Italie (Toscane)

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Sommaire

Pise et Cesare
Florence...rencontre avec Luisa
Randonnée au dessus de Pistoia
Les villages du sud Toscan
Sienne
Départ

Pise et Cesare


Lundi 22 :
  Avec trente minutes de retard nous quittons l'aéroport de Beauvais. Rapidement nous prenons de la hauteur dans une brume épaisse, avant de survoler bientôt la banquise. Des amas chaotiques de glace s'étendent à perte de vue dans le désert blanc. Le soleil se reflète sur la glace déchiquetée, faisant dégouliner des monticules géants. J'aperçois Paul Emile Victor dans l'imaginaire palais de glace…Revenons à bord…Une mer de nuages aux reliefs escarpés fascine ma vision. Un vase océan de ouate  m'enveloppe de douceur. Une lente transition transforme les nuages en des sommets enneigés. Nous traversons la chaîne des Alpes dont la couche blanche supérieure qui recouvre les sommets diminue au fur et à mesure  que s'abaissent les montagnes. Cette barrière marque le passage en Italie, où bientôt la mer Ligurienne ramène l'altimètre à zéro. Le soleil rasant donne une teinte rouge aux nuages, au dessus de l'eau. Les couleurs et les formes sont splendides et je les scrute longuement à travers le hublot. Je discute avec Christophe, un intermittent du spectacle dans le théâtre, que j'ai rencontré au départ de Paris dans l'après midi.
  A l'aéroport je prends un train pour la gare centrale de Pise, à cinq minutes seulement. Je tente vainement de prévenir Cesare que j'aurai un peu de retard. L'activation internationale de mon téléphone n'a pas été effectuée et mes messages et appels sont bloqués. Arrivé à Pise, je constate dans un premier temps que personne ne m'attend sur le quai. Je me dirige vers le hall d'entrée, balayant des yeux chaque recoin, jusqu'à apercevoir une étiquette à mon nom à l'extérieur du bâtiment. Cesare, un jeune italien, est accompagné de deux étudiantes parisiennes qu'il héberge depuis quelques jours. La communauté CS se retrouve ! Principe du système : prêter son canapé pour une nuit ou davantage. La réalité du système est bien élaborée: échange et partage en sont les maîtres mots. Nous rejoignons l'appartement dans les rues désormais sombres de la ville. Le premier repas est composé de plats divers et variés, mais les incontournables " pastas " s'incèrent dans le menu… " pasta de la
mama " pour être complet. La soirée débute devant un étalage de séries et émissions télévisées que je relègue personnellement à un arrière plan dépourvu d'intérêt ; le genre d'émissions débiles avec potiches humaines de service pour faire grimper l'audimat. Je commence à m'impatienter et trouver la soirée qui s'éternise. J'envie Newton, le chien de Cesare, allongé sur le canapé, mon futur lit ! 1 heure du matin…les douches se succèdent, les tisanes sont bues, chacun regagne sa couche. En tête à tête avec Cesare, je peux enfin le questionner un peu sur son petit monde avant de m'étendre sur mon lit.

Mer 23 :
    Je suis le premier levé, mais Cesare ne tarde pas à me rejoindre. Nous prenons un café tandis que je le l'interroge sur l'intérêt de la ville et qu'il me conseille quelques endroits. Au dessus de la pièce cuisine salon où j'ai dormi, un étage comporte deux chambres et la salle de bain. L'appartement donne sur une grande terrasse commune avec d'autres appartements. Elle-même accède à un jardin par deux escaliers jumeaux. De gros citrons jaunes parent un mur de pierres dont une partie de la façade est recouverte par les lianes de l'orchidée. Divers arbres, un petit bassin d'eau agrémentent l'espace vert, si bien qu'on pourrait se croire en dehors de la ville, alors que l'on est en plein cœur. Une grande cage renferme quelques oiseaux dont un couple d'inséparables, qui appartiennent à Cesare et qu'il nourrit chaque matin. Un peu de vent agite les branchages, mais le soleil est au rendez-vous. Le cadre est vraiment très plaisant, et c'est appréciable de se retrouver dans cette atmosphère chaleureuse alors quelques heures auparavant je ne connaissais même pas la ville. Cesare est serviable et fort sympathique, et je trouve facilement chez lui des marques d'attachement.
  Je quitte l'appartement alors que les filles sont levées depuis peu, et part convoiter les lieux secrets de Pise. Je déambule de place en place, de ruelle en ruelle, longeant ou coupant parfois l'Arno. Je rejoints le " champs des miracles ", ceint de murailles médiévales, et composés de cinq monuments à l'architecture semblable. Le point d'intérêt en est bien évidemment la célèbre tour penchée. Erigée entre le douzième et le quatorzième siècle, ses fondations ont été posées sur un sol au dessus de deux nappes phréatiques trop proches, ce qui a provoqué, par infiltration d'eau, un affaissement du terrain. Depuis le moyen âge, le sommet s'est écarté de 5m40 par rapport à sa position verticale. Son inclinaison est remarquable et relativement impressionnante. Si c'est pour cet aspect que la tour est mondialement célèbre, elle requiert d'un point de vue scientifique, un attrait historique intéressant. C'est en effet de son sommet que Galilée, natif de la ville, a effectué des expériences sur les corps pesant, qui lui permirent d'établir les lois sur la chute des corps.
Allongé sur la pelouse impeccable, homogènement verte, je contemple la tour penchée sur un fond bleu limpide. J'ai beau chercher, je n'aperçois pas Galilée s'essayer à quelques nouvelles études, ni même Newton dont l'histoire raconte qu'alors qu'il était en visite sur le site, il reçu une pomme lâchée par Galilée du sommet de la tour…
Je poursuis mes déambulations dans les rues de la ville. A 17 heures, j'ai rendez-vous avec Cesare. Les filles ne sont pas encore parties ; ils terminent seulement de manger ! Moment de ressource, assis sur la terrasse, dans la douceur de l'après-midi. Quelques discussions furtives, quelques gorgées de bière, puis le temps de saluer mes compagnons d'un jour, et je reprends déjà mon sac à dos, direction la gare…destination Florence

Photos de Pise

Photos Pise
  
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Florence...rencontre avec Luisa

  

Il me faudra quelques minutes pour retrouver Luisa. De suite, je sens que nous allons bien nous entendre, ce qui me donne beaucoup d'élan et de confiance pour la suite. Nous gagnons son appartement. Si l'ancien empereur romain était hier le nom de mon hôte, c'est aujourd'hui celui du chat de Luisa ! Je me sens déjà bien dans ma nouvelle pension. Luisa me remet les clés, ainsi que plusieurs guides de la ville et de la région. Pendant qu'elle part à son cours de gym, je feuillette des livres furtivement, puis me mets en cuisine préparer un petit plat pour le dîner, en quête d'une recette adaptée de " pastas ". Je mets la barre haute ! Luisa rentre. Je ne tarde pas à faire la connaissance de Anna, son amie colocataire avec laquelle elle vit depuis de nombreuses années. Toutes les deux parlent Français, et je suis emballé à l'idée de passer de longs moments de discussion en leur compagnie. Nous passons une soirée très agréable, abordant divers sujets dans un mélange linguistique parfois drôle. Quelle chance et quel bonheur de me retrouver en plein cœur de Florence, à échanger avec Luisa et Anna. Mon séjour florentin est déjà une réussite.   

Jeu 24 :
  Luisa et Anna travaillent ce matin, pourtant je suis le premier debout. J'avale un café, avant de quitter silencieusement l'appartement encore endormi. La raison de ce départ matinal est la fréquentation importante des musées d'art. La galerie Uffizi est un des plus réputés de Florence, connu également pour être un des plus anciens et des plus beaux musés du monde. A la hauteur de sa réputation se forme une file d'attente démesurée. Vingt cinq minutes avant l'ouverture des portes, une quarantaine de personnes me précèdent déjà. Visiter le Uffizi…ça se mérite !! A l'intérieur, je ne ressens pas la foule, et le parcours des salles est même reposant devant le défilé des peintures renaissantes. Quelques toiles demandent une attention particulière pour en extraire et comprendre leur grandeur. Ce sera le cas de " la naissance de la Vénus " de Boticelli, de " l'annonciation " de Léonard de Vinci ou encore " La sainte famille " de Michel Ange.
Cette période a vu une succession de maîtres dont Florence est le berceau dans lequel je me trouve. C'est fascinant de se pencher sur le détail qui révèle la puissance de la toile. En sortant du musée, je pars à la rencontre de la ville et de ses trésors artistiques. La piazza della segnoria est le cœur de l'histoire de la ville ; ses nombreuses sculptures en font un véritable musée à ciel ouvert. Je poursuis ma promenade par une succession de palais dont une demeure bourgeoise du quatorzième siècle que je visite.
La faim commençant à se faire entendre, je file m'enivrer d'odeurs alléchantes au marché couvert San Lorenzo. Je déguste avant d'acheter charcuteries et fromage régionaux, dont je me régale. Ressourcé, c'est vers le Duomo, la cathédrale  Santa Maria Del Fiore, que je poursuis ma visite. L'édifice est surprenant autant qu'impressionnant. J'ai souvent vu des cathédrales mais celle-ci a de particulier sa coloration qui la différencie davantage encore dans sa splendeur. L'intérieur, en revanche, est d'une banale simplicité.
  Non sans avoir effectué quelques courses, je rentre à l'appartement ou Cesare est tout content de me retrouver pour compagnon. Je prends le temps d'avoir le temps. Je n'ai pas envie d'enchaîner sans souffler les visites ininterrompues.  Accoudé au muret de la terrasse, un verre de bière à la main, je laisse mon esprit s'aérer au doux souffle de la brise, sous le ciel sans tâche qui éclaire les toitures. Le tic tac de la pendule, les miaulements répétés de Cesare, le vent dans les branchages, le ronronnement de la chaudière bercent mes pensées apaisées.
  Dans le quartier proche de Santa Maria de Novella, je pousse la porte de l'Officine Parfuma Farmaceutica. C'est une des plus anciennes pharmacies du monde, fondée au treizième siècle par les pères dominicains. Dès que l'on franchit le seuil d'entrée, on est accueilli par les enivrantes odeurs de plantes et essences naturelles, adoucis par une relaxante musique de fond. L'intérieur est splendide. On y fabrique toujours des essences, des savons, des pommades avec la manière originelle, à base de plantes. Le catalogue des préparations anciennes est impressionnant, et les étalages de pots pharmaceutiques sur les étagères anciennes font voyager dans le temps.
  Je croise  Luisa et discute un moment avec avant qu'elle ne reparte pour une nouvelle séance de gym. Je retrouve mon havre de paix et de plénitude, sur la terrasse. Je me sens profondément apaisé car je sais que ce soir, je ne serai pas seul. La cuisine est une occasion d'échange avec Anna. Nous discutons beaucoup, et comparons les moeurs de nos pays respectifs. Je réfléchis encore avec Luisa à l'itinéraire que j'emprunterai la semaine prochaine, avant d'aller me coucher. ..Cesare est déjà installé. 

Ven25 :
  Cette nuit ne fut pas écourtée par d'insistants moustiques en attente de sang frai. Ce jour est date de l'indépendance en Italie, et donc jour férié. Anna doit rentrer à Pise chez ses parents. Nous prenons un long petit déjeuner sur la terrasse avec Luisa, et bavardons longuement. Il fait très beau, et la journée s'annonce radieuse. Après réflexion et hésitation, nous passerons finalement cette journée à Florence. Il y a tant à faire et à voir, que je tiens à y passer encore du temps, surtout en compagnie de mon impeccable guide local ! Après avoir pris tranquillement notre temps, nous sortons pour aller visiter un petit musée dédié au génie de Léonard de Vinci. De nombreuses machines, tant d'un point de vue militaire, que d'application pratique ou encore de machines volantes ont été réalisées d'après les plans et écrits de l'inventeur. Certaines applications ne sont pour certaines rien d'autre que les ancêtres de la bicyclette, du palans, ou encore de l'hélicoptère. Ces innovations ont inspiré nombreuses avancées technologiques. Un film relate l'histoire de sa période prospère, et nous nous attardons également sur certains de ses tableaux ou croquis du corps humain, illustrés dans un grand recueil. Nous passons en revue une à une les différentes machines afin d'en cerner leur fonctionnement. Cette virée dans l'univers du savant est autant pédagogique que ludique. Au bout de cette visite, nous filons vers Santa Crocce. Durant une semaine se tient un marché avec restauration rapide et tables de dégustation. Luisa me fait goûter des spécialités siciliennes et toscanes. Nous profitons de la chaleur, attablés à l'ombre d'un grand parasol, enviant une petite sieste digestive. Nous repartons, avant que la flême ne s'empare de nous, en rejoignant le plus vieux pont de Florence : le Ponte Vecchio. Nous traversons l'Arno pour entamer une petite grimpée jusqu'à Forte di Belvedere situé en surplomb de la ville que la vue embrasse. De ce lieu, on peut se rendre compte de la situation géologique de Florence, entourée de collines. Les grands monuments sont facilement identifiables et le panorama est splendide. Nous musardons d'un endroit à l'autre, observons d'en dessus le Giardino de Boboli, nous arrêtons profiter de la vue, et du calme, à l'ombre d'un arbre bienvenu. Il est temps de redescendre jusqu'à l'Arno, faisons encore plusieurs pauses photos ou ravitaillement en boisson, mais nous ne nous rafraîchirons pas d'une bonne glace, rebutés par la file d'attente. En revanche nous terminons notre boucle en achetant des fraises à déguster délicieusement sur la terrasse de l'appartement.
  A 20h30 nous retrouvons Noémie, une Chino américaine avec laquelle Luisa a rendez-vous devant l'église Santa Maria de Novella. Nous retrouvons plusieurs de ses amis dans une pizzeria, et passons une agréable soirée dans une ambiance multiethnique ! A bien y réfléchir, il est étonnant de me retrouver ici, au milieu d'inconnus que je ne connaissais pas quelques heures auparavant seulement, et de me sentir en pays de connaissance à ce point. Je suis entouré d'une américaine, d'une luxembourgeoise, d'italiens, et je me sens à mon aise la plus totale. Luisa n'est pas étrangère à cela ; sa compagnie me met en confiance. Nous terminons la soirée en allant boire un verre dans un bar ou la musique latino fait danser les quelques irréductibles…   

Photos de Florence

Photos Florence
  
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Randonnée au dessus de Pistoia


Sam26 :
  Le réveil est plus difficile pour tout le monde ce matin. Je suis réveillé par le réveil de Luisa, dont la chambre est à l'autre bout de l'appartement. Je l'entends sonner continûment pendant de longues minutes, auquel s'ajoute bientôt une seconde sonnerie…d'un autre réveil…de Luisa ! Joli concert matinal ! Déjeuner, ravitaillement à l'épicerie, préparation des sacs…Nous avons rendez-vous à 10h30 mais sommes en retard ; l'heure n'a que peu d'importance. Alessandro, Julia et les autres nous attendent à un café du coin, où l'on prépare, dit-on, les meilleurs cappuccinos de Florence. Halte en conséquence obligatoire…Enfin prêts à quitter la ville, nous remplissons deux voitures pour emprunter l'autoroute vers le nord. Nous passons bientôt Pistoia, à une heure environ. De là, les malades en voiture n'ont qu'à s'abstenir. Le relief s'escarpe et les montagnes, assimilables aux Vosges, proposent des routes en lacets parfois étroites. Un col grimpe par une petite route, avant de redescendre légèrement. Nous reprenons de la hauteur, enchaînant des virages serrés qui commencent à faire balancer les estomacs. Nous garons enfin la voiture. Avec l'altitude même relative, le vent est beaucoup plus froid et je suis plus que satisfait d'avoir pris ma polaire, alors que j'avais envisagé la laisser, pensant
que la température serait plus élevée. Nous empruntons un large chemin dans la forêt dégarnie. Le sentier s'élève tranquillement sur un tapis de feuilles mortes par moments très spongieux. Il faut un peu plus d'une heure pour atteindre le refuge " Fonte del montanardo ", à 1567 mètres d'altitude. Depuis la terrasse, la vue embrasse la vallée et la plaine lointaine. Je confirme ma première impression de me retrouver dans le Bas Rhin, où depuis les crêtes on surplombait la plaine d'Alsace. Le cadre est agréable et la température au soleil douce. Nous sortons charcuteries, fromages et pains toscans des sacs. C'est pour ma part véritablement affamé que je m'installe autour de la grosse table en bois. Nous partageons un bon moment de convivialité dans un décor bucolique. Malgré un léger vent et quelques nuages qui masquent     
par alternance le soleil, la température demeure agréable. Je suis ravi de me trouver ici avec Luisa et ses amis. Je suis charmé par leur accueil et me trouve bien en leur compagnie. Je ne ressens aucune réticence ou sentiment de non appartenance, et au contraire j'ai l'impression de déjà faire partie des leurs. Passage obligé ou nécessité digestive, toujours est-il qu'une fois les victuailles absorbées, chacun s'allonge sur un banc, ou sur le sol pour une sieste réparatrice. Eveillé par un groupe d'Italiens peu discrets, j'avance un peu plus loin sur le sentier, où je me pose quelques instants sur un matelas d'herbes séchées assimilable à de la paille. Enveloppé par la chaleur du soleil, sur une bordure légèrement inclinée, je pourrais continuer de me prélasser ainsi longuement. Je dois retrouver le groupe qui émerge lentement. Nous prenons bientôt la direction du retour vers le parking. Nous y faisons un petit arrêt pour avaler un café, ou une bière en ce qui me concerne, avant de reprendre la route de Florence.
  Durant la soirée nous retrouvons Alessandro et la petit bande pour une dernier verre. Nous sommes en quête d'un café avec de la musique et une piste de danse, mais les endroits se font rares ou bien sont emplis. Sur l'autre rive de l'Arno, nous nous rabattons sur la terrasse d'un bar branché du quartier. Le retour se fait dans de grands éclats de rire tandis que j'apprends à Luisa quelques mots de patois gascon ! 
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Les villages du sud Toscan


Dim 27 :
  Réveil tardif ce matin ! Il faut dire que nous nous sommes encore couchés un peu tard…A midi Alessandro nous rejoint et nous partons en direction de Montalcino, dans le sud de la Toscane. En route, Héléna et Luigi nous retrouvent. Montalcino est une petite ville haut perchée. C'est le festival de la primevère, ce qui nous amène à nous attabler autour de viandes grillées, pâtes et fromages, sans oublier un indispensable petit rouge du terroir. Nous sommes dans le Chianti, et le vin, bien que cher ici, est excellent. A l'intérieur des fortifications où nous sommes installés, l'atmosphère est des plus conviviale et sympathique. Pour compléter la panoplie, Luigi ajoute une nouvelle bouteille, rendant ce début d'après-midi dans la douceur toscane encore plus serein. Depuis les larges murs de pierres, la vue embrasse la campagne de prairies verdoyantes. Entre pittoresque et romanesque, le site se dévoile au rythme lent de notre digestion. Nous roulons ensuite vers San Quirico d'Orcia. C'est un ancien village, paré des vestiges de remparts. Nous musardons dans les ruelles anciennes, traversons un agréable jardin aux reflets vifs d'un soleil généreux. Une église romane retient mon attention. Il fait toujours bon, et nous égrenons les minutes lentement. La troisième étape nous emmène à Pienza. C'est pour moi le plus beau des trois villages visités. Entre cité médiévale et renaissante, Pienza dégage un charme fou. Peut être pour cette raison y tourna-t-on des scènes de Roméo et Juliette. Des boutiques de Pecorino, émanent de fortes odeurs enivrantes du fromage ; spécialité authentique. Les papilles sont en pleine activité…Mignon, propre, adorable ; autant d'adjectifs pour décrire ce petit endroit magnifique. Les pauses sont fréquentes. Depuis les remparts, la vue aérienne sur la campagne est spectaculaire. Le panorama s'étend sur 180 degrés de vallons enlacés et de verdure à perte de vue. Accoudé sur le muret de pierres le site apparaît comme magique, et mon esprit s'évade vers des contrés aussi lointaines que l'horizon. Je deviens empereur de la Dolce Vita. Luigi en profite pour me couronner de
laurier…Avé Cesare ! Le site est splendide, et idéal pour déguster un vin blanc pétillant, accompagné pour l' aperitivo " d'encas aussi divers que délicieux. Je suis un peu ivre de bucolisme; un souffle de plénitude tournoie dans mon esprit  comme les routes sinueuses sillonnent le paysage.
  En fin d'après-midi, tandis qu'Helena et Luigi remontent vers Florence, faisant un détour par Sienne, nous prenons la décision de rouler vers l'ouest, en direction de l'océan. Je prend le volant et lance la Toyota Yarris sur les routes contrariées de la région. Il fait maintenant nuit, et lorsque surgit l'abbaye de San Galgamo, c'est toute sa splendeur qui diffuse la lumière des éclairages nocturnes, dans l'obscurité scintillante. Un joyau sorti de son écrin brille de mille feux. Dans la soirée refroidi, nous parcourons les allées du monstre de pierre. Le moment est venu de retourner sur Florence. C'est tardivement que nous rejoignons l'appartement, tandis que la ville s'est endormie.

Lundi 28 :
  Après un week end de trois jours, c'est la reprise du travail pour les filles…pas pour moi…Louisa et Anna commencent la journée aussi fatiguées que moi. Je quitte l'appartement en dernier. Louisa m'a confiée sa voiture ; aussi je pars aujourd'hui pour la province de Sienne, et le Val d'Elsa. Ma première étape me mène à Colle di val d'Elsa. C'est un joli village de dimension moyenne dessiné sur deux niveaux. La partie neuve est située en bas tandis que le bourg médiéval est planté en hauteur. Les deux " étages " sont reliés par un ascenseur. Il est agréable de se laisser porter au gré de l'inspiration dans les ruelles étroites. Si le site est réputé pour son cristal, le prétexte de mon passage est l'appartement que possède Louisa. Les clefs en poche, ma curiosité me conduit inévitablement jusqu'à la porte d'entrée. Il s'agit de l'ancien appartement de sa grand-mère. Je découvre un grand appartement chaleureusement emménagé avec du mobilier rustique. L'espace est découpé en deux pièces équivalentes. La première par laquelle on accède en entrant est le salon séjour dans lequel se trouve en particulier un piano qui suscite invertueusement mon intérêt. De la documentation sur la ville, ainsi que des livres sont déposés sur la table comme source d'information. Quelques affaires personnelles sont encore présentes. Dans la seconde pièce, une belle cuisine équipée m'invite à préparer des plats succulents. Je ne m'en servira pas…Je prends de nombreuses photos de l'intérieur, figeant quelques images symboliques.
  Je reprend la route et parcours la campagne Toscane pour pousser davantage vers l'ouest. La route est sinueuse, incroyablement tortueuse. Je prends de l'altitude, malgré les montées et descentes successives. Le paysage est bucolique à souhait, sublime ! Les couleurs sont celles d'une peinture chatoyante aux tonalités vertes accentuées des prairies. Le relief est tourmenté, ondulé mais les lignes dessinées sans rupture. Je m'élève enfin jusqu'à voltera. Perché sur une falaise, le village dévoile des panoramas à couper le souffle, de la campagne toujours étendue. A perte de vue, dans la lumière de mi journée, les collines se teintent de bleu. Je suis dans une des plus renommées fédération étrusques ; aussi j'en visite le musée réputé. Les urnes mortuaires remplissent des dizaines de vitrines. Le musée est très bien agencé, et la visite agréable à suivre. Je suis fasciné par les vases de terre de couleur noire et marron, aux motifs variés. La pinacothèque propose un peu plus loin, des tableaux de grands peintres médiévaux. Très intéressant, je découvre des œuvres splendides.
  Mon humeur devient beaucoup moins sereine lorsque je réalise que je ne sais plus où j'ai stationné la voiture. Il y a 7 parkings qui entourent la forteresse…et je n'ai absolument plus aucune idée de celui où je me suis garé. Je les fais pratiquement un par un, tournant en rond pendant près d'une heure lorsque je reconnais enfin le lieu convoité.
  Je m'enivre encore des paysages époustouflants, ne me lassant pas de ces routes chaotiques, pour aller en direction de San Gimignano. Je suis un peu fatigué et j'ai tellement entendu ce nom résonner que je m'attends à être déçu. Malgré la foule qui sillonne les rues, je découvre un décor totalement magique. Je ne crois jamais avoir vu quelque chose de comparable. Le duomo et la place adjacente sont remarquables. L'architecture, la pierre, les sculptures sont fascinantes. Je craignais d'être blasé, et je suis totalement conquis par ce petit village coiffé de 14 tours médiévales de défense. Les ruelles qui découpent le centre débouchent sur un porche, une arche sublime ou un escalier imprévu. Cette étape incontournable est à la hauteur de la réputation qu'elle s'est faite.
  Dans mon programme initial, je devais dormir à l'appartement de Luisa, à Colle Val d'Elsa, mais j'ai en réalité décidé depuis bien longtemps de rentrer ce soir à Florence. Dans quelques jours je serai de nouveau seul dans mon propre appartement, alors aujourd'hui encore j'ai envie de profiter d'une présence, partager un peu ma journée et ce qui l'a rythmée. En arrivant en Italie, j'ai eu la chance de rencontrer des gens qui auront su  rendre mon séjour des plus appréciable. J'ai envie de profiter au maximum de cette chance.  Jusqu'à 1h30, Louisa et moi discutons, regardons des photos…

Photos des villages Toscans

Photos villages Toscans

 
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Sienne

Mar 29 :
  Le temps a changé et c'est sous la pluie que nous prenons notre petit déjeuner. J'aime ces petits moments privilégiés avec Luisa, qui a toujours un mot pour me faire rire ou sourire. Il y a de la vie dans cet appartement, et cela rayonne. Rien de mieux pour amorcer mon ultime journée. Je reprends la voiture pour redescendre dans le sud de la Toscane, et aller à la rencontre de Sienne, ville immanquable. Après quelques difficultés pour trouver une place de stationnement, je gagne enfin le centre de la vieille ville par une longue rue incurvée. Je suis happé par l'atmosphère médiévale du cœur. Il y a beaucoup de touristes et l'idéal serait très certainement d'apprécier les dessins du centre à la tombée de la nuit, lorsque la foule s'est endormie. Cependant j'imagine volontiers les rues, piétinées par les sabots ferrés des montures de chevaliers armés partant au combat, étendards dressés. La piezza del campo est une pure merveille. Sa forme en coquillage est unique et je prends la réelle mesure de sa splendeur, placé en son centre. Les superbes bâtiments témoignent d'une vie passée active. C'est le véritable cœur historique de la ville. Aujourd'hui encore, tous les ans, se déroule sur cette place le palio. Cette tradition moyenâgeuse unique dans sa représentation et son ampleur, représente un rituel formidable. Il s'agit d'une course de chevaux qui se déroule autour de la place sur
laquelle ont été déversées des tonnes de terre. La course dure à peine deux minutes, mais la préparation et le cérémonial qui l'accompagne tiennent toute la ville en ferveur. La ville est divisée en contrades rivales qui donnent lieux à toute sorte d'agissement plus ou moins loyaux. Le palio est une empreinte historique fascinante qu'a su conserver Sienne, et de cet engouement se conserve un esprit et une atmosphère d'autrefois.
  Je quitte le moyen age, et retourne vers le nord en empruntant une route qui slalome à travers le Chianti. La pluie revient, les collines sont tapissées de brume, la route n'en finit plus de tourner, véritable tôle d'asphalte ondulé. Les vignes et les oliveraies accompagne ma remontée. J'écoute Eros Ramazoti à la radio, et je pense à la semaine que je viens de partager en terre toscane, à cette même semaine qui s'achève bientôt, tandis que les panneaux indiquent déjà Firenze tout proche. Je retrouve Luisa, et nous parlons de cette sensation étrange que la semaine passée nous a bien (ou mal ?) habitués à la présence l'un de l'autre. Nous avons partagé beaucoup de choses pendant ces quelques jours, et cela a commencé à tisser des liens forts. Comme chaque soir, nous mangeons assez tard, puis passons la soirée à bavarder tout les trois. Anna nous fait une répétition de la présentation qu'elle devra faire demain pour le travail. Comme chaque soir également depuis quelques jours, nous nous couchons tard, vers deux heures. Je ne sais pas comment Luisa arrive à tenir le rythme! J'installe mon drap et ma couverture pour la dernière fois, un peu nostalgique par anticipation de ces gestes devenus coutumiers. Il y a huit jours nous ne nous connaissions pas, et aujourd'hui nous avons de la peine à devoir nous quitter, sans savoir si un jour nous nous reverrons. C'est magique et terrifiant à la fois. Mais entre magie et terreur, il se produit parfois des événements inattendus. Celui qui eut lieu en est un…que je ne décrirai pas. Une seule certitude est née. Luisa…je te reverrai bientôt…

Photos de Sienne

Photos Sienne
  
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Départ


Mer 30 : Je profite de mes dernières heures pour me promener et ressentir l'ambiance de Florence que je commence à appréhender. Je vis dans le quartier depuis une semaine, et j'ai acquis certains automatismes. Je retourne voir quelques œuvres sur la piazza della segnoria, et effectue quelques achats. En fin de matinée, je finis de boucler mon sac, puis fais un tour des différentes pièces vérifier si je n'ai rien laisser traîner, ou plus certainement pour imprimer une dernière image des lieux sur ma rétine. Je salut Cesare qui me regarde l'air abandonné, puis claque la porte d'entrée, avec un triste ressenti de laisser derrière moi un petit univers dans lequel j'aurais eu envie de m'immerger davantage encore…
  Je retrouve Luisa à la gare, prenons un verre, échangeons encore un peu, avant de grimper dans le train qui doit me ramener vers la France…Ciao ciao Italia. Ciao ciao Luisa
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Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeuxMarcel Proust