm émerge de la forêt en point de mire. Lorsque les 2 espagnols présents quittent le site, je suis le seul gardien, ambassadeur de la Trape. J'établis mon bivouac à côté d'une petite bâtisse en pierres, à côté de ruines en restauration, dans un espace protégé, près d'un gros arbre qui veille sur moi. Je vaque à quelques lectures, dîne et patiente jusqu'au coucher du soleil qui fait rougir la ligne d'horizon de mer. De la musique provient de bateaux amarrés quelques centaines de mètres en contre bas. Je me couche, feuillète encore quelques pages, puis éteins ma frontale, sombrant dans la claire lumière nocturne d'un ciel scintillant. Couché aussi tôt que les poules, je m'éveille aux premières heures de la nuit, et tourne vainement dans mon sac de couchage, avant de sombrer enfin pour des heures profondes.
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Etape 2: Monastère de la Trapa- Foret d'Estellencs

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J2 : A 8h15 je suis prêt à lever le camp, ne laissant de mon passage aucune trace sinon un compostage délicatement camouflé sous une pierre plate, seule attestation de ma santé vigoureuse ! L'unique inquiétude légère, étant donné la longueur de la marche à venir, dénivelé à l'appui, est le petit demi litre d'eau en tout et pour tout que j'ai en réserve depuis hier soir, repas compris. Je m'élève tranquillement sur le sentier, laissant la Trape aux prise d'autres visiteurs, et grimpe modérément jusqu'au " Basses ", indiqué à 1h30 du départ. Je mettrai un peu plus de la moitié du temps, me rassurant ainsi sur mon propre rythme et mon autonomie liquide, ainsi que mes efforts à gérer. Des anciennes bergeries, le chemin devient balisé de manière plus visible et se dirige vers le col de la Gramola où il rejoint la route. C'est en la longeant que j'aperçois un peu plus loin une dame affairée à arracher les mauvaises herbes qui poussent dans l'allée de sa maison.
" Es possible haber un poco de agua por favor ? "
Maitrisant son gros chien, plus bruyant qu'agressif, elle me précède jusqu'à l'entrée de sa maison et me sert un grand verre d'eau et remplit ma gourde toujours à demi pleine. Rechargé en eau, je suis paré pour affronter la belle grimpée qui m'attend sur un sentier pelé de pierres et d'éboulis. Mon manque de préparation évidente fait parler d'elle. Je souffle et m'épuise, contraint de faire des pauses régulières pour gravir pas à pas un obstacle rugueux mais loin d'être infranchissable, aux rocailles nécessitant des efforts supplémentaires. Mon carburateur doit avoir un problème de réglage car je consomme plus que la normale. Les barres de céréale viennent à mon secours pour apporter les calories que je brûle aussitôt. J'avoue être un peu sur la réserve. Malgré tout la consultation de mon altimètre me rassure, et m'accompagne jusqu'au 850 m d'altitude d'un sommet qui peut semble bien dérisoire. Je m'allonge dans un rond d'herbe. Que dis-je je m'y étale, conquérant victorieux, découvrant un panorama superbe dans lequel se déploie la vaste mer incognita aussi fascinante alors pour moi qu'elle ne l'est pour les marins! Sachant avoir accompli les difficultés du jour, je peux m'attaquer aux pentes descendantes avec enthousiasme, croisant les premiers randonneurs de la journée. Certainement qu'ils devaient attendre que je sois en meilleure disposition pour croiser leur route ! Sur cette portion le sentier est désormais bien balisé de panneaux indiquant la direction et le nom du GR. Les versants changent, les paysages avec. D'abord exposé au chaud soleil de l'après-midi dans un décors d'éboulis et de maquis, la marche devient ombragée par les forêts. Il y fait même frai dès qu'on se refroidit lors d'une pause trop longue, mais le vagabondage y est plus plaisant. La mer, bleue turquoise, me provoque, mais qu'importe, je ne me détourne pas de mon objectif.
Ma carte diffère sur les derniers tronçons de l'itinéraire que j'emprunte réellement. Estellencs, village d'arrivée, s'écarte du tracé et explique que les temps indiqués sont étonnement longs pour les distances que j'ai en possession. Je suis les petits anneaux rouge et blanc (c'est le signal !) jusqu'à rejoindre le village où je fais le plein d'oranges. Je musarde dans les ruelles, paresse longuement sur les bancs d'une placette du centre, m'abreuve de boissons fraiches, gazeuses et sucrées, puis reprend la route, en quête d'un lieu pour dormir. La vue sur la mer et le soleil descendant dans une ambiance de fin de journée donnent une atmosphère propice à la marche et aux rêveries. Je ne veux pas toucher l'eau  mais seulement la contempler. Quittant la route et les domaines privés je m'enfile dans un sentier en lisière de forêt, sur un versant pentu. C'est le sentier typique que j'aime emprunter, alternant pied gauche et pied droit dans les jeux d'ombre et de lumière créés par les arbres magnifiques. Au bord du chemin une petite plateforme se détache. Il ne m'en faut pas davantage pour ôter le sac de mon dos et établir mon bivouac. Petit lieu de fortune, au milieu des arbres, et face à la mer, partiellement occultée. Sachant le bivouac non autorisée, à priori en tout cas, j'attends avant de monter ma toile de tente. Je profite des paysages, de la douceur du temps, puis me laisse aller, à la nuit tombée, démuni d'autres occupations, à plonger dans un sommeil qui ne tardera pas à venir puis à s'enfuir.
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Etape 3: Foret d'Estellencs-Col Comuna


J3 : A 2h, des bruits de pas foulent le sentier, et m'extraient d'un sommeil léger. Des lumières filtrent à travers la toile. 1, puis 2 puis 3…Ce sont les premiers coureurs du trail qui parcourt l'itinéraire que je suis, et qui soudain justifie la présence de petites balises triangulaires jaunes qui balisent depuis la veille mon itinéraire. Boules quies visées dans les oreilles je ne me préoccupe pas du défilé qui continue pendant une heure au moins, mais à 3 heure, je suis toujours en train de tourner dans mon sac de couchage, dans l'impossibilité de dormir dans l'espace légèrement incliné où je suis allongé. Enfin je m'endors. Je rouvre les yeux à presque 8 heures. J'aurais au final passé une nuit complète. Je prends mon temps, savoure les heures matinales, et la douceur qui me surprend agréablement. Déjeuné, lecture, puis les premiers randonneurs passent et me saluent. Je lève le camp, sans hâte, et poursuis le sentier qui fend la forêt le long d'un tracé de terre et de cailloux. J'affectionne ces premiers pas, la mer en contre bas déploie son grand bleu. Un arrêté administratif indique une coupure de sentier à 4,5 kilomètres. Je me hasarde tout de même à poursuivre dans cette direction. Je me retrouve face à un grillage de 2 mètres de haut, surplombé de fils barbelés. Devant l'obstacle je me résigne à faire demi-tour. Sur mon plan, un autre chemin permet de contourner le passage, mais celui-ci est aussi signalé coupé à cause de propriétaire excédés de voir des randonneurs fouler leur propriété. Je ne prends pas le risque une seconde fois de me retrouver la route barrée. La problématique est que je comptais par cet itinéraire rejoindre le village de Banyalbufar pour m'approvisionner pour le repas du midi. Je modifie le programme, obliquant par un troisième sentier, contraint par là d'un déjeuner allégé. Je reviens sur mes pas et emprunte un nouvel itinéraire non dénué d'intérêt. Je découvre sur un plan affiché pour les coureurs du trail le parcours redéfini identique à celui que j'ai choisi de suivre. Je me laisse alors guider par les banderoles jaunes qui me sont d'un secours peu négligeable lorsque multitudes de pistes et chemins courent en tout sens, rendant les courbes de ma carte bien futiles devant tant d'abondance. Je retrouve finalement à l'endroit voulu là où le sentier retrouve le GR221. A gauche Banyalbufar est à 25 minutes. A mon étonnement le tracé du trail envoie les coureurs dans cette direction. J'hésite un instant à aller voir à quoi ressemble cette halte maritime puis, refroidi par les courbes de niveaux que je devrai ensuite remonter, je me ravise et tourne à droite vers Esporles, destination du jour. Le sentier oscille dans les bois, dominant la mer à certains moments, l'occultant la plupart du temps. De nombreux VTT rebondissent sur les sols caillouteux. Je rejoints ainsi Esporles et son supermarché.
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Mon enthousiasme à y acheter des oranges pesantes et autres victuailles pour le repas du soir ainsi que le déjeuner à venir m'alourdissent le sac de manière peu négligeable. Je regarde les cafés s'animer depuis le banc d'un espace pavé, aux heures du milieu d'après midi où le rythme majorquain sort de sa léthargie, laissant le sablier écouler un temps que je n'aurai pas à compter plus tard au bivouac. Je me replonge dans l'hiver à Majorque de Georges Sand, relatant l'inquisition et tout ce qu'elle a eu d'abominable, mettant en conflit l'histoire et l'art, la conservation d'un patrimoine religieux d'un côté et la mise en valeur d'un passé intolérant et intolérable. Je quitte le banc de la rue centrale et retrouve le GR, grimpant sans réel intérêt une piste goudronnée qui me hissera au col de la Basseta. L'heure est plaisante, le soleil commençant à décliner, laissant les heures les plus chaudes derrière. Moi je monte. Je quitte la piste, et coupe à travers la fôret en suivant les cairns, vigilant à ne pas trop m'éloigner d'une propriété qui semble une fois de plus avoir provoqué une rupture de balisage. Un couple d'allemand m'indique une chapelle que j'aurais très certainement trouvé sans recherche mais devant les explications un peu complexes, je m'égare du sentier, m'élevant à une latitude trop élevée. Je redescends dans un fouillis de pierres, et retrouve un des sentiers qui semblent être celui que je dois suivre. Voici la chapelle. Ce site tout trouvé pour un bivouac ne me plait pas. La forêt est ici encaissée, austère, et la voute de la chapelle m'apparait plus un tombeau qu'un lieu de protection. Je poursuis et arrive à flanc de falaise vertigineuse qui ouvre une vue sur le vide. Je rejoints le sentier et descend de nouveau en forêt. La promenade est plaisante. Je suis à présent sur un versant exposé au vent, et trouve un terrain impropre pour planter la tente. Je marche. Au bas du vallon je confirme l'itinéraire à 4 randonneurs qui me paraissent être bien tardifs pour amorcer une marche jusqu'à Esporles à l'heure qu'il est. Eux me confirment le mien. Je remonte de nouveau un sentier qui doit me hisser jusqu'à un nouveau col. C'est avant de la rejoindre qu'une petite plateforme, relativement abritée, stoppe ma course. Je décide d'y établir mon bivouac. Le vent souffle malgré tout et le couché de soleil rougeoyant m'interroge sur la météo du lendemain. Pour autant je ne fixe pas la partie imperméable de ma tente, bien que m'étant interrogé sur la nécessité. Comme les nuits précédentes, je ne tarde pas à trouver le sommeil, mais ne tarde pas davantage à me réveiller. A minuit j'ouvre l'œil, les deux mêmes. Je vois défiler les chiffres à ma montre. Dans une phase de sommeil profond, vers 6 heures des gouttelettes frappent sur la toile. Je sors de mon sac en quatrième vitesse, et déploie la toile imperméable de la tente pour la fixer à la va vite, de quoi assurer l'essentiel. A peine la moustiquaire intérieure a eu le temps de s'humidifier que la pluie fine cesse. Alerte sans conséquence. 
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Etape 4: Col Comuna-Valdemossa

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Jour4 : J'émerge tardivement dans les sommets embrumés. Mon étape sera courte alors je traine et profite de mon cadre sans urgence. Une fois plié la tente et rangé le matériel, je démarre la marche pour achever la montée au col Comuna dans un décor que je juge féérique, dans une forêt d'altitude  riante. De là une grosse descente s'amorce pour piquer vers Valdemossa qui ne se livrera qu'au dernier moment. Village de pierres encaissé dans une vallée cerclée de montagnes. En sortant de forêt le sentier est signalé interdit une fois de plus. Je n'ai pas le choix que j'enjamber les interdits, me retrouver sur un domaine privé que je franchirai en contre bas. Le premier bâtiment auquel j'accède est la chartreuse. Célèbre pour avoir hébergé Georges Sand et Frédéric Chopin l'hiver 1838, elle a valu à l'écrivain français l'écriture du livre " un hiver à Majorque " que je porte et dans lequel je me plonge depuis mon départ. Au point de mes lectures les pages rejoignent mon arrivée avec la description décrit comme idyllique. Avare en compliments concernant les majorquains, Georges Sand est amoureuse en revanche d'un site qui la touche avec sollicitude. Je déambule, fouine, erre dans les petites rues de la ville touristique. Je prolonge les pages où G Sand parle encore du lieu et des habitations, avant d'aller les visiter le lendemain. Je repère le sentier qui demain aussi me mènera à Deia. Aujourd'hui je breake pour descendre à Palma à la rencontre de Diana qui arrive de Rotterdam par un avion de fin de soirée. Les flâneries terminées, la pause café ensoleillée achevée, je décide de remettre la mécanique biologique en marche. Il est 17h30 et je décide de rentrer à Palma à pied. 18 kilomètres. 6 kilomètres par heure. Cela fait 3 heures de marche intense. Un bon exercice comme les coureurs cyclistes qui le jour de repos font des séances d'entrainement. J'avale les kilomètres de bitume, rythmé par le métronome des bornes hectométriques qui s'égrènent régulièrement de 0 à 9. Longue marche exécutée cerveau débranché. Je gagne en fin Palma et les derniers kilomètres qui relient la périphérie au centre. Sur la place d'Espagne je me fais héler : " Hey tu ne me reconnais pas ? "
  • " Heu…non "
  • " La Trapa !! "
  • " Ah !! Era vosotros… "
C'est un couple de randonneurs que j'avais aiguillés lorsqu'ils sont arrivés au monastère de la Trape où j'avais établi mon bivouac, à la recherche d'indications de temps pour rejoindre le col alors que le soleil déclinait déjà. Une coïncidence de se retrouver devant l'arrêt de bus alors qu'eux ont terminé de marcher après s'être perdus à Esporles.
A 23h je suis devant chez Jorgue qui arrive bientôt tirant sa valise, accompagné de Diana que je retrouve donc en même temps.
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Etape 5: Valdemossa-Versant de Es Caragoli

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Jour5 : Après une soirée passée dans un bar, le réveil est un peu fastidieux pour mes colocataires. Je n'ai pas envie de passer une journée à entendre. La sonnerie de l'appartement retentit et sort de leur sommeil Jorgue et Diana. Voilà au moins ça de gagné! Lorsque tout est prêt, nous quittons l'appartement et gagnons à pied le nord de la ville pour débuter une tentative d'auto-stop qui est longue à amorcer. Finalement, après avoir fait des kilomètres pour trouver une station d'essence, notre chauffeur nous conduit jusqu'à Valdemossa. Au village nous visitons les habitations que G.Sand et F.Chopin ont occupées dans la chartreuse, dont la description détaillée est relatée dans son ouvrage. Après ce bain de culture, d'histoire, nous amorçons la montée raide vers le col de San Gallard. Une sacrée entrée en matière pour Diana qui débute la randonnée le ventre alourdie d'une paella qui lui pèse lourdement sur l'estomac. Nous arrivons à un plateau, donnant un peu de répits à nos cuisses bouillantes. Une superbe vue sur Palma et la plaine s'ouvre. Un plateau d'altitude qui ne semble jamais en finir s'étire, alternant avec de petites montées en pente douce. Du sommet nous suivons des crêtes magnifiques, déchirées par des falaises abruptes qui barrent l'accès des villages de Deià et Port Sollers qui apparaissent en contre bas. Si le sentier de crête est superbe et soulève en moi des sentiments de liberté et d'allégresse, il devient peu à peu assez difficile de le suivre. Des cairns balisent un itinéraire qui se perd sur le versant descendant, sur un relief rocheux. Des semblants de piste apparaissent puis disparaissent. Je perds de vue des cairns. Nous désescaladons des pans rocheux, nous heurtant chaque fois à de nouvelles barrières à pic. La direction empruntée ne peut plait pas, et n'est pas cohérente avec la carte. Malgré tout je poursuis, suivant sans confiance des traces qui s'amenuisent. Une dernière tentative nous voit descendre de manière de plus en plus acrobatique un nouveau pan rocheux. En contrebas un goulot d'étranglement. Malheureusement une fois atteint le goulot, le précipice nous isole de la vallée. Le jour tombe. Désormais nous n'avons plus le temps de faire demi-tour et remonter chercher un nouveau passage. Il va falloir trouver un abri, ce qui m'apparait difficile vu le terrain pentu de pierres et d'éboulis. C'est en remontant, contre la dernière paroi franchie, que nous trouvons un abri, protégé du vent par une végétation épaisse qui le camouffle. Un endroit que nous ne sommes pas les premiers à découvrir car le sol est jonché de crottes de moutons. Des pierres plates nous servent de balai pour nettoyer au mieux l'emplacement. Les odeurs elles persistent ! Acrobatiquement nous déplions la tente et fixons le toit tant bien que mal sur une surface trop petite. Une chose est certaine, nous serons bien abrités des intempéries le cas échéant !
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Etape 6: Versant de Es Caragoli-Biniaraix

J6 : Les trous énormes sous mon matelas m'auront été finalement de bonnes cales pour des positions confortables. Du coup ce qui aurait pu être un gros inconvénient pour dormir a été mon allier. Ce matin je presse Diana qui resterait bien à dormir davantage sous la toile de tente. Nous déménageons les affaires de la tente, camouflés dans notre tanière rocheuse. Je ne tiens pas à trainer et nous retrouver exposés en plein soleil chaud sur ces pans de rocailles, alors que nous ne savons pas, pour l'heure, la direction à suivre qui parait bien aléatoire. La première difficulté consiste à s'extraire de notre repère. J'ai repéré un peu plus en amont un passage où l'on peut remonter la paroi en quelques pas d'escalade assez simple, sur un rocher sur. Il faut ensuite remonter vers le sommet à la recherche des sentiers empruntés la veille. Le ciel nuageux rend la montée moins pénible. Une chance appréciable même en ce début de matinée. Nous atteignons le col et retrouvons une balise sur laquelle est inscrit le nom du village de Deià à la main. Un sentier plus large et bien marqué continue en longeant les crêtes. La direction suivie ne me parait pas bien cohérente avec la carte, mais puisque la tentative de la veille a été vaine et que des falaises vertigineuses ceinturent le village nous optons malgré tout pour le suivre. Une pointe se détache sur les crêtes comme un objectif à atteindre  pour nous permettre de voir plus clair sur le relief. Malheureusement une fois atteint, peine perdue, de nouvelles falaises bloquent l'accès de la vallée. Retour donc au point de départ, en suivant les crêtes qui offrent un panorama splendide. Je pose mon sac et demande à Diana de m'attendre. Je redescends en courant sur le chemin de pierres indiqué vers le village. L'itinéraire ne peut que se faufiler quelque part par un accès étroit dans la forêt. Je suis attentivement les cairns pour ne pas reproduire l'erreur de hier, et débusque, là où l'on change d'étage de végétation et que la forêt remplace le paysage pierreux, un petit sentier qui bifurque dans un couloir étroit. La lumière tombante, le manque de vigilance et la fatigue de la veille nous avaient induits en erreur, et écartés du seul passage possible. Je prends la précaution de vérifier qu'il ne s'agit pas une fois de plus d'un leurre puis remonte prévenir Diana et récupère mon sac. Nous descendons longuement en forêt avant d'atteindre le village de Deià dont l'accès quelques heures plus tôt semblait bien improbable, prisonniers de barres rocheuses infranchissables. Nous déjeunons devant l'église, faisons un tour du charmant village. Nous laissons la montagne pour suivre un sentier bien tracé, oscillant légèrement sur les courbes d'altitude. De ce fait, nous rencontrons beaucoup de randonneurs. Nous admirons de beaux points de vue sur la mer, nous laissons porter ainsi jusqu'au village 
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de Sollers. C'est un lieu touristique réputé pour son ancien petit train qui relie la ville à Palma, empruntant un parcours pittoresque entre les montagnes qui drainent de nombreux touristes. Avec la ville de plus grande importante s'accompagne le bruit ambiant de la foule et du trafic, qui rompt le silence d'altitude. Nous faisons une longue pause sur la place centrale, face à l'église romane, achetons de quoi manger Puis nous quittons les touristes et les ruelles commerçantes de Sollers, à la recherche d'une zone de bivouac, plus loin. Il faut pour cela suivre la route jusqu'au hameau de Biniaraix. De là le sentier s'élève depuis une vallée encaissée, entourée de beaux sommets qui promettent une belle étape à venir. Des terrains privés en terrasses s'organisent autour d'un torrent qui s'écoule dans des gorges encaissées. Nous nous éloignons des habitations et trouvons un peu plus haut un espace de campement. Le soleil illumine de couleurs splendides les sommets qui entourent. Je regarde les couleurs changeantes s'assombrir dans la vallée, soleil tombant, installé sur un promontoire rocheux.
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Etape 7: Biniaraix-Descente vers Luc

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Jour7 : Déjà un groupe de randonneurs nous salue en passant devant notre bivouac encore installé. Nous attaquons l'ascension dans la gorge qui ouvre la vallée éclairée, tandis que nous progressons à l'ombre. Une véritable route inca s'ouvre en lacets, un chemin pavé large qui nous conduira sans doute vers d'autres vestiges. Pour la première fois le cours d'eau que nous suivons n'est pas tari et coule abondamment depuis les sommets, formant de belles vasques qui nous invitent à une toilette nécessaire. L'eau fraiche est régénérante, et le nettoyage, du corps et des vêtements, un vrai moment de bien être. 3 jours de transpiration sans aucune toilette commençaient à être désagréables à supporter notamment la nuit où la peau colle au sac de couchage, pris en sandwich dans des vêtements qui sentent le fauve. Au col Pas de ses Lloses apparait le réservoir de Cuber, tandis que les parois rocheuses dans lesquelles nous étions engouffrés s'érigent superbement. Longue pause pour profiter de cette vue apaisante. Le chemin qui descend tranquillement vers la retenue d'eau nous emmène paisiblement sur les berges du réservoir où nous nous poserons longuement pour déjeuner. Nous reprendrons en longeant le lac jusqu'au parking situé à son extrémité est. Une fontaine signalée sur le plan, indiquée également par des randonneurs rencontrés, nous assure que nous ne manquerons pas d'eau. C'est une journée sous son signe. De là, le sentier suit un canal qui chemine l'eau des montagnes vers le réservoir. Nous le longeons une grosse heure avant de quitter la lisière de forêt et de nous élever sur une belle montée qui nous verra changer d'étage de végétation vers le col le plus haut de l'itinéraire à plus de 1000 d'altitude. Le panorama offre le paysage que nous avons traversé en une vue arrière, direction sud ouest, tandis qu'au nord, nord ouest, apparait la mer. Ici les montagnes s'aplanissent. Longue contemplation, frappés des rayons point trop assommant du soleil. Depuis le col, il nous faut amorcer la descente vers Luc. Dans la pierre et la végétation rase, le chemin change de versant avant de remonter pour basculer derrière d'autres éperons rocheux qui barrent la route, ne laissant pas espérer un endroit pour dormir. De nouveau le sentier bascule avant de s'enfoncer rapidement en forêt que nous dévalons à coup de lacets acérés, sur un sol pierreux large et instable. Nous sommes encore à une altitude modérément élevée. La nuit gagne et tandis que les pieds de Diana souffrent d'ampoules importantes, nous repérons un recoin plat en forêt pour planter la tente et y passer une fraîche nuit.  
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Etape 8: Descente vers Luc-Vall d'en Marc

Jour 8 : Fraiche, elle le fût effectivement, pour Diana qui a passé la nuit à trembloter. Nous avons beaucoup marché hier soir, et tard, pour trouver un endroit où il était possible de dormir. Nous avons aussi passé le col pour s'avancer du prochain village car il n'y avait pas de petit déjeuner de prévu dans les sacs. De ce fait nous sommes proches de Luc, point approximatif de ralliement du jour. Par conséquent, nous abordons la matinée avec un rythme tranquille, sans précipitation. Je fais une séance d'initiation à l'acroyoga, en pratiquant quelques gestes et postures sous les commandements de Diana. Il est aux environs de midi lorsque nous quittons l'emplacement de la nuit. En une grosse demi-heure nous sommes au sanctuaire de Luc. C'est un vaste site dont nous visitons le jardin botanique, profitant aussi longuement des espaces ensoleillés près des porches du 16ième siècle. J'avais imaginé un village à proximité mais Luc se résume en réalité à son centre spirituel. Lorsque nous le réalisons, l'unique boutique du site vient de fermer. Du coup le ravitaillement en nourriture nous file devant les yeux. Nous nous rabattons sur une pizza prise sur la terrasse d'un café restaurant, vers 15h. Fruits et barres chocolatées achetés au même restaurant constitueront le repas du soir. Petite consolation ! Enfin nous reprenons la marche pour le dernier tronçon sans grande difficulté, qui alterne montées et descentes dans une forêt ombragée. Nous suivons un itinéraire balisé de panneaux explicatifs de la végétation locale, puis rejoignons une piste qui descend en lacets entre forêt et garrigue, abandonnant dans ce relief peu propice l'espoir de trouver un bon coin pour planter une dernière fois la tente. Nous avons laissé passer la zone la plus favorable pour cela. Les possibilités s'amenuisent encore lorsqu'apparait une route goudronnée, clôturée de part et d'autre. C'est en bordure de route que nous nous arrêtons malgré tout sur un dégagement à peu prêt plat et saupoudré de glands, avant que la nuit ne tombe. 
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Etape 9: Vall d'en Marc-Pollença

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Jour9 : J'ai le bon pressentiment d'attacher correctement la tente et le toit imperméable par souci de nous protéger du vent qui s'engouffre dans le corridor de la vallée dans laquelle nous sommes encaissés. Vers 3 heures du matin ce n'est pas le vent mais la pluie qui sort Diana du sommeil, en panique sous les coups de tonnerre qui grondent fortement, bien que suffisamment éloignés pour ne pas y être directement exposés. Elle tient à tout prix à rentrer le matériel abrité sous l'abside ; ce à quoi je m'oppose. L'averse cesse et la dépression semble s'être dissipée. J'attends au petit matin le vent qui viendra sécher la toile. Au lieu de cela, la pluie reprend et tombe de façon incessante et virulente. De 7h jusque 11 h nous sommes bloqués dans la tente à attendre l'accalmie. Lorsqu'enfin elle se produit, nous bondissons, rangeons les affaires, plions mouillé la toile en parant au plus pressé, et partons sous un ciel à présent dégagé. Nous aurons 1 heure de répits avant que la pluie ne reprenne. L'eau cours sur les chemins. Nous faisons au plus direct, abandonnant les derniers tronçons de sentiers gorgés d'eau pour quelques kilomètres d'asphalte plus praticable. En arrivant au panneau " Bollença ", j'ai une pensée pour mes camarades de randonnée avec lesquelles j'aurai bien aimé également franchir cette ligne d'arrivée. C'est complètement trempés mais satisfaits que nous en terminons ainsi avec la traversée de la Serra Tramuntana. Nous trouvons  refuge dans un petit café qui nous servira salades, sandwiches et cafés chaud ! Le soleil en profite pour faire son apparition. Ses rayons timides sont d'un grand réconfort et nous permettra de sécher lorsque nous attendrons le bus un peu plus tard. En 1 heure nous sommes rendus à Palma. Je pars à la rencontre de Victor chez qui j'ai laissé un sac avant mon départ pour Port d'Antratx, puis retourne en ville chez Jorque retrouver Diana.
Après une soirée arrosé en ville avec des amis de Jorque, je me lèverai tôt le lendemain, sans bruit, pour filer à l'aéroport prendre mon avion pour la France.
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Photos de la randonnée

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Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust